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Alain Juppé is back !!! (et comme chaque fois ça rate) - "La Démocratie modulaire expliquée à ma fille"
Il sort de l’Elysée. Il est lui-même. Comme toujours, il est le nouveau lui-même. Le lui-même tout sourire, même s’il ne sait pas encore tout à fait s’abstenir d’avoir un air qui chie par la bouche. Il est le plus célèbre jeune retraité de France. Le plus bavard aussi. Le plus moraliste. Il est le plus célèbre retraité de France, et pas mal de ses ennemis, comme de ses amis d’ailleurs, le verraient bien passant sa retraite aux frais de l’Etat, en prison. D’autres personnes comme moi, bien que très sympathiques, auraient eux aussi fort envi de le voir aller en détention. Comment cela est-il possible. N’est-il pas souriant Alain Juppé ? Ne fait-il pas son maximum pour être sympathique et consensuel ? Non, Alain Juppé ne sourit pas. Alain Juppé fait de la retape. Il retape pour Chirac. Pourtant ça fait un moment que Chirac n’a plus à retaper son image. Alors Alain Juppé garde la maison, il garde l’UMP, et tente de retaper son image à lui, en espérant un jour devenir président. L’espoir fait vivre comme disait ma grand-mère. Si comme moi vous l’avez vu, et que vous êtes humanistes, vous n’avez pu vous empêcher de penser : « Alain arrête. Alain arrête ». Tout en le repensant encore une autre fois ensuite. Or, ce dire cela ainsi quatre fois, montre à quel point Alain Juppé rate tout ce qu’il fait. La cause : il vise trop haut. Alain Juppé si on voulait le comparer à un footballeur, il serait Zinédine Zidane, mais qui serait né sans pieds. Un talent perdu en somme. Alain Juppé est un être très certainement intelligent. Talentueux. Malin, machiavélique, hautain. En cela ce n’est pas bien grave, il bosserait au Medef tout le monde applaudirait. Mais voilà, Alain Juppé a choisi le suffrage universel. Et là c’est bien le problème. Il quitte une caméra. Il fait un petit mouvement avec ses deux coudes. Chez Alain c’est une marque d’autosatisfaction. Après, il secoue sur le côté l’œuf qui lui sert de crâne en remettant son nœud de cravate qui était pourtant bien mis. Il sourit à la vie notre Alain. « Alors, j’étais comment ? J’étais bien ?» demande-t-il à son chargé de communication. Etre un chargé de com auprès d’Alain est très pénible pour cela. A chaque interview il fait son maximum pour apparaître sympathique. Il sourit. Il fait le fanfaron même parfois. Il a demandé des conseils à Thierry Ardisson si ça se trouve même ! Malgré cela Alain Juppé on a toujours autant envi de lui filer des baffes. Il n’y peut rien manifestement, c’est plus fort que lui, il aime les Français, mais dès qu’il leur parle il ne peut s’empêcher d’être méprisant avec eux. Hier soir, il sort de l’Elysée où comme les autres chefs de partis il est allé discuter avec Chirac sur la constitution européenne. Alain arrive vers la caméra, la caméra c’est la France ! Il le sait Alain, il sourit à la France. Il est presque bronzé. Et là, on lui demande si Jacques Chirac organisera un référendum pour l’adoption de cette constitution. Alain sourit et répond : « Cela dépend si nous pourrons être sûr que les Français voteront bien pour la question posée ! ». ET UN ! ENCORE UN COME BACK RATE ALAIN !!! Alain est bien. Il est un baromètre, il sort tout le temps ce qu’il ne faut pas dire, ça nous permet de savoir ce que les autres pensent et ne disent pas quand ils nous cassent nos tympans avec leur langue en bois. Demain ce que veut dire Alain c’est que si vous Français continuaient à être cons et à pas voter ce qu’il faut, on va supprimer le suffrage universelle. Alain et Chirac ont cela en commun : ils n’ont pas oublié 1997 et le grand coup de pied au cul qu’on a pu foutre au premier et qu’il avait amplement mérité. Alain ne l’a toujours pas compris, il eu l’impression qu’on a répondu à une autre question, et que si d’ici quelques mois on nous faisait un référendum, on referait la même chose. Etrange République où toutes les constitutions ont été approuvé par référendum dans son histoire, et dont les dirigeant ont fini par avoir si peur de la démocratie qu’ils pensent à exclure le peuple d’une si importante décision pour son avenir. « France d’en bas bosse, paie l’impôt, et ta gueule ». Alain Juppé ose sourire en nous disant des choses si graves. Que la démocratie c’est eux qui décident quand elle existe et quand elle n’existe pas.
Ecrit par Wandess, le Jeudi 30 Octobre 2003, 11:24 dans la rubrique "Z".
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Stef Weï-Tang
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Hello, je viens de tomber par hasard sur ce texte (qui date il me semble... mais bon, c'est pas grave !)
Je n'exposerai pas ici mon point de vue sur A.Jupé, car je pense que tu nous en a suffisemment parlé. Néanmoins je tiens à rappeler une phrase de ton texte : « Cela dépend si nous pourrons être sûr que les Français voteront bien pour la question posée ! ». Prononcée par Jupé, phrase contre laquelle tu t'insurges parce que tu la comprend comme "il faut être sûr que les Français votent comme on le veut" (c'est du moins ce que me laisse paraitre ton texte, arrête moi si je me trompe !)
Le problème avec le referendum, qui est une question posée sur un thème, c'est qu'il peut rapidement se poser comme une question posée sur une personne, à savoir : celui qui pose ladite question (et, en France, notre Président de la République)! Rappelle-toi qu'en 1969, de Gaulle propose des réformes, notament celle du Sénat, par referendum et les Français répondent "non". Par désaccord ? L'hypothèse la plus probable est plutôt que de Gaulle avait promis de partir si ses réformes étaient refusées.
Le danger est donc que le referendum ne se transforme en plébiscite. A la question "êtes-vous pour ou contre la contitution européenne ?" il y a malheureusement un risque pour qu'un part (importante ?) des Français comprenne : "Chirac est pour l'Union Européenne, êtes-vous avec Chirac ?" (du moins, pour ceux qui iront voter à ce referendum plutôt que de voter par SMS à qui repêcher dans le Loft de M6 !)Et, là, penses-tu que ertains répondront exactement à la question posée ?
Maitenant, A.Juppé a-t-il été malin de donner publiquement cette raison ? C'est évidemment une attitude maladroite de sa part... (et peut être méprisante... mais je ne suis pas dans se tête pour le dire !)
Je te souhaite une bonne journée !
Stef
(PS : Pour éviter tout malentendu, je ne critique pas ta vision de Juppé, d'ailleurs je ne parle pas de lui. Je tenais simplement à éclaircir un point précis.)
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martin
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C'est ac surprise que nous sommes tombés sur un torchons écrit avec les pieds par un dénommé Wandess. Une mise au point nous a dés lors paru ncessaire: le problème avec les Français pour reprendre les termes de de Gaulle c'est que ce sont des "veaux" et ça notre ami Alain l'a bien compris!Maintenant si certains bouffons prennent plaisir à calomnier de grands hommes sans rien comprendre à la politique tel est leur droit(tel est le malheur d'une république où tout le monde peut expimer ses idées quand bien meme il n'a pas les capacités pour en avoir).Notons par ailleurs que Juppé- lui-a les capacités intellectuelles requises pour exprimer les siennes.
Bref, si certains abrutis pouvaient fermer leur gueule, on s'en porterait pas plus mal.
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Dqem
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Très bien, mais puisque la politique vous intéresse et que la diplomatie en est une dimension, auriez-vous l’amabilité de nous dire en quoi Wandess ne vise-t-il pas juste à propos du référendum (de la clarté supposée de la question qui ne serait surtout pas un plébiscite, de la difficulté de savoir à quoi exactement le gouvernement nous convie à acquiescer) ? Vous qualifiez Juppé de grand homme mais, bien sûr, peu vous sied d’annexer un quelconque argument à cette considération. Qu’est-ce qu’un grand homme et qu’est-ce donc que Juppé a-t-il fait pour mériter ce titre ? Montrez-nous un peu que vous avez les possibilités intellectuelles d’affirmer cela (c’est-à-dire de le démontrer), contrairement à ce que laisse croire la piètre qualité de votre contribution !
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Wandess
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Monsieur Martin, J'ignore de quel "nous" vous parlez lorsque vous vous adressez. Est-ce vous et un ami à vous? Votre épouse? L'ensemble de l'UMP? Brrr quelle importance a donc votre parole? Je dirai qu'il doit s'agir sans doute de celle d'un ami d'AlainJuppé, peut-être un minable membre de la "Maison bleue" (ou RPR+, ou Union Pour le Majorité Présidentielle/Populaire). Je ne vais pas répondre sur ce qu'est l'UMP, une minable holding éléctorale dont le seul but fut de mettre fin à l'avatare Valérie Giscard D'Estaing en espérant stopper une bonne fois pour toute l'existence d'un parti centriste et libéral. De Gaulle (l'homme qui a dit que Les harkis étaient des bougnouls qu'il fallait laisser se faire massacrer plutôt que les accueillir en France, mais passons... et gardons l'image de l'homme du 18 juin) avait échoué à faire taire le droite centriste, Chirac réussit à lui faire perdre le pouvoir suprême en 1981, il était temps en 2002 de mettre fin à l'existence de ceux qui avait mis plusieurs fois en défaut le Général-Président durant ses mandats et manqua de défaire le maire de Paris en 1995. Je vais donc éviter aussi par là-même à crier "allez Bayrou!!!", même si je le pense, tant je serais heureux de voir ce lamentable parti (dont on a changé le nom RPR qui rimait trop avec affaire), pour créer une majorité présidentielle à un président aux mains sales. Alain Juppé est sans doute un homme respectable. Si j'étais de son parti, ou son ami, je ne lui nierai pas cela. N'a-t-il pas payé pour Monsieur Chirac quant aux affaires de la mairie de la ville de Paris? N'a-t-il pas nié jusqu'au bout, en énraque majestueux, avoir fait quoi que ce soit de travers aux principes moraux? Il le sait, comme tous les gens de droite qui sont chiraquiens. Jacques Chirac alors premier ministre de Valerie Giscard d'Estaing a quitté le gouvernement pour briguer la fonction suprême de la ville de Paris, poste qui venait d'être rétabli au suffrage universel. De sa place de maire, Monsieur Chirac a mis en place tout un système pour financer son ambition : devenir Président de la République. Du parti gaulliste sur lequel il avait réussi une OPA, il fit un parti à sa botte, et lui rendi grâce au contribuable parisien, au clientèlisme et à des listes éléctorales truquées, la première place à droite. Barre en 1988 échoua a replacer l'UDF en premier parti de droite. En 1995 l'UDF joua pour sa plus grande partie la carte Balladur et le paya en retour avec une partie des membres du RPR. Chirac a pris au porte monnaie des parisiens pour devenir Président et conserver son réseau de relations, ainsi que financer son parti : le RPR. Malin, il s'est entouré d'hommes qui l'y ont aidé, dont le premier d'entre eux : Alain Juppé. Il a payé pour son maître, et c'est bien fait! Personne ne l'y a obligé. Et qu'on ne me fasse pas croire qu'il a fait cela pour le bien de la France! Il ne l'a fait que dans un seul but, comme Chirac, avoir les plus hautes fonctions de l'Etat, et y placer ses copains. La gauche a opéré de la même façon sous Mitterrand. La Vème République est une République monarchique où celui qui obtient le pouvoir peut créer sa propre aristocratie (voir l'aristocratie de gauche bo-bo qui a été favorisé sous les années Mitterrand et les chefs d'entreprise "de gauche"). Si Monsieur Juppé a les capacité intellectuelle d'exprimer ses opinions, il les a aussi eu pour créer un système mafieux autour du RPR et dans la ville de Paris. Si Monsieur Juppé a les capacité intellectuelle d'exprimer ses opinions, les élcteurs ont su en 1997 exprimer la les leurs et le foutre dehors. Si depuis il survit comme il peu depuis Bordeaux, et à la tête de l'UMP où Chirac l'y a placé, heureusement les juges ont eu les capacités intellectuels de le déboulonner une bonne fois pour toute en prononçant la peine mérité par un petit technocrate voyoux dans son genre, qui bien qu'ayant été premier ministre et ayant été haut fonctionnaire, reste un voyoux comme son ami le Président. La Vème République est une République de voyoux. Un Général la taillé à sa mesure jouant sur la peur d'un coup d'Etat militaire, tout le monde le sait! Elle a rétabli une monarchie en France, ni plus ni moins. Une monarchie dont le souverain peut avoir été un voyoux. Donc si tu n'as rien compris à la politique, que tu ne connais rien de l'histoire de la Vème République, du RPR-UMP, et de tes "amis" que tu défends, apprends à fermer ta grande gueule et va ouvrir des livres. Les élécteurs ne sont pas des veaux, ils ont très bien comrpis comment cette constituion leu a volé leur suffrage, c'est la raison pour laquelle il désavoue chaque fois la majorité sortante qui a été incapable deleur rendre leur pouvoir électoral. Les Français ne sont pas plus racistes ou plus extrémistes que leurs voisins européens. Les votes dans les extrêmes, comme l'avait observé le Général de Gaulle dans un de ses moments de lucidité, est la marque d'un régime politique désavoué. La constitution gaulliste est la cause majeure de la crise politique que connait la France. Elle repose sur la confisquation du pouvoir par un groupe d'intérêt. L'UMP n'est sûrement pas qu'un parti de filous, mais le départ d'Alain Juppé laissera peut-être la place à ces gens qui s'y font une autre idée de la politque.
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Perceval
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Il est urgent de reconnaître que seul le plébiciste permet à de tels médiocres de s'élever aussi haut et d'intriguer sans aucune inquiétude ou presque.
Je m'interroge... la démocratie atteint'elle ses limites ?
Perceval
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elfe-magique
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La Vème République semble avoir atteint ses limites.
Nous, citoyens de France, sommes bien calmes et respectueux de la démocratie. Le jour où rien n'aura changé et que notre patience aura atteint ses limites, des mouvements beaucoups plus sanglants vont avoir lieu. Une Révolution aura lieu peut-être que cette fois si le peuple, nous, réussira à assoir sur le "Trône de france" un régime démocratique qui s'approche de ce que nous cherchons depuis 1789.
En espérant que la VIème République apparaitera sans qu'une goutte de sang n'abreuve la terre mais qu'elle germe dans l'esprit des hommes qui souhaitent diriger et conduire notre pays.
Si cela n'a pas lieu nombreux seront les gens qui se batterons
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Dqem
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"la guerre à l'intelligence"
PARIS (AFP) - 17/02/2004 16h45 - Des milliers d'enseignants, cinéastes, chercheurs, magistrats, avocats, écrivains ou intermittents du spectacle ont signé un appel contre "la guerre à l'intelligence" menée, selon eux, par le gouvernement et que publie mercredi l'hebdomadaire Les Inrockuptibles.
"Tous ces secteurs du savoir, de la recherche, de la pensée, du lien social, producteurs de connaissance et de débat public font aujourd'hui l'objet d'attaques massives, révélatrices d'un nouvel anti-intellectualisme d'Etat. C'est à la mise en place d'une politique extrêmement cohérente que nous assistons", selon l'appel qui n'a pas été envoyé aux responsables politiques.
"Le gouvernement Raffarin fait un usage simpliste et terrifiant des fameuses leçons du 21 avril. En pleine crise de l'Etat-Providence, dans ces secteurs les plus sensibles que sont l'hôpital et la santé, l'école et l'université, la justice et le travail social, la culture et l'audiovisuel public (...), que fait le gouvernement?", interroge-t-il.
"Il dégraisse les corps intermédiaires de la communauté éducative en supprimant emplois-jeunes, aide-éducateurs, infirmières, surveillants. Il fragilise le monde du spectacle au nom d'une réforme nécessaire du régime de l'intermittence. Il démoralise les professions de santé et accélère la +fuite des cerveaux+ dans les universités étrangères", assure-t-il.
"Il profite du départ à la retraite des générations du baby-boom pour faire disparaître des secteurs de recherche, des spécialités médicales, des disciplines éducatives. Il procède à des coupes sombres dans les budgets du savoir et de la recherche. Et il résout la prise en charge des +vieux+ par la culpabilisation des familles, le rappel à l'ordre paternaliste des plus jeunes et la suppression d'un jour férié", ajoute-t-il.
"Cette guerre à l'intelligence est un fait sans précédent dans l'histoire récente de la nation", indique l'appel selon lequel: "loin de constituer un mouvement d'humeur corporatiste, ce sursaut des professions intellectuelles concerne l'ensemble de la société". "Nous devons interpeller collectivement nos concitoyens sur ce démantèlement des forces vives de l'intelligence", conclut-il.
Le magazine, qui est à l'origine de cette initiative (avec un journaliste de France Culture), publie 8.000 signatures, dont celles de Jacques Bouveresse, Jacques Derrida, Alain Touraine, Luc Boltanski, François Ozon, Claude Lanzmann, Arnaud Desplechin, Philippe Djian, Martin Winckler, Hélène Cixous, Patrick Chamoiseau, Marie Darrieussecq, Patrice Chéreau, Ariane Mnouchkine, Rony Brauman, Patrick Pelloux, Michel Rocard, Jack Ralite, de nombreux chercheurs du CNRS, de l’INSERM de l’INRA, de l’Institut Pasteur, ingénieurs, professeurs, maîtres de conférence etc.
"Nous publions les noms en notre possession avant le bouclage mais l'appel est d'ores et déjà signé par 20.000 personnes", selon le magazine où l'on se dit "surpris" de l'ampleur pris le mouvement, en référence à la rapidité avec laquelle les soutiens se sont manifestés. "Nous avons touché à quelque chose de sensible", a dit à l'AFP le directeur-ajoint de la rédaction, Sylvain Bourmeau, parlant de la "très forte exaspération" perceptible dans différents secteurs de la société civile.
TV5
On ne peut que remercier Sylvain Bourmeau et tous ceux qui ont la lucidité de faire ce même constat ; ils prouvent que l’intelligence n’est pas encore morte en ce pays. Que cela ne soit que le premier acte du travail et de la lutte (ou du travail comme lutte) qui doivent s’ensuivre afin que la situation change.
appel@inrocks.com . (indiquez dans le courriel vos nom, prénom et qualité)
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Anonyme
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Je viens de tomber sur l'intégralité du texte ; le voici, donc :
Contre la guerre à l'intelligence
Rien de plus proche aujourd'hui d'une université sans crédit qu'un laboratoire scientifique en panne, rien de plus proche d'un intermittent du spectacle qu'un doctorant précaire, d'un urgentiste en alarme qu'un juge débordé par les dossiers et les affaires, d'un psychanalyste interdit d'exercice qu'un archéologue privé de fouilles, rien de plus proche d'un architecte qu'un avocat ou qu'un médecin dont la liberté d'exercer est de plus en plus encadrée, rien de plus proche d'un chômeur en fin de droit qu'un artiste au Rmi, rien de plus proche, dans des salles vétustes et bondées, qu'un prof et ses étudiants.
Tous ces secteurs du savoir, de la recherche, de la pensée, du lien social, producteurs de connaissance et de débat public font aujourd'hui l'objet d'attaques massives, révélatrices d'un nouvel anti-intellectualisme d'Etat. C'est à la mise en place d'une politique extrêmement cohérente que nous assistons. Une politique d'appauvrissement et de précarisation de tous les espaces considérés comme improductifs à court terme, inutiles ou dissidents, de tout le travail invisible de l'intelligence, de tous ces lieux où la société se pense, se rêve, s'invente, se soigne, se juge, se répare. Une politique de simplification des débats publics, de réduction de la complexité : pour ou contre le voile ? Psychiatres ou charlatans ? Un policier dans chaque école ou des professeurs laxistes ? Juges de gauche ou flics sévères ? France d'en bas contre élites savantes ? Les artistes : fainéants ou profiteurs ? Depuis deux ans, la liste est longue des compétences et savoirs pratiques méprisés, des débats raccourcis, amputés de leur épaisseur et de leurs contradictions fécondes.
Le gouvernement Raffarin fait un usage simpliste et terrifiant des fameuses leçons du 21 avril : en pleine crise de l'Etat-Providence, dans ces secteurs les plus sensibles que sont l'hôpital et la santé, l'école et l'université, la justice et le travail social, la culture et l'audiovisuel public, au moment d'une fracture urbaine sans précédent entre des centre-ville riches et paisibles et des périphéries abandonnées, à l'heure d'une décentralisation culturelle accélérée et sans filet et d'une industrie de la culture qui modifie en profondeur le paysage intellectuel, que fait le gouvernement ? Il livre l'architecture, l'urbanisme et la construction d'un nouvel espace public aux grands groupes de BTP. Il dégraisse les corps intermédiaires de la communauté éducative en supprimant emplois-jeunes, aide-éducateurs, infirmières, surveillants. Il fragilise le monde du spectacle au nom d'une réforme nécessaire du régime de l'intermittence. Il démoralise les professions de santé et accélère la " fuite des cerveaux " dans les universités étrangères. Il profite du départ à la retraite des générations du baby-boom pour faire disparaître des secteurs de recherche, des spécialités médicales, des disciplines éducatives. Il procède à des coupes sombres dans les budgets du savoir et de la recherche. Et il résout la prise en charge des " vieux " par la culpabilisation des familles, le rappel à l'ordre paternaliste des plus jeunes et la suppression d'un jour férié.
Cette guerre à l'intelligence est un fait sans précédent dans l'histoire récente de la nation. C'est la fin d'une exception française : un simple regard chez quelques-uns de nos voisins européens, dans l'Angleterre post-thatchériene ou l'Italie berlusconienne permet pourtant de voir ce qu'il advient des écoles, des hôpitaux, des universités, des théâtres, des maisons d'édition au terme de ces politiques qui, menées au nom du bon sens économique et de la rigueur budgétaire, ont un coût humain, social et culturel exorbitant et des conséquences irréversibles.
Loin de constituer un mouvement d'humeur corporatiste, ce sursaut des professions intellectuelles concerne l'ensemble de la société. D'abord parce que la production et la diffusion des connaissances nous est aussi indispensable que l'air que nous respirons. Ensuite, parce qu'au-delà de nos métiers, de nos savoirs, de nos pratiques, c'est au lien social qu'on s'en prend, reléguant davantage encore dans les marges les chômeurs, les précaires, et les pauvres.
Et maintenant ? Fort de cette prise de conscience, il s'agit de partager les luttes et les mobilisations, de fédérer nos inquiétudes, d'échanger ces expériences alarmantes, et d'adresser au gouvernement une protestation solidaire, unifiée, émanant de tous les secteurs attaqués par cet anti-intellectualisme d'Etat qu'aucun parti politique, de droite comme de gauche, n'a encore entrepris de dénoncer. Chacun d'entre nous doit continuer à porter ses propres revendications, à élever ses propres défenses, mais nous devons aussi interpeller collectivement nos concitoyens sur ce démantèlement des forces vives de l'intelligence.
Pour le signer avec vos nom prénom et qualité : appel@inrocks.com
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Dqem
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J’ajoute que, pour ma part, il ne m’a malheureusement jamais été donné de réfuter le soupçon selon lequel, donner licence à l’anti-intellectualisme de se déployer était bien l’une des principales visées de la valorisation, habilement dirigée par la droite, de la « France d’en bas ». Et c’est faute de ce qu’aucune instance représentative ni personnalité médiatique n’ait su identifier que telle était l’unité implicite du mouvement politique amorcé par la droite, et dès lors, n’ait pu dénoncer publiquement celle-ci pour confronter chaque citoyen à ce dont il se rendrait responsable s’il ne forçait pas la classe politique à élever le débat plutôt que, pesant de toutes ses forces sur elle afin de la ramener bien bas – ce qui ne veut vraiment pas dire sur terre –, de lui demander d’être « sympa », qui a engagé la totalité du champ social dans un abêtissement sans précédant.
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Vinzzz
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Je ne peux que t'approuver tant dans ton envie de voir les citoyens s'exprimer que dans la réponse que tu fais à notre "ami démocrate" de l'UMP (martin). Continuons à nous exprimer même si les censaillons de l'UMP veule nous imposer leurs grands hommes et leurs grandes idées.
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Wandess
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Et surtout nous confisquer la parole, nous lancer des paillettes à la gueule pour pouvoir continuer à piller les richesses de ce pays peinard (puisque que NON ça n'a pas cessé).
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