Chaque
retour du soleil, environ vers cette saison, c'est pareil. Je
commence un peu assomé, je baigne dans une atmosphère
étrange, davantage que singulière. Il y a des ressentis
connus qui me débordent. J'ai du mal à ouvrir les yeux,
du mal à y croire, je marche à côté de mes
pompes. Puis passé ces premiers soleils, passés quelques
jours de cette couleur, la vie se réinstalle, je reprends mes
quartiers, mes habitudes, mon corps se détend réellement.
Je respire mieux. Je retrouve des ails. Je deviens gourmand. Gourmand
pas uniquement des jupes légères et des tenues légères
des femmes. Gourmand tout court. Observateur. Pas seulement des
corps. Des bruits, des odeurs, des arbres, des murs et des fleurs
aussi.
Il y a tant
de sujet de colère, de sujet de protestation. Il n'y a pas à
chier, nous sommes pris pour des cons. Il suffit de voir certains
candidats à l'élection. Ces hommes et ses femmes qui
davantage que nous gouverner désirent accéder à
la fonction suprême afin de nous manipuler. Ils ont déjà commencé pour se faire élire
Alors
ressentir cette montée de sève autour de moi, cette
tantation de la flânerie, ces petites poésies, c'est un
pansement incroyable. Je redeviens sentimentale. Un sentimental
parmis la foule.
Mais je
n'oublie pas pour autant, en rêvant, en savourant, qu'on a
décidé de notre mort. Je peux écrire,
m'exprimer, lire, rêver, mais je suis un variable d'ajustement.
Un citoyen pris dans les filets de la démocratie majoritaire,
de la médiacratie, de sondages résultats d'une opinion
manipulée dès son premier biberon. Bientôt l'élu
n'aura été choisi par personne, il nous aura été
imposé. Je me souviens de l'été dernier,
lorsqu'on a catapulté deux candidats en nous disant « soit
l'un soit l'autre ». Jusqu'à ce qu'on nous en
glisse deux autres. Le même avenir, la même politique à
quelques variables marketing près.
Je retourne
dans mon jardin. Nous ne sommes pas les seuls maîtres à
bord. Pourvu que le soleil tienne malgré tout.