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 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

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Encore une enquête à la con par l'inspecteur Wandess

Je suis passé devant la résidence jeunesse plusieurs fois sans la voir. Lorsque j’ai remarqué son existence dans mon quartier, à deux rues de mon immeuble, chaque fois que je suis passé par la suite dans cette rue, je n’ai pu m’empêcher d’être intrigué. J’ai pu observer qu’après minuit quantités de fenêtres étaient encore allumés, à des heures où dort presque la totalité du reste de cette ville tranquille. « Résidence jeunesse », c’est écrit en bleu, en diagonale, rien que cela déjà, il y avait pour moi un mystère à éclaircir. Je me sens jeune. Ne pas habiter à l’intérieur, dans un immeuble où tout le monde semble avoir les mêmes horaires que moi, me semblait être une raison suffisante pour faire ma petite enquête.

Mais enquêtes ne servent à rien. Si ce n’est à tuer le temps. Lorsque je mène ce genre d’enquête, il s’agit de tromper l’ennui, de ne pas rester chez moi. En somme l’objectif n’est ni plus ni moins que de tuer le temps, de vivre des choses, et de ne pas pour une fois les regarder se dérouler devant moi, sans moi. D’une certaine manière il s’agit de quitter le souvenir, la vie par la psyché, pour en revenir à une vie simple et ordinaire ou tous mes motifs de réflexions sont uniquement le présent, mes actions, ce que je suis en train de faire, de vivre. Je lance les dés, j’ignore ce que ça va donner. Il y a quelque chose de grisant.

Je traverse le trottoir, d’un pas encore assez peu décidé. J’ignore ce que je vais faire. Il fait nuit, il n’y a personne dans la rue, il est près de vingt-trois heure, seules le fenêtres de l’immeubles sont encore allumées dans le quartiers. L’immeuble semble vivre encore alors que le reste de la ville sommeille. Il y a un cadre en verre avec des papiers en dessous. J’ai traversé pour lire. Je n’apprends rien sinon qu’il s’agit d’une résidence de jeunes. Mais je le savais déjà.

Je pousse la première porte. Celle qui donne accès aux boîtes aux lettres et à l’interphone. La seconde porte est fermée. Mais quelle importance. Entrer, et pour quoi faire ensuite ? Je reste là, je regarde les boîtes aux lettres. C’est beau des boîtes aux lettres la nuit. D’une certaine manière on dirait qu’elles dorment. On dirait un cimetière à courier. Je reste comme cela cinq minutes. J’attends. Je ne sais pas quoi. Je m’allume un cigarillo. De toute façon je n’ai rien à faire chez moi. Alors ici ou ailleurs…

Depuis que je me suis installé dans cette ville, je n’ai pas réussi à nouer des liens sur place. Certes j’ai des amis, mais ils vivent tous assez loin. Or il y a une sorte de malaise qui s’est installé à habiter ainsi un lieu où la personne qui me soit la plus proche est ma boulangère. Je ne suis pas encore tombé malade, je n’ai donc pas encore vu de médecin. En outre la plupart de mes amis, de sexe masculin ou féminin sont tous en couple en ce moment. De puis plus ou moins longtemps certes, mais cela a pour conséquence pour moi de me retrouver souvent seul en fin de soirée. Les amis en couple sont souvent disponible en première partie de soirée, case de l’emploi du temps qui correspond à peu de chose près à ce qu’on appel au « prime time » à la télévision. Ainsi entre vingt-trois heure et minuit se mettent-ils à bailler tellement qu’ils ne prennent même plus la peine de mettre leur main devant leur bouche. De cette façon font-ils comprendre qu’il est temps que je parte. Alors je rentre chez moi, je me sers un verre, j’allume la télé, ou bien je vais sur internet. Mais ce n’est pas la vie que j’attends. Avec mon boulot je n’ai le rythme de travail de personne, j’ai des longs jours de récupérations, je travaille le reste du temps de nuit. Je ne dors que lorsque je suis fatigué.

Deux jeunes types arrivent. Je me donne une contenance en semblant chercher un numéro d’interphone sur les boîtes aux lettres. Je n’ai pas envie qu’on se demande ce que je fous là. Je joue à celui qui vient juste d’arriver, qui vient voir quelqu’un. « Bonsoir !- Bonsoir… ». Je mets un doigt sur une étiquette de boîte aux lettres. Puis un autre. Le jeune gars explique à son copain que c’est toujours pareil avec ses clés, qu’il les met dans une poche puis qu’ensuite elles n’y sont plus et qu’il les retrouvent dans une autre. Je sais ce que c’est, j’ai aussi se problème. Moi elles passent sans cesse de la poche gauche à la poche droite de mon pantalon. Mes clés sont de droites. C’est pour ça qu’elles me font chier, on n’a pas les mêmes opinions. Je regarde une autre étiquette de boîte aux lettres. Puis une autre. Encore une autre. Je me donne du mal à sembler chercher quelque chose que je sais ne pas pouvoir trouver. Je soupire. Je me relève. Je prends l’air du mec excédé. Je sors mon portable de ma veste. Mais je n’ai pas le temps de feindre de téléphoner.

_ Tu cherches quelqu’un ? me demande le clone de Florent Pagny.

_ Oui.

Mais je sais que je viens de trouver. Mon enquête va pouvoir se poursuivre !!! Je regrette que Lolita ne soit pas là, je pense toujours à elle lorsque je mène ce genre d’enquête. Elle m’a tout appris. Elle est mille fois meilleure que moi.

Je le regarde. Vite j’invente un prénom. J’explique que je suis venu voir Loïc. Sauf erreur, il n’y a pas de Loïc dans l’immeuble. Ou alors il a oublié de l’écrire sur sa boîte aux lettres. Le clone de Florent Pagny a l’air embêté pour moi. J’ai envi de lui dire que je suis moi aussi très embêté pour ses problèmes avec les impôt, le fisc tout ça. Ils m’ont l’air de pas fumer que le poisson ces deux là. Je me dis que c’est l’occasion de pousser mon avantage. Ca fait longtemps que j’ai pas écouté du reggae, ni discuté avec des lecteur de Charlie Hebdo. Et je suis sûr que le copain à Florent il en est des lecteurs de Charlie.

_ Ouais, dis-je en forçant le côté cool à la Doc Gyneco, ça fait chier ! Je suis trop en galère là…

_ Anh anh… Tu cherches pas à fumer par hasard ?

Il me sourit Florent. Il a un très beau sourire Florent, il a l’air content. Je préfère plutôt les sourires de femmes lorsqu’elle m’en adresse, mais bon le sourire de tout être humain est bon à prendre quand on n’en voit pas tous les jours. Surtout des comme ça.

_ Ouais j’étais venu pour pécho, dis-je en me demandant comme ça s’écrit. Mais là je crois que le plan est grillé…

_Iil est comment ce mec ?

_ J’en sais rien, je l’ai jamais vu. C’est le plan que m’a filé un pote, mais j’arrive pas à le joindre sur son mobile…

_ Monte on va te dépanner !

_ Vous êtes sûr ? Ca dérange pas ?

Il me montre ses dents. Sûr que ça dérange pas « man ! ».

On monte les étages à pattes, c’est bon, ça fait faire un peu de sport. Je me demande ce qu’il m’a pris d’inventer des trucs pareils. Mais je suis content de moi. La fin de soirée s’annonce plutôt bien. J’ai trouvé un bon plan.

Florent s’appelle Eric, mais on l’appelle Ricky, et ça m’arrange car j’ai déjà un Eric pour mon journal. L’autre, a un prénom aussi, mais pour ne pas trop chargé la barque du côté respect de l’anonymat, on va l’appeler Charlie. Charlie et Ricky vivent ensemble, dans un appart plus petit que celui que j’avais lorsque j’étais en colocation, mais dans un bon esprit aussi. Il y a le Che accroché au dessus du canapé. Je me sens un peu comme chez moi avant. Une affiche noir et blanc près de la télé. Bob tire sur un gros dard. Pas de doute, mon enquête se précise, et bien. Je suis là où j’aurai voulu passer ma soirée si on m’avait demandé.

Rick, Charlie et moi on sympathise vite. Je me retrouve avec trente euros de « pure herbe ». Ca me fera un cadeau pour un pote me dis-je. Le deal est vite réglé. On fait tourner des dards. J’aime bien les négociations dans les entreprises privées, on boit bien en général pour fêter un contrat. Enfin à ce que j’en ai vu à un certaine époque où je jouais à observer des patrons (dans une précédente enquête il y a bien cinq ans). Mais j’avoue préférer l’instant qui arrive lorsqu’on tombe sur un bon vendeur d’herbe, après on oublie le négoce, on parle. On dit que ce scud est nickel chrome. Comme on a fumé on se demande si Nicolas va venir avec ses gendarmes. On fait « Alalala !!! », et on dit qu’il faudrait légaliser. Voilà je me suis fait deux potes. L’un doit aller bosser. Ricky. Il va se pieuter. On échange nos téléphones numbers.

Je rentre content de moi. Je suis allé jusqu’au bout de mon enquête. Maintenant je sais en partie ce qu’il y a derrière les murs de la « résidence jeunesse ». Au fond de ma poche j’ai trente euros d’herbe. Je me demande ce que je vais en faire. Je vais essayer de les refourger à ma soeur pour vingt-cinq euros. Je pense que qu’à l’heure où j’écris c’est à peu près ce qu’il doit en rester vingt-cinq euros…

 

12 novembre 2003

 

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Ecrit par Wandess, le Vendredi 9 Juillet 2004, 17:54 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".


Commentaires :

  Wandess
09-07-04
à 18:02

J'avais écrit ce texte en plusieurs morceau et ça n'était pas pratique pour le lire en entier. Le voilà donc remis en en entier.

  bonjour1
29-07-04
à 21:14

Re:

alut,

C'est marrant, ça faisait un tit temps que j'étais pas venue ici et je trouve ça toujours aussi bien !!!

Je suis au boulot et figure toi que je brave l'interdit 'Internet' pour lire tes aventures et tes enquêtes. J'ai même failli mettre "Wandess" comme communication pour un transfert international !!!!

Bizarrement je pense souvent à ton journal, même que j'en suis un peu jalouse. C'est curieux, je ne me l'explique pas. Certains de tes articles me font le même effet que les nouvelles de E.A.P. Si tu étais mon voisin, je débarquerais chez toi avec des Chimay et un cervelas/moutarde, juste pour discuter et rentrer chez moi avec de nouvelles idées en tête.

Enfin voilà, en vérité je me demande qui tu es et à quoi tu ressembles, si tu es "un bon coup" ou pas, si discuter avec toi dans un café est aussi agréable que je me l'imagine etc....

Victoria qui livre le fond de ses pensées et qui ne sais pas très bien pourquoi ! Sûrement parce qu'elle ne risque rien !!!


  Wandess
17-09-04
à 23:32

Re: Re:

Bon j'ai mis un peu de temps à répondre, mais c'est parce que je n'étais pas là et que si tu étais venue frapper à ma porte avec la bouteille de Chimay ça aurait servi à rien puisque je n'étais pas là. du coup tu serais repartie avec ton cervelas à manger toute seule...

C'est quoi les nouvelle de EAP? Est-ce mieux que celles de l'AFP?

Sinon je ressemble à rien, un bon coup très certainement (je vais pas me déglinguer sur mon propre jounrla non plus!), mais seulement quand je m'arrête de parler... Bref je suis très bien pour discuter à la terrasse d'un café. Et boire du Chimay.

Cher Victoria... A une prochaine?


  bonjour1
23-09-04
à 21:17

Re: Re: Re:

Les Nouvelles Extraordinaires d'Edgar Allan Poe (seul truc +/- intelligent que j'ai aimé, sinon je ne lis que des magasines) m'ont laissées transpersée 4 arrêts de train (60km) plus loin que ma destination.
Tu me fais le même effet en moins noir et moins déserpéré.

Sinon je suis contante de tu sois un bon coup ^_^





  Wandess
23-09-04
à 22:50

Re: Re: Re: Re:

Je fais de gros effort pour tout cela... J'avoue, cela me laisse quelque peu exangue. C'est un boulot à temps plein pour moi de ne pas être plus déséspéré... En tout cas ton compliment me fait plaisir, le jour où je sombrerai, peut-être que je pourrai qui sait faire descendre des inconnues au moins un arrêt de train après celui de leur destination. Quelque part ça remonte le moral!

  ninaw
23-09-04
à 23:32

Re: Re: Re: Re: Re:

En tous les cas, tu me tiens éveillée. C'est déjà pas si mal.

Peut-être que je brûlerais les feux rouges demain matin en me demandant si tu m'as déjà répondu. Si ça ne te dérange pas trop, je vais me faire une petite monomanie Wandess. C'est l'automne, il fait déjà un peu froid, j'aivais envie d'une activité d'intérieur pour habiter mon automne bruxellois. La monomanie Wandessienne me paraît une activité seine et originale qui me donnera la petite touche de la saison automne-hiver 2004. Je vais me débouchonner une chimay et boire à ta santé, ou non plutôt une Pêcheresse Mort Subite avec quelques cubes de fromages généreusement trampés dans la moutarde. Ou Alors j'irai dans les vieux cafés du centre me prendre pour Verlaine en espérant ne pas me faire tirer dessus par Léonardo Di Caprio.

Bref, Victoria qui trouve que, mettre des nom de poètes et de Dieux dans ses phrase c'est la tendance de cette saison ^_^

Total frime.