J’étais là à présent, dans mon beau trois pièces carré, un bon son dans les oreilles, un paquet de clopes devant moi, un wisky-coca dans la main. Il n’y avais plus à se relever, plus de trucs à valider, de machins à présenter. Voilà, j’y étais. La paix était enfin face à moi. Bien sûr je me racontais des histoires. Il avait du être décidé quelque part que ce monde ne devait jamais nous laisser reposer. Du moins tant que nous étions vivant. Mais je ne le sentais pas exactement ainsi pour une fois. Il me semblait avoir définitivement tourné la page sur les études, ces heures à se défoncer en jouant à chaque instant son avenir immédiat. Moi je n’avais jamais rien demandé plus fortement que la tranquillité. La tranquillité pour des soirées seul. Des plans télé, des sortis pour un ciné après la pizza. Un théâtre improvisé, un expo sur le temps du sandwich, des bouquins vautré sur le canapé, des potes enivré et moi pas mieux, les bars c’est mieux pour refaire le monde, la vie est douce au milieu du monde qu’on aime peupler.
Le temps m’avait manqué. Il avait mis ses distances. Mais là, j’étais face à un mur qui s’écroule. J’allais avoir le temps. Et accessoirement les moyens. Qui étais-je pour ne l’avoir jamais souhaité ? Bien sûr j’aurai pu avoir cette autre vie… Une amie fidèle, bien au lit, bien à la vie. Il y aurait pu y avoir quelque chose. Comme des atomes crochus. Mais je n’avais rien vu de tout cela. Tout juste des flashes. Il devait ne pas y en avoir pour tout le monde. Tout simplement. Rien de plus compliqué. Je n’étais pas du genre à me battre pour ces genres de grands concours de merde. Ils allaient la jouer sans mois cette fois. Je n’étais plus ce malade qui cours après des conneries de la sorte. On allait peut-être bien me revoir un jour pour tenter des coups. Là, je ne disais pas, l’enjeux en valait le combat. L’agrégation d’histoire, une place en fac pour réfléchir, chercher, rien que pour moi, rien que pour ma curiosité. Là oui peut-être me reverrait-on. Mais me battre pour être normal, être accouplé. Je n’avais plus envi d’être dérangé. La dernière fois que j’avais vu ce genre de truc j’avais cru que j’allais en revenir pour vomir.
J’ai tapé un petit coup ma clope sur le rebord du cendrillon. J’avais sur la gueule un crédit à taux fixe. Il allait revenir tous les mois durant vingt-trois ans. N’était-ce pas ce que ma génération pouvait rêver de mieux ?
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