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mise en page par Génie

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Du haut du blacon de David, regard sur Rome

Je glandouillais sur le balcon, un stylo entre deux doigts, comme si je tapotais sur une clope pour en faire tomber les cendres. La ville c'est distrayant me dis-je. La ville il s'y passe toujours quelque chose. En même temps la ville il ne s'y passe rien. Des autos sales passaient en bas dans la rue. Une contractuelle matait les pare-brise et les petits tickets. Elle alignait tous les trente pas comme une automate. Qu'était-elle venu se perdre ici? Toutes les cinq minutes un type ou une nana montait dans sa bagnole et disparaissait après une pause au feu. Le ville baignait dans le soleil, pour les étages du moins, en bas il n'y avait que la chaleur, le goudron poussiéreux, les gaz d'échappement qui glissait noirs sur le pavé bouillant et montaient se mélanger pour partir se bloquer sous le ciel au dessus des toits. J'ai regardé le chat de David commencer à massacrer une plante verte anoréxique attachée aux barreaux de la rembarde. Plus tard je lui raconterai que je n'ai rien pu y faire, que c'était trop tard, je suis arrivé mais c'était déjà fini. Il ne sera pas plus ému que cela, et moi non plus. Qu'est-ce que c'est au juste qu'une plante verte qui disparait dans une ville? Le chat de David est un malade. Les chats ressemblent souvent à leur maître.

 

Un type avec des dents à rayer le bitume est sorti de sa voiture. Il a remis ses lunettes. Lorsqu'une place se vidait elle n'attendait pas longtemps avant d'être de nouveau prise. Pas de répis. Ce ballet me faisait sourire. Moi je n'habite pas là. Il va donner sa monnaie au distributeur comme tous les autres, tête de rebelle ou non, ils sont bien domestiqués. Lunettes de soleil de tueur. Coup d'oeil dans la vitrine d'une boutique pour remettre ses cheveux gras, ajuster sa veste de Beigbeider, il remarque qu'il ne se tient pas très droit, sans doute à cause de la demi heure à tourner comme un poisson rouge en cage pour trouver une place à sa voiture brillant comme sa chevelure et sa montre. Il se redresse, se donne un air important. La ville est peuplée de gens importants dont la mort, même si elle devait être prochaine, mais aussi si on laissait le temps à ces importants de se réaliser, ne ferait pas pleurer grand monde. A-t-on souvent vu des clones manquer à grand monde? Des importants sans importance. Des êtres qui veulent être mais ne sont pas. La pauvre classe moyenne, broyée par ses rêves, broyée pas ses villes luxueuses qui demeureront bien après eux, mais sans eux. Ils donnent leur sang. La ville le prend. Une classe moyenne qui veut tellement ne pas ressembler à papa et maman qu'elle en est réduite à ressembler à ce qu'elle méprise. Une classe moyenne qui se lève chaque matin en se racontant qu'elle aime tout cela et repart défiler pour la journée, pour mieux se recoucher le soir, pas plus éclairée qu'au réveil, mais s'invente une vie culturelle intense à base de séances de vernissages minables, ou de première où le tout Paris soit disant serait allé la veille. Rome ressemblait-elle à cela avant d'être prise celle qui avait prise toutes les autres?

La ville est divertissante, ses habitants aussi. On peut passer des heures sur un balcons. Et chaque minute qui passe me conforte dans mon existence. J'ai fait le bon choix. J'emmène Camille boire une bière et me foutre ma raclée au billard.

 

 
Ecrit par Wandess, le Lundi 5 Juillet 2004, 23:29 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".