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 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

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Aventuriers des temps modernes

 

On a l’air bête quand on est amoureux. On se sourit, on se regarde durant des heures sans se dire un mot, lorsque enfin le verbe revient on se répète des mots doux d’une banalité affligeante, sur tous les tons les plus mièvres, malgré des efforts énormes pour tenter de ne pas avoir l’air bête, si on devait se voir on prendrait la télécommande et on changerait de chaîne histoire de voire s’il n’y a pas un documentaire sur les camps de concentration sur Arte, ou des envoyés spéciaux en Irak sur France 2… Lorsqu’on est amoureux, on trouve tous les sujets de discussion que l’on a avec l’autre d’un énorme intérêt, surtout lorsqu’ils concernent l’être aimé. Des détails sur sa petite enfance peuvent paraître essentiels à nos yeux : « Ah bon tu n’as pas eu le sein toi aussi quand tu étais bébé ? – Non… Toi non plus ? … Eh ça nous fait encore un point commun ! ». Angélique et moi, qui nous trouvions déjà un nombre hallucinant de points communs avant de nous réveiller dans les mêmes draps, ne cessons plus de nous en découvrir. L’amoureux est comme le fumeur de joint, il savoure tous les détails, aucun ne lui échappe, son cerveau ne tourne pas au ralenti, il est tout simplement ailleurs. D’où cette idée que l’on a l’air bête quand on est amoureux. On ne se reconnaît pas. Les amoureux à la con qui s’embrassent sur les bancs publiques ont cela qui exaspère parfois, ils semblent vivre sur une autre planète, ils ressemblent au petit prince.

 

Elle s’est réveillée en m’observant. Elle a sourit. Elle avait encore ses yeux collés par la nuit, elle a constaté que non je n’avais pas rêvé. Que j’étais bien là. Elle ne s’en était pas rendu compte, mais elle venait de me piquer ma phrase. « Normalement c’est moi qui devait dire ça ! » dis-je.

_ Oh… Désolée. Tu veux qu’on recommence ?

_ Oui.

_ Guide moi alors…

_ Bon alors tu te réveilles…

_ Okay…

_ Ta main n’était pas là…

_ Elle était où ?

_ Je ne sais pas, mais pas dans mon caleçon en tout cas…

_ Bon bon… Je la retire alors ?

_ Tout compte fait je viens de réfléchir là…

_ … c’est vrai ? m’interrompt-elle.

_ Oui ! Inutile finalement de refaire la scène, je te le dirai une autre fois…

Elle se sert contre moi : « Alors tu penses qu’il y aura une autre fois ? » murmure-t-elle. Je me dresse : « Pas toi ? ». Elle sourit, j’ai du avoir l’air angoissé d’un coup, mais son rire puis un baiser bien appliqué désamorce tout.

_ Je voulais juste vérifier qu’on avait la même envi, murmure-t-elle. Mais je suis rassurée.

_ En attendant que tu te réveilles je t’avoue que je me suis un peu posée cette question… « Est-ce que je ne rêve pas ? ». Un peu cette crainte que tu puisses te satisfaire d’une seule nuit ensemble…

_ On est pareil. On a les mêmes angoisses…

Elle s’allume une clope. « Injustifié pour ma part » dis-je. « De mon côté aussi… Je t’ai-je ne te lâcherai pas comme ça ! » répond-elle. Je l’embrasse, je ne m’attendais pas à une déclaration à ce point sans détour. Le rapprochement de nos corps a mystérieusement changé le ton de nos discussions, lorsque nous abordons notre intimité, nous restons moins en surface des choses qu’avant. Avant nous étions dans une amitié dont nous ne parlions pas, sans phrase d’attachement réciproques prononcés. Tout était entre les lignes. Je découvre que nous pouvons nous parler très franchement, de façon aussi directe que nous pouvions le faire concernant d’autres sujets ayant moins d’importance.

 

Elle doit choisir. Embrasser ou fumer ? Sa cigarette se consume au bout de ses doigts sans qu’elle ne tire dessus. Lorsque je connais une telle situation je sais que c’est un choix pour moi. Demander une pause pour tirer sur la clope, rester dans cette situation peu confortable où l’on risque de brûler l’autre à tout moment, mettre des cendres un peu partout, ou bien se résoudre à écraser la cigarette avant sa fin et tracer un trait dessus ? «That is the question » comme dirait l’autre. Angélique tend son bras derrière elle, je la vois d’un coup d’œil ajuster la cible. La tige s’écrase dans le cendrier. Son bras vient se mettre autour de mon cou, avec son autre bras elle tire la couette.

 

« Sors ! » me disait un ami il n’y a pas si longtemps. « Mais surtout ne reste pas chez toi ! » ajouta-t-il. En ce dimanche matin, décidemment, je n’ai pas envi de sortir, encore moins de me lever. Il me semble qu’il n’y a rien à voir dehors… Dans mon lit il y a la seule personne que j’ai vraiment envi de rencontrer. Angélique ce matin me semble être la plus belle terre d’exploration qui soit, et si j’en crois la chaleur de ses étreintes, il n’est pas impossible qu’elle soit elle aussi pressée de partir à l’aventure. « Depuis combien de temps n’ai-je pas été exploré ? » je m’interroge alors qu’elle couvre mon visage de ses baiser.

 

 

 

Ecrit par Wandess, le Vendredi 20 Février 2004, 12:17 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".


Commentaires :

  Hylst
20-02-04
à 12:55

Aux plaisirs aventureux

Ceux que tu partages ici... amour ... se sont... envolés... éphémères et rares qu'ils ont été jusqu'alors pour moi.
Profite en :)

Le bonheur au présent.
Le rechercher quand nous nous apercevons qu'il n'est plus, amour ou autres plaisirs du quotidien , d'une période, ou d'une vie.

Au plaisir ;)

  Wandess
20-02-04
à 13:00

Re: Aux plaisirs aventureux

Il y a dans le fait de l'écrire dans mon journal intime de cela... L'envi de conserver (j'avais envi d'écrire consigner ou archiver...) ces moments là. Je crois que c'est Jane Birkin qui chantait "fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve", moi je crois que c'est "écrire le bonheur de peur qu'il ne se sauve" ou que je l'oublie. Un côté si si, ça m'est arrivé... Au cas où... Pour m'en souvenir plus tard, que si ça existe..........

Wandess se pince pour y croire.


  Hylst
20-02-04
à 13:54

Re: Re: Aux plaisirs aventureux

Héhé, on s'adapte à l'époque eet au contexte :)
Profite bien :)


  le correcteur
05-04-05
à 23:14

Re: Re: Aux plaisirs aventureux

Il y a un " e " à envie.