Edouard Balladur, homme malheureusement trop souvent oublié et qui n’a pas dit que des choses insensées, avait publiquement constaté avec une grande éloquence qui n’était pas sans rappeler celle de feu Général de Gaulle : « Dans le métro il fait chaud… ». Paul-Henri est toujours dans la ville, sous la ville exactement. Paul-Henri aujourd’hui teste le métro, et il est stupéfait tant cela est vrai que dans le métro il fait chaud. Assis en face de lui, un petit garçon. Il est avec sa mère, il trépigne, il râle depuis le début de la ligne, ce n’est pas la chaleur, non, il veut faire un tour de manège, il veut des Nike, il veut une barbe à Papa, il crie, toute la rame le supporte, la mère lui répond « si t’es sage ». Mais le petit tyran est un petit tyran, il ne sera jamais content, sauf le jour où il aura enfin soumis ses parents, il veut probablement que ceux-ci lui baise ses pieds, lorsqu’il aura obtenu cela il essayera de soumettre le reste du monde à ses caprices. Paul-Henri espère qu’alors le monde viendra lui mettre de grandes paires de gifles dans la gueule, apparemment ce n’est pas sa mère qui le calmera.
Le gosse n’a toujours pas ce qu’il veut. La mère dit « oui je te ferai un cadeau », mais le monstre veut savoir lequel, il le veut même s’il ne le mérite pas, même s’il n’est pas sage. Il se met à pleurer, lance des coups de pieds devant lui, et devant lui c’est les tibias de Paul-Henri. Comme c’est touchant un enfant qui pleure ! La mère lui fait un bisou : « Ne pleure pas mon poussin, je vais t’offrir ta toupie… Et samedi on ira acheter des Nike d’accord ? ». Non, il n’est pas d’accord. On est mercredi, or de question pour lui d’attendre jusqu’à samedi. L’enfant a peut-être entendu un de ces cons qui crie « Carpe Diem » sans arrêt comme des gorets auquel on aurait ôté le cerveau. L’enfant vit dans l’instant présent, or de question pour lui d’accepter la contrainte, quelque part c’est déjà un adolescent révolté, quand il aura des Nike il voudra un scooter, puis après une BM, parce que les Renault ça fait trop prolo pour lui… Paul-Henri bouillonne sur la banquette en moleskine de la RATP. Il ne fait pas de foot, donc il n’a pas de protège tibia, et le gosse continue de lui envoyer des coups de pied, il n’a toujours pas réussi à faire baiser ses pieds par sa mère.
_ Tu veux bien arrêter de me donner des coups de pieds ? finit par lui demander gentiment Paul-Henri.
Le gamin s’arrête un instant. Puis dès que Paul-Henri regarde autre part, il recommence. Il n’ennuie plus sa mère à présent, il ne réclame rien, il est trop occupé à donner des coups de pieds à Paul-Henri. Paul-Henri boue bien que ce ne soit pas dans ses habitudes. Mais comme l’a dit ce monstre politique d’Edouard Balladur « dans le métro il fait chaud » et Paul-Henri commence à avoir plus que chaud.
_ Il faut que je fasse quoi pour que tu arrêtes ? s’énerve Paul-Henri.
La mère s’énerve : « Mais euh comment osez-vous, il joue sagement… Il ne dérange personne mon fils gna gna gni gna gna gna !!!!!!!! Je hurle au scandale dans la rame, mais regardez moi cet individu, mais c’est un monde !!! Où est-on ?!!! Hein Où est-on ? ». Le gamin est tout content et, après quelques instants, reprend de plus belle.
_ Qu’est-ce que tu veux que je te donne pour arrêter ? demande Paul-Henri sur un ton doucereux.
Le gamin réfléchit.
_ Je veux un jeu de Play-Station 2 !
La mère sourit, oh comme il est mignon le monstre qui est sorti de son ventre, et rigolo avec ça, et puis quelle répartie, tout le portrait de sa maman et son papa…
_ Alors c’est simple, dit Paul-Henri, soit tu arrêtes soit je te mets la bonne paire de claque que tu mérites….
Il se tourne vers la mère et lui dit ensuite à peu près ceci : « Ecoutez Madame, apparemment vous en avez envie, il vous empêche de vivre vous aussi, vous savez qu’il mérite une bonne trempe, mais vous ne savez vous y résoudre de peur qu’il vous haïsse à jamais… Madame vous vivez dans une société… Et dans ma vision de la société la solidarité est essentielle, n’hésitez pas à demander de l’aide… Non Madame, vous n’êtes plus seule… » Le reste des passagers de la rame acquiesce. Paul-Henri continue : « Alors Madame, je suis près à vous rendre service, j’en ai même très envi, permettez moi de donner à votre fils la claque qu’il mérite, il me détestera, mais vous il vous aimera toujours autant… ». La mère interrompt Paul-Henri pour le remercier par avance. Alors que le métro s’immobilise à une station, Paul-Henri donne au monstre la correction qu’il a tant attendue pour comprendre qu’il existe des limites à toutes choses. Le wagon applaudi, l’enfant remercie Paul-Henri de l’avoir délivré du diable qui était en lui. Alors Paul-Henri sort du métro du wagon. Il court vers de nouvelles aventures, et il a bien raison.
Amédé Potiron-Danzasoupe
Où Paul-Henri mange trop de chocolat
Où Paul-Henri est dans un métro où il fait chaud
Où Paul-Henri veut s’inscrire à l’université et est bien étonné
Là où Paul-Henri va avec des « amis » en boîte de nuit
Où Paul-Henri participe à une grève de la faim
Lorsque Paul-Henri découvre le sexe à la mode d’aujourd’hui
Là où Paul-Henri a des envies de kill-biller son prochain
Interview d’Amédé (par F. Laurence)
à 17:33