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mise en page par Génie

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Même direction

Il était un jour de juillet ensoleillé. J'ai du mal à imaginer que c'était il y a seulement quelques jours. Depuis l'été s'est transformé en automne, même si c'est un peu comme si le soleil brille toujours un peu à travers elle. Nous marchions chacun d'un côté du trottoir, dans la même direction, vers le bas de la rue, et à la même allure. Pour le même destination, mais cela nous ne le savions pas. Je l'ai perdue de vue, elle a pris à gauche, et moi tout droit. "Dommage" me suis-je dit. Dommage en effet, les filles qui me regardent comme cela ne sont pas légion, et il est toujours assez frustrant de ne pas savoir que faire dans ce genre de cas, ne pas trouver de solution pour que viennent les premières paroles. Si, bien sûr, j'avais songé à traverser simplement la rue, aller sur son trottoire à elle, me mettre face à elle, la regarder et me taire. Seulement sourire.

Elle prend à gauche. Et je continue tout droit. Un remake de ma vie me dis-je en continuant mon chemin. Lorsque ce sentiment que chacun regarde l'autre, mais à distance, et que cela n'est qu'un court croisement, je sais que malheureusement cela ne revient pas. Je mesure l'impuissance qui est la mienne. Trop timide et trop sage, trop courtois aussi sans doute, pour aller comme qui dirait à l'abordage. Et puis pas assez sûr de ma diction, de mon effet. Mais je me ressaisi et me jure que si dans la journée il se représente une situation similaire je rangerai mon orgueil de côté, mes peurs aussi, mais que je serai aussi parfait que je peux l'être. Laure à raison, les timides font peur, surtout ceux qu'elle décrit comme moi, on ne vient pas à eux, mais on se réjouit de les voir venir à nous. Je me répète cela, je ne doute pas de ses paroles, tant pis si c'est au prix de ma raison, j'adopte la sienne. Il te faut apprendre à ne plus écouter ceux qui bavent ou te jugent sévèrement, leur légitimité est infondée, ils ne te connaissent pas, je serai l'anticorps, le vaccin, je te lé répéterai autant qu'il le faudra, mais tu n'écouteras plus ces mauvais oiseaux et tu m'entendras me disait-elle la veille. Laure je t'écoute car tu me connais j'ai toujours voulu te donner raison et pour cela je tuerai les autres s'il le faut. Et en effet je les tue. Je suis, et personne ne pourra m'en empêcher ni me voler ce que je suis. Promis mademoiselle, je ne laisserai plus personne me saborder. Je ne me laisserai plus me couler. Je taierai la voix en moi qui me fait douter et tente si souvent de me détruire ainsi que me capturer dans ses filets.

Les rues brillent sous le soleil, j'ai un peu chaud, mais j'avance droit et non courbé. Je réussis à avancer, à être moi, sans douter de mes pas, mais sans non plus ressembler à ces faux types à la machoire crispée qui avance avec des airs de trader fou à qui toute la vie réussit, ni de BHL de province qui marche tels des cow-boy en balançant leur bras droit. Yes, je peux pour ainsi dire l'affirmer, depuis ce jour je suis de retour. Comme quoi ça aide quand même pas mal dans une vie d'avoir une meilleure amie. Même si celle-ci est une grosse merde qui oublie souvent de rappeler, lorsqu'elle apparaît c'est toujours pour me sauvegarder. Save. Et me recharger. Reload. Il me semble que j'ai du mal à me trouver, mais je viens de me croiser et je ne me lâche plus. Dommage que je ne puisse recroiser la jeune fille de l'autre côté du trottoire. Dommage que la vie ne soit pas plus clémente avec les indécis et les longs à la détente.

Mais il arrive que parfois qu'on en sursaute. Elle et moi nous allions vers la même direction. Nous poussons l'un après l'autre la porte de la même boutique. Nous nous échangeons des politesse et un sourire.

Dehors je l'attends. Nous partons ensemble, même table, même soleil, même bar et même bière.

 

 
 
Ecrit par Wandess, le Vendredi 9 Juillet 2004, 13:37 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".