Le linge que j’ai étendu hier soir avec elle flotte toujours sur le fil. Sec. Imprégné d’une odeur qu’on ne trouve dans aucun adoucissant, dans aucune pastille à sucer, dans aucun truc à manger. C’est les lilas du voisin.
Lorsque j’ai loué la maison je me demandais ce que je trouverais. Un chien fou qui aboie toutes les nuits ? Des voisins désagréables avec des ados à l’heure ou tout le monde rentre chez soit bricolent leur mobylette pourrie pour y coller un pot Ninja ? Non, rien de tout cela. Des voisins charmants. Des jardins sans jolis massifs, des jardins sans chichi, ça pousse un peu dans tous les sens. Et surtout les lilas. Alors, à toutes les heures du jour ou de la nuit, en partant de chez moi ou en revenant, que j’ouvre les volet en me réveillant, ou les ferme très tard le soir, l’air sent toujours si bon. Un truc de malade, je n’en reviens toujours pas. A chaque fois que j’ouvre une fenêtre ou que j’arrive chez moi, je m’émerveille de cette odeur de lilas, et toutes ces autres odeurs qui me donnent chaque fois envie d’aimer la vie, et commencer par m’allonger dans l’herbe et dormir comme un bébé.
Je vis les fenêtres ouvertes. J’en ai presque oublié les serial-killer de la télévision qui rodent autour de chaque endroit tranquille et un peu merveilleux. Le chat me protège des papillons de nuits que la lumière attire le soir. Il les bouffe tout cru. Il m’a raconté qu’ils ont un goût de lilas. Blanc ou mauve, par contre cela il ne me l’a pas dit.
Image : une peinture de Van Gogh, les lilas de Saint Rémy je crois...
Mais je photographirai ceux du voisin promis, dès qu'il aura le dos tourné!