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 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

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Sur le sable exactement

            Vu l’état dans lequel l’autre m’avait laissé, avec son briquet dont j’avais plus rien à foutre du tout à part me mettre le feu, avec tout cela, ma gueule dont je savais plus quoi faire, mon âme égarée en chemin… mais au milieu de quel chemin ça je savais pas… Enfin vu tout cela, l’étendu de ce désastre à l’intérieur de moi et tout autour, en voyant ça j’avais dit si vous m’en donnez une sans chichi, blonde ou brune je m’en fous, même qu’un peu joli, qui aime bien parler, qui rigole joyeusement, malgré tout ce qu’il y a derrière moi, vous me croyez pas, mais… quand même je suis tout prêt à en tomber amoureux. Une telle connerie, là où vous me voyez les pieds dans la vase, au milieu de la rivière, j’en suis capable. Mais à la condition qu’elle me suive dans mon délire. Ras le bol chaque fois de tout faire tout seul, j’ai que deux bras j’avais dit et vous avez vu les bras ou quoi ? Ils sont pas gros ces bras là ! Marre, quand c’est trop lourd, il faut aussi des fois un peu me chercher pour me comprendre. M’étais-je bien fait comprendre ?

 

            Alors en pissant au milieu des dunes, là où j’étais j’en revenais pas. Mais j’avais pas mal bu, je voyais pas très très clair à cette histoire. D’ailleurs il faisait nuit, alors forcément bien sûr ça m’aidait pas. Putain je me disais, c’est fou tout ce qu’on peut mettre dans une barque… Après j’ai pas été chien, j’ai pas remis juste une petite couche de sable sur ma pisse, j’ai fait les choses bien, on sait jamais, il y en a qui sont capables de venir baiser là-dedans, ça m’aurait fait chier pour eux… Je me mettais un peu à leur place. Du coup limite j’avais fait grossir d’un mètre la dune lorsque je me suis dit que c’était bien de penser à la demoiselle avec attendrissement, mais que peut-être c’était moyen de la faire attendre une demi-heure pour des conneries.

            En sortant des dunes elle était plus là. Elle faisait pas de chichi, elle était joyeuse, elle parlait bien… J’ai fait la liste au complet. Là ça faisait beaucoup pour elle, seulement, et je pouvais la comprendre, elle aimait pas non plus attendre trois plombes. Même si j’avais été le roi des pâtés de sable, c’était compréhensible quand même. Et le roi des pâtés je l’étais pas. Il m’a semblé voir un panneau indicateur à travers la nuit sans lune. Là en plein milieu du sable. A tout hasard je me suis approché, peut-être que dessus ils auraient pensé à marquer par où elle était partie sait-on jamais. De loin je voyais rien. De près non plus d’ailleurs. J’ai songé à cet instant à retirer mes lunettes de soleil. En fait de panneau c’était plutôt genre une statut type grecque genre qui bouge quand même, un peu type déjà vu.

_ Tu fiches quoi ici ? je lui ai fait à Perceval.

_ J’attends.

_ Ah… C’est bien… Et tu attends quoi ?

_ Un signe Monsieur ! L’important dans ma situation c’est l’attente. Tout est dans le fait d’attendre.

_ Oui je vois…

            Comme j’avais plus mes lunettes je voyais forcément mieux, mais là assez moyennement, il faisait toujours nuit et j’avais pas le temps de tirer cette histoire là au clair. Surtout qu’il n’y avait toujours pas de lune.

_ Et vous, vous attendez aussi ? m’a-t-il demandé. Voulez-vous que nous attendions ensemble ?

_ Non moi je cherche…

_ Intéressant ! Très intéressant je dirais même !

_ Oui, d’autant plus que je cherche une fille…

_ Nous cherchons tous une fille Monsieur… Notre mère, notre sœur, une épouse… Mais vous avez raison de le faire précisément ce soir, il fait plutôt bon.

_ Oui je trouve aussi. Il n’y a pas de lune ce soir, mais nous avons un été plutôt chaud… Un peu humide même… Mais pas désagréable. Il fait bon. Mais reconnaissons que nous profitons ici d’un microclimat très favorable !

_ Très bel été… Sans compter le microclimat effectivement ! Vous avez bien fait de le préciser. Bel été pour chercher une fille donc…

_ Ou attendre quelque chose… Comme vous ! Ah ah !

_ Oui ou attendre ! Ah ah ! Eh eh !!!

_  Mais j’y pense, vous avez peut-être vu celle que je cherche… Elle fait aux environs de un mètre soixante-cinq mouillée car elle s’est baignée il y a une heure…  Elle…

_ Dans la mer ? Baignée dans la mer ?!

_ Oui exactement ! Comment l’avez-vous deviné ?

_ La mer est bonne en ce moment ! Cet après-midi je me suis baigné…

_ Moi aussi !

_ Et elle était très bonne.

_ Exactement !

Il s’est gratté la barbiche :

_ Mais excusez moi, dit-il, vous me parliez de cette jeune fille et il me semble vous avoir interrompu pour vous parler de mon bain de mer…

_ Ce n’est rien !

_ J’insiste…. Vous êtes venu à ma rencontre solliciter mon aide et je vous dois assistance dans la mesure du possible. Alors comment est cet être que vous recherchez ?

_ Merci de votre sollicitude ! Hum ? Ahaheuhm… Comment dire sans me répéter ? Elle a les cheveux ni blonds ni bruns… Plutôt châtains précisément… Et un peu bouclés aussi. Elle a un pantalon large genre qui fait du skate-board, sauf qu’elle a pas son skate avec elle… Elle l’aurait eu je reconnais que c’eut été plus simple d’ailleurs. Mais non. Donc châtain, un mètre soixante-cinq, une assez jolie poitrine m’a-t-il semblé…

_ En même temps il fait nuit… Et il n’y a pas de lune.

_ Plutôt châtain donc. Frisée mais pas trop. Mouillée…

_ Et est-ce qu’elle ne se promènerait pas en tenant sa culotte dans la main par hasard ?!! m’a-t-il soudainement demandé.

            J’avais bien la réponse, mais il me regardait avec de gros yeux, il ressemblait vraiment à un fou. J’ai reculé d’un pas pour ne pas me recevoir un coup de règle sur la main.

_ Oui c’est possible, dis-je, je me rappelle même lui avoir enlevée… Et quand je suis parti dans les dunes elle cherchait son soutien gorge…

_ Elle m’a dit qu’elle cherchait l’agent Mulder…

            Là j’étais sur une piste plus que sérieuse, je l’ai remercié pour cette précieuse information en lui demandant par où elle était partie.

_ Mais dois-je vous rappeler, me dit-il, que vous n’êtes pas l’agent Mulder… Ah ah ! Vous n’y aviez pas pensé à cela ! Elle ne vous cherche donc pas. Puisqu’elle cherche l’agent Mulder. Logique !!!

_ Elle m’appelle comme ça. Je sais pas pourquoi. A cause d’une histoire que je n’ai pas comprise de lampe électrique qu’elle m’a mis dans les yeux. Il me semble que c’est à cause de mes cheveux maintenant que j’y songe…

_ Vous rechercheriez donc vous aussi la vérité ?

_ Oui, enfin pas là en ce moment précisément, mais ça m’arrive. Là, je cherchais plutôt…

_ Elle est parti par là dans ce cas ! Partez vite la retrouver, je crois que vous l’avez trouvée la femme que vous cherchez. Je lui ai parlé elle m’a l’air aussi à la recherche de la vérité… On comprend pas tout ce qu’elle dit, elle semble déconnectée, à mon avis c’est peut-être la femme que vous cherchez depuis tant d’années…

_ C’est justement ce que je me disais aussi.

            Je l’ai remercié. En lui précisant que s’il attendait une bière, personne ne lui amènerait mais que par-là il pourrait en trouver en marchant un peu, que j’en venais et que c’était bien, qu’ensuite il pourrait attendre avec une bière et que ce serait bien mieux.

_ Eh merci mon ami ! m’a-t-il crié tandis que je m’éloignais dans la direction opposée à la sienne.

 

            Elle était par là-bas comme il l’avait dit, au loin j’avais enfin aperçu son ombre. En m’approchant je pu la reconnaître à la culotte qu’elle tenait toujours dans sa main. Elle m’attendait debout, elle a dit que j’avais pris mon temps, j’avançais vers elle en disant que je m’étais un peu perdu, quand d’un coup je l’ai vu partir en courant dans ma direction. On s’est cogné le front en même temps qu’elle me renversait par terre. Elle avait remis la main sur une partie de ses fringues, seulement c’était plutôt sympa de pouvoir toucher son sexe juste comme ça rien qu’en tendant la main, elle avait pas remis son pantalon non plus, elle savait plus où il était, je lui ai dit qu’on le chercherait quand ce serait le matin. Qu’on avait plein de temps devant nous. Elle aimait bien s’habiller se déshabiller, du coup on a remis ça pour un bain de minuit, elle courait comme une folle vers l’eau en me traînant par la main, j’arrivais pas complètement à la suivre, je crois que j’étais accroché au bout de son bras comme un cerf-volant, je ne touchais plus le sable avec la pointe de mes pieds. On s’est embrassé dans l’eau, moi j’avais des doigts dans son sexe, elle faisait mhmh hum hin hin et comme elle jouait aussi avec le mien j’avais pas l’air plus malin vu comme elle me tenait.

_ Tu trouves pas ça beau? Tu trouves pas ça bon d’être ensemble? elle me répétait. Hum… Tu me dis si tu aimes pas ce que je te fais… Je crois que je suis amoureuse…

_ Tu crois que c’est ça qui nous arrive ?

            Ensuite nous rigolions. On se connaissait depuis quoi… Deux bonnes heures… Moins la demi-heure à la chercher… « Disons que nous sommes amoureux, ça règlera ce problème » avions-nous décidé dans un éclair de géni. Même si nous n’étions sûr de rien, le faire, simplement, le dire, juste pour se simplifier la vie. Pour une fois. Parce qu’en y mettant chacun du sien, en décidant de s’amuser, se faire plaisir, nous avions remarqué que la vie pouvait devenir sacrément facile.

            Après on a baisé sur le sable mouillé, pour la dernière capote elle était dans son pantalon, je sais pas si vous voyez la merde que ça aurait été d’aller la chercher. Surtout qu’il fallait déjà chercher le pantalon. Dans mon cas je l’avais déjà cherchée elle juste avant. Avec la dune que j’avais fait, j’en avais un peu plein les jambes de chercher. Déjà que je l’avais retrouvée elle, fallait pas non plus que je pousse ma chance trop loin dans la même nuit. Tout cela pour expliquer qu’on n’a pas dans l’instant réfléchi plus que ça à se protéger, d’ailleurs je vous demande je me serais protégé de quoi. On y a pensé cinq secondes, comme ça, pour la bonne conscience. Après faut aussi expliquer qu’elle était sacrément jolie, il faisait certes nuit, mais quand même je le voyais bien, je la touchais quand je voulais et elle se plaignait pas, elle avait un corps très agréable, une peau tout à fait à mon goût et elle me laissait jouer avec ses seins autant que je voulais, elle me regardait, ça lui plaisait et moi aussi. Nous avions passé le cap de devoir parler, on se regardait juste, on arrivait malgré tout à bien se comprendre. Tout ce que je disais c’était « Delphine » par moment, et elle aussi de temps en temps murmurait « Mulder », c’était comme ses caresses, j’aimais bien parce qu’elle, elle était là et pas ailleurs, que si je m’étais assoupi elle m’aurait réveillé. J’aimais bien cela, qu’elle passe ses mains partout sur moi, je me sentais entre de bonnes mains.

 

            La fin de la nuit nous l’avons passée à observer le soleil qui apparaissait dans le ciel  au dessus de la mer. Nous étions allongés dans le sable, on s’était fait une sorte de traversin en sable pour mettre nos têtes. Avec un creux au milieu, du coup elles étaient justes à côté tout le temps. C’était pratique pour se frôler le visage, se caresser, s’embrasser, se surveiller des yeux. Bien sûr on avait du sable dans les cheveux, mais vu où nous en étions on était plus à quelques grains de sables près. A force d’être allés se jeter dans la mer, nous sentions le sel marin, nos peaux se collaient l’une à l’autre. J’avais passé pas mal de temps avec ma langue à nettoyer son sexe pour en retirer le sel. Elle avait pas mal rigolé au début, je faisais des observation toutes les cinq secondes, elle même elle avait jamais trop dû regardé comment il était fait. Elle avait fini par me demander de me taire et de continuer à la titiller, moi ça me rendait complètement excité de la mettre dans un état pareil, surtout que je commençais tout juste à penser qu’elle allait devoir repartir au petit matin alors qu’elle avait un sexe super, que je commençais à plus du tout jouer et à vraiment tomber amoureux de son âme. J’étais en train de lui expliquer pendant qu’elle me mettait sur le dos à mon tour, après elle a fait hum hum, j’ai du me retirer de sa bouche pour comprendre ce qu’elle disait. Elle a joliment fait semblant de se fâcher en reprenant mon bien comme s’il s’était agi du sien, en deux trois mots, autant de regards, j’ai compris qu’on jouait plus du tout à être amoureux mais qu’on était tous les deux en train de le devenir pour de bon. Alors j’ai laissé retomber ma tête dans le sable et je me suis laissé faire par ses mains et sa langue experte. Elle s’y prenait admirablement bien. Normal, je la trouvais parfaite, on se marrait bien ensemble, on baisait bien, pour nous deux une maison aurait même pas été nécessaire, une plage ça nous suffisait amplement.

_ Eh et j’ai avalé, elle a fait en venant m’embrasser…

_ Tu étais pas obligé non plus…

_ Je sais mais j’en avais envie. C’est marrant comme goût… Tiens attend, je t’en ai gardé un peu…

_ Oh quelle délicate attention !

            Elle m’a léché tout le visage en grognant et en rigolant, je me marrais aussi, je lui tenais les fesses et elle les bougeait pour que ce soit mieux.

_ J’en ai plein le ventre et plein la bouche, elle a rigolé toute contente d’elle.

_ Ouais c’est chouette…

_ D’y penser ça m’excite encore plus ! Pas toi ?

_ A ton avis… J’aime bien quand tu parles ainsi.

            Après on s’est de nouveau calmé et on a parlé pendant des heures pendant que le jour se levait tout doucement comme après une longue nuit. Lentement nous nous sommes retrouvés moins seuls sur la plage. La première vie humaine que nous ayons revue fut un vieux qui promenait son chien en laisse. J’avais mis Delphine dans sa serviette de plage et je l’ai laissée le temps d’aller retrouver tous ses vêtements sur un kilomètre de plage.

            Je l’ai regardée remettre son soutien gorge, après comme j’en avais envie elle m’a laissée la glisser dans sa culotte. On se voyait déjà beaucoup mieux, il semblait qu’un léger voile de timidité venait aussi la rhabiller. Ses yeux étaient bleus, je ne les avais jamais vu avant. Ils étaient vraiment très beau. Très grands. Ils me regardaient tout le temps. C’était agréable. Je découvrais aussi le rouge de la bouche que j’avais embrassé, que j’avais écouté toute la nuit. Elle retenait un peu plus son rire, nous avions à présent complètement dessaoulé. L’ivresse laissait place à la fatigue. Nous nous regardions comme au premier jour. Peut-être encore davantage amoureusement. Attendris. Elle me laissait caresser sa poitrine en dessous de son T-shirt, elle ne lâchait pas mes reins sauf pour prendre mon visage, s’agripper à mon cou, me presser très fort contre elle. On faisait vraiment une belle équipe.

 

            Nous nous sommes séparés devant chez elle sans larme. Juste de gros battements de cœurs. Il était environ huit heures et demie, on revenait de la boulangerie où elle nous avait pris des croissants. On a déchiré l’emballage pour nous échanger des bouts de papiers avec nos adresses griffonnées. Au cas où. Puis je l’ai regardée partir dans la voiture de ses amis. Elle m’a juré de ne jamais oublier cette nuit passée ensemble, ni mes mains, ni ma peau…

 

            Trois mois plus tard, je ne l’avais toujours pas oubliée. Ni elle, ni la nuit. Elle m’a expliqué dans une lettre en réponse à mon courrier qu’elle aussi, mais qu’elle avait gardé également un autre petit souvenir. Elle m’annonçait vouloir et devoir absolument me revoir.

Au printemps suivant nous avons donné un prénom au fruit de cette nuit passée ensemble : Elodie. Une belle façon de devenir parents.

 

"Sur le sable exactement" in Agua Amargua.

 

 
Ecrit par , le Jeudi 10 Juillet 2003, 16:03 dans la rubrique "Nouvelles".