Les minables vont en vacances dans des endroits de minables. Exemple : Saint-Tropez. Aucune imagination. Un petit village de pêcheur. Trop petit pour moi. L’été c’est comme ça, j’ai des lunettes de soleil, je suis une star. Comme tout le monde. Comme la fille aux gros nichons qui se prend pour Madonna sur le sable et à l’Acienda la nuit tombée. Les lunettes de soleil transforment tout le monde en Pascal Obispo venant acheter ses huîtres incognito, Ray-Ban sur le nez, à la poissonnerie du Cap Ferret. Même celui qui veut ressembler à Bertrand Cantat n’y échappe pas. Lorsque l’été et le farniente reviennent, nous devenons tous des stars cachées des opportuns et des rayons UV derrière leurs verres fumés. Je ne fais pas exception.
Je ne suis pas un minable. Pas de petit port paumé de la Méditerranée pour ma part. Je n’idolâtre pas Bardot. Ni Jessica et Laure. Pas de mélange avec les peoples décati du tout Paris-Match-Plage dont l’avenir est aussi sombre que celui d’une petite ferme télévisée. Après un passage remarqué en Vendée, me voici, excusez du peu, sur les rives du plus grand lac de France. Egalement le plus propre paraît-il, même si celui-ci dispute la palme avec le plan d’eau d’Annecy.
Je partage mes jours avec d’autres stars, toutes trois aussi discrètes que moi. Les gens ici, d’allure très simple, savent respecter notre anonymat, même faire semblant de ne pas nous voir ni nous reconnaître. Quel bonheur ! Enfin la vrais vie, les suées du matin, les levés sans douche pour aller acheter son pain en sentant les dessous de bars. Pas un Anglais ne m’a encore reconnu malgré ma popularité outre Manche. Les photographes qui m’attendaient sur le yacht de Johnny pour y serrer la main avec Leonardo et Carlos en seront pour quéquette.
Parfum de côté d’Azur et d’Amérique. Les villages sont tous espacés les uns des autres. Le premier Super U, la première grande surface est à des heures de routes. Un espace à ma mesure, des forêts de pins immenses, des balades qui durent des heures, qui ruinent les chevilles de l’athlète que je suis. Ici à Carcan Maubisson me voici en résidence d’été. Je regarde les voiles passer, les véliplanchistes tombées à l’eau lentement comme leur voile qui redécollent ensuite avec la grâce d’un vol de goéland.
Non, Monsieur n’insistez pas ! Je n’échangerai pas mon baril de Carcan Maubisson contre vos deux barils de Saint-Tropez !!!
à 13:59