Tout ce qu'on a...
Je me balade et j'ai un peu du mal à le croire. D'ici quelques jours j'apprendrais si bientôt j'habiterai dans cette ville ou pas. Ma vie en sera changée. Pour les raisons que je voulais. Mais aussi pour d'autres. Et enfin pour toutes celles que j'ignore, que je ne contrôle pas... qui peut-être m'effraient parfois un peu. J'ai tant de projets en attente, tant de choses que j'aimerai faire et qui vont devoir attendre que je sois fixé. Il y a ce temps qui passe trop vite et qu'on compte tous les ans. Le bilan entre ce que j'aurai aimé accomplir et ce que je n'ai pas fait. Certes il y a la possibilité de vivre comme tant d'autres à coup de croix, en se disant que ce qui vaut le coup n'est que ce qui rapporte de l'argent, qui est utilitaire... Ou croire qu'il faut chercher un sens à la vie. Je me suis demandé tant de fois à quoi bon vouloir d'autres choses, pourquoi tenter de sortir de mes sentiers battus et me mettre en danger. Un peu comme ce débat avec Delphine où elle m'expliquait qu'elle ne voyait pas l'intérêt de prerdre du temps avec des personnes qui ne nous ressemblent pas. Sa fameuse sélection argumenté à la fin par le sempiternel "La vie est trop courte!".
Nous avons tant de point communs. Malgré tout, je le sais dorénavant, je ne suis pas comme elle. Je croyais être un froussard, mais si je me compare je me mets davantage en danger que bien d'autre et elle en particulier. Comme tant d'autre elle joue à la personne qui est forte... Comme tant d'autres! Pour un peu j'en aurai oublier pourquoi une personne comme Delphine s'est créée un tel personnage... Pourquoi elle ne s'autorise pas le doute lorsqu'elle me fait remarquer à quel point je n'en ai pas. Faut-il vivre avec tant de certitudes?
Non je ne suis pas devenu un casse cou. Mais j'aime la liberté qui m'est donné de ne pas vivre dans un rectangle. Je n'ai pas délimité, je n'ai posé aucune frontière autour de moi. Je vis sans préjugé. J'ai réussi. Evidemment quelques uns doivent traîner ici et là, mais j'en ai si peu lorsque je compare autour de moi.
Puisque c'est en comparant avec l'extérieur, avec les autres, que je me suis mis à douter, c'est en continuant dans cette voie que je commence à décrocher. Non je n'ai rien à craindre de la comparaison. Je n'envie plus celui qui se marrie, je n'envie plus le salaire de mon ami, je n'envie plus l'autre qui devient père, je ne désire pas la voiture de ce proche. J'assume mes choix. Je sais où je suis. Je sais pourquoi. Je suis là car je l'ai voulu. Ardemment. Depuis longtemps. Non Delphine je n'ai pas besoin de certitudes. J'ai cette impression furtive que ceux qui veulent que les autres leur resssemble ne vont pas bien comme ils le prétendent, mais que c'est tout le contraire. Aimer, même d'amitié, ce n'est pas vouloir changer son prochain.
Je me suis réveillé ce matin à seize heure dans ses bras. L. m'a rappelé que j'avais vingt-sept ans en souriant...
Je me suis réveillé ce matin à seize heure lorsque les plus matinaux revenaient déjà du bureau. Je n'ai pas culpabilisé. Finalement j'ai raison d'être heureux. J'avais perdu de vu ce que je voulais. Mais pourtant c'est évident que je peux savourer d'être un des rares à être devenu ce que je voulais.
A présent le lycée est loin et je m'en rends compte. Presque dix ans déjà... Le temps est passé si vite et si lentement... Je me souviens de celui que je voulais être.
J'ai cessé de chercher un sens à la vie. J'ai compris qu'elle n'en avait pas. Sinon celui d'être la personne qu'on est et de l'assumer.
Je n'ai jamais été aussi libre. Je suis absolument moi. Avec mes différences.
