mise en page par Génie

Un soir de juillet comme un autre, un océan qui en a vu des pires, une terrasse de café.

Plongée sur un groupe de personne discutant cinéma ( à défaut d'autre chose ) .

Quand soudain ( je sais, il manque un verbe : pour les protestations officielles prière de laisser un mot sur le forum qui n'attends que cela ).

Plan moyen.

-Il faut bien admettre que Matrix est un chef d'œuvre.

 
Contre-plongée sur Perceval

Mon mojito* a soudainement du mal à passer et je suis en passe de m'étrangler là, au bord de l'océan Atlantique, sous les yeux gorgés d'insignifiance de trente bobos spécialement affrétés pour mon plus grand déplaisir à cette terrasse.

Je me dois de réagir et si possible en évitant de me jeter dans l'océan tout proche ( par respect pour ma famille au moins et surtout dans un souci de respect de la propreté du littoral Atlantique ).

Quitter la table ? Rire au nez de la personne ?

Je feins l'ignorance réfrénant mon envie de hurler.

Ce qui me gêne dans ce film ( n'insistez pas pour œuvre, en plus d'être d'une capacité auditive limitée, je peux faire preuve de la plus mauvaise volonté du monde quand ce que j'ouis n'est pas ce que je veux ouïr : évidemment, tout dépends de la personne quand il s'agit de ouïr* ), ce n'est pas tant l'inanité d'un scénario pompeux pompant allègrement chez P.K.Dick ( ressassant ainsi les concepts mille fois galvaudés de la SF d'antan ), ni encore l'outrecuidance avec laquelle les références "philosophiques" sont pillées et déformées pour donner un emballage pseudo-culturel au tout contentant ainsi un public aussi large que possible ( "il faut que ça soit vendeur coco" ) : rien de tout cela ( avertissement sans importance : le pronom "rien" va revenir souvent dans ce texte ).

Mettons les choses à plat ( pas toutes ) : je ne suis ni pacifiste ni militariste, l'un relevant de l'immaturité la plus flagrante et l'autre d'une consternante fascination pour le pas cadencé. Je suis moi ce qui est déjà beaucoup tout en étant peu.

La violence est légitime dans certaines situations, n'en déplaise aux munichois de service de même qu'elle n'est pas une voie en elle-même ( amusant cette manie que j'acquiers à me répéter, l'âge sans doute ).

Du moins, pestent-ils contre la violence d'état : le mythe du gangster étant malheureusement encore trop vivace.

Toutefois, il est étrange de constater que les mêmes Munichois qui pestent et hurlent ( à tort ou à raison, je n'ai pas d'avis tranché sur la question ) contre certaines guerres sont souvent les premiers à encenser les navets ultra-violent comme Matrix : de là à dire qu'il s'agit d'une incohérence totale, il n'y a qu'un pas : pourquoi se gêner pour le franchir ?

Si je voulais être tatillon, je me lancerais dans un parallèle entre les tenues des différents protagonistes de ce film, tenues qui ne sont pas sans en rappeler d'autres tâchées de vrai sang elles (Cette manie de porter l'imper noir comme n'importe quel gestapiste venu, c'est d'une vulgarité )

Le chef qui ne se trompe pas et qu'il faut suivre aveuglément, le "pas de quartier" de mise, les coups de feu qui claquent, même les douilles encore chaudes ne nous sont pas épargnées. A force de me consterner, cette violence gratuite est presque arrivé à me lasser.

Marre de ces sombres navets américains, ou non, qui ne savent qu'étaler des banalités à tour de bras, montrer des armes rutilantes et des blondes décolorées à tous les plans et surtout fatigué que ceux-ci soient encensés par tous les critiques comme "précurseur", "hyper-trash-tendance-gore" voir même "film culte" ( je serais tenté d'enlever le te ). Marre de ces affiches criardes et vulgaires que l'on n'arrive même plus à discerner tant elle sont médiocres, vulgaires et sans charme.

Je dis assez, il est temps de réaliser que l'étendard sanglant ne peut plus être lavé à force d'être imbibé ( moi aussi d'ailleurs, mais les deux ).

Du fin fond de la salle obscure, je crie ton nom Michel Audiard.

Perceval ( version rose )

* ma nouvelle lubie éthylique.

** le lecteur perdu me pardonnera cet égarement graveleux et le mettra sous le compte de ma verve.