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 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

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Où Paul-Henri participe à une grève de la faim

En vadrouillant dans la ville, le ventre vide, Paul-Henri tomba un jour sur une sorte de camping dressé sur les pelouses d’un bâtiment officiel. Entre deux arbres, un drap était tendu. Ecrit comme s’il s’était agi du sang d’un animal, il était écrit : « Grêve de la faim contre la famine en Mogambie ». Paul-Henri n’eu pas le temps de se poser davantage de questions, un groupe de jeunes personnes très fatiguées vint le voir. « Rejoins nous ! » dit un des types. « Si tu es étudiant, tu dois être solidaire » dit un autre. « Donne des thune pour le Tiers-monde, nous autres devons être solidaire avec nos frères africains » s’enthousiasma le troisième. « Je n’ai pas mangé depuis deux jours, répondit Paul-Henri, n’auriez-vous pas un peu de riz à m’offrir ?». Les étudiants révoltés lui indiquèrent qu’ils avaient bien du riz dans une des tentes, il s’agissait d’une collecte, mais tout le chargement devait partir pour l’Afrique. « Rejoins nous camarade, dit un des jeunes, ne reste pas dans l’égoïsme bourgeois, apprend à dépasser ta propre situation. Il faut raisonner à l’échelon mondial à présent… Vient, nous allons te payer une bière ». Paul-Henri qui savait que la bière était un bon moyen de couper la faim accepta l’invitation de la bande des mascottes.

Une fille qui parlait en sortant au moins onze mille mots par minute, mais assez souvent les mêmes, expliqua à Paul-Henri que le monde était en crise. « Tu comprends bien ? » lui demanda-t-elle. Et elle répéta encore cent-cinquante fois « en crise ». Elle semblait bien aimer dire ou s’entendre le dire.

_ Et qui sont les responsables je te le demande ? fit-elle à Paul-Henri.

_ Le grand capital ?

_ Exact. Mais il n’est pas tout seul à affamer le monde en instrumentant les crises. Il a des complices, tu le sais ?

_ Non, mais je sens que je vais le savoir !

Paul-Henri écouta le nom des complices en se demandant si Paco Rabane avait à voir avec ces disjonctés.

_ Nous autres occidentaux affamons le monde, c’est pour cela que nous sommes en grève de la faim !!! dit la fille en allumant une Marlboro. Nous qui sommes ici, nous refusons notre condition, nous refusons d’être des affameurs. Avec notre grève de la faim nous voulons que la population prenne conscience qu’on meurt encore de faim sur notre planète aujourd’hui !

_ Les gens ne le savent pas ? s’étonne Paul-Henri.

_ Non. Ils ne le savant pas, dit très catégoriquement l’illuminée en s’ouvrant une bouteille de 1664 que son voisin lui avait tendu.

Un des gars, déguisé en Bertrand Cantat, rudement bien coiffé pour un gréviste de la faim, même pour un gréviste tout court, distribuait des bières. Paul-Henri n’en revenait pas. Afin d’être lui aussi solidaire, il taxa une clope, et accepta bien volontiers une bière.

 

A la tombée de la nuit il en était à sa cinquième bière au moins. Ses compagnons de grève quant à eux frisaient le double pour les moins résistants. Dans le campement qu’il avait visité avec ses hôtes, c’est pas compliqué, Paul-Henri avait trouvé plus de bières que de sacs de riz collectés. Tous autour du feu, chantant des chansons contre les bourgeois, les fils et filles de ces mêmes bourgeois faisaient tourner des pétards. Un grand gars qui avait des cheveux très épais et très propres, ainsi que des vêtements de marque australienne tapait sur un jumbé en se donnant un air inspiré. Il tirait sur un joint tout en chantant du Bob Marley. Après il changea de répertoire, passa au sien, et tout le monde reprit avec lui en cœur le couplé : « Plus d’injustice sur le Terre / Le peuple d’Afrique à trop souffert / Allons tous ensemble sur les route de Babylone / Où nous irons brûlé leurs icônes / Le dieu argent a fait bien trop de mal / Il a déjà fait verser trop de larmes ». Tout le monde était rudement content, affamé, mais joyeux.

Au matin Paul-Henri trouva un campement au trois quart vide. Vers onze heures il se repeupla. Tous les castors juniors revenaient enfin de chez leurs parents où ils avaient pris un solide petit déjeuner. Ainsi qu’une bonne douche chaude.

 

A midi les scouts décidèrent d’aller prendre d’assaut un Mc Donald. Ils criaient tous, visiblement ravi de faire comme José Bové, et espérant très fort passer à la télé au journal de vingt heure. Sur le chemin ils chantaient « On est vraiment phénoménales lalalalala !!! ». Paul-Henri trouva qu’ils étaient en effet « phénoménales », et jugea qu’ils méritaient effectivement de passer au journal de Clair Chazal avant d’être internés. D’abord ils empêchèrent les employés du Mc Donald de rentrer. « Rejoignez nous !!! »  ils criaient tous. Une jeune fille qui devait y travailler fut prise à parti. Elle voulait tout de même entrer. Elle expliqua qu’elle devait travailler pour financer ses études. Un des grévistes la traita de capitaliste, puis plusieurs autres de collabo. « Les aides de l’Etat ne suffisent pas pour que j’étudie » dit-elle. « On s’en fout de ta vie » finit par répondre une des castors juniors. « Facile de faire la grève et mettre le bordel quand on a Papa et Maman derrière soit… Ne fais pas mine d’abandonner tes privilèges en faisant une grève de la faim… Si demain tes amis débarquaient chez toi pour te prendre tout ce que tu as, tu seras la première à prôner l’ordre. Tous que vous êtes vous faites de la politique sans conscience. Vous êtes des gadgets, et vous serez les premiers à retourner votre veste !!!  » répliqua l’étudiante. Paul-Henri du s’interposer entre les fous de leur « dieu » (car il s’agissait bien de cela), et la jeune fille pour qu’elle ne se fasse pas tabasser. Ne pouvant lui passer sur le corps, ou n’osant pas, ils entrèrent dans le Mc Donald et saccagèrent les cuisines. Ensuite, de retour au camp ils firent la fête toute la journée en se lançant des poignées de riz les uns sur les autres comme des enfants faisant une bataille de polochons. Paul-Henri réussit à sauver un sac et pu calmer son ventre qui criait famine.

Alors que la nuit tombait, Paul-Henri vit la jeune fille du Mc Donald qui s’était mêlée à la foule de jeunes mascottes. Personne ne la reconnu, ils étaient tous bien trop ivres et défoncés pour cela. Paul-Henri vit alors que la jeune fille tenait à sa main un bidon d’essence. Lorsque le camp prit feu tout le monde courut se réfugier chez ses parents en pleurant que ce monde était malade. De la rue, Paul-Henri qui était près de la jeune fille regardait les secours et la télévision arriver. Tout le monde allait donc être content. Si personne n’avait parlé du Mc Donald tellement cela était banal, avec le barbecue géant, là c’était sûr, tout le monde serait le soir suivant dans le journal de Clair Chazal. Paul-Henri prit la main de la jeune fille. Il l’emmène très loin. Il court vers de nouvelles aventures et il a bien raison.

 


 

"Les aventures de Paul-Henri dans la ville" (déjà paru)

 

Où Paul-Henri mange trop de chocolat

Où Paul-Henri est dans un métro où il fait chaud

Où Paul-Henri veut s’inscrire à l’université et est bien étonné

Là où Paul-Henri va avec des « amis » en boîte de nuit

 

 
Ecrit par Amédé Potiron-Danzasoupe, le Mardi 7 Octobre 2003, 21:41 dans la rubrique "Les aventures de Paul-Henri".