Tous les dimanches matins cela se répète. Moi je dors, mais je sais lorsqu’Auto-Moto se termine sur TF1. Il prend la télécommande à l’étage du dessus. Il éteint et, peut-être en râlant, se précipite sur sa boîte à outils. Peut-être dit-il : « C’est bon chérie, je vais le faire ton putain de trou ». Mais nourrit-il peut-être avec son épouse un amour commun pour cette saine activité ? Alors là il me réveille. Chaque dimanche, jamais ça ne rate, mon voisin du dessus se sent obliger de faire un trou, ou plusieurs, dans son mur. Je n’ose imaginer à quoi ressemble son appartement depuis le temps, peut-être que ce malade et sa délicate épouse rêvent tout simplement de vivre dans un palais de gruyère. En semaine, comme ce matin, c’est différent. Ils ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Quant à faire, ils se sont reproduits.
En semaine ils utilisent leur taré de gamin afin de me faire savoir que la petite famille est debout, que le papa prend son café, la maman son Lipton Yellow et le petit dernier son Banco. Ils sont tous bien autour de leur table. Ils ne savent pas lever leur chaise. Je sais pas comment ils font, je pense qu’ils les déménagent tous les jours avant d’aller travailler en sifflant comme les petits nains de Blanche Neige. Quant à leur gosse c’est encore pire, et cela promet pour l’avenir. Peut-être n’a-t-il pas de genoux. A moins qu’ils ne lui aient pas appris à s’en servir. Toujours est-il que leur petit animal ne sait pas se déplacer comme tout le monde. Par écrit c’est assez difficile de décrire le bruit qu’il fait lorsqu’il marche dans leur appartement. Pour en avoir une idée je vous suggère de vous livrer à un petit exercice. Si vous avez des genoux oubliez-les. Essayer de vous déplacer en courant comme un con sans jamais plier les genoux. Demandez à votre voisin du dessous ce qu’il en pense. De tout évidence il s’imaginera qu’un débile profond habite au dessus de chez lui et se déplace sur sa tête avec des jambes sans genoux. Et bien figurez vous que les demeurés du dessus, le fou à la perceuse, et la malade qui a sans cesse des merdes à faire accrocher au mur, ont un petit encore plus atteint qu’eux.
Tout ça pour dire que si vous avez un ami qui vend des genoux, ou que vous avez entendu parler d’un chirurgien spécialisé dans la greffe de genoux, je ne refuserai pas leur aide. En outre j’ajoute que si vous êtes un homme et que vous avez vécu avec une hystérique qui vous encourageait à accrocher chaque dimanche tout un tas de saloperies à vos murs, que vous l’avez quittée, votre témoignage m’intéresse afin d’élaborer un plan d’action destiné à faire voler en éclat ce joli petit couple Tout cela dans l’espoir qu’ils aillent ensuite chacun, et séparément, transformer en gruyère les murs d’un autre immeuble.
à 10:15