Où il est terrifiant de s’apercevoir que votre blog est une croûte qui ne vous correspond pas. Vous avez choisi l’antithèse de votre personne. Pas ce que vous détestez. Mais vous en donnez la coquille lourde et noire. Le superficiel. La gélatine du milieu. On a beau eu faire son Rousseau de pacotille, à deux milligrammes dans les foires et d’autres galaxies virtuelles (sans la prose, ni la présence d’esprit), vouloir se dévoiler "tel quel" la main haute et le ton ferme, on préfère après quelques tentatives s’immiscer dans un univers chaud, doux et un peu plus lâche: le blog virtuel. Prenons le au pied de la lettre, une grande rigolade. Que l’on se retienne de rire, ni même d’effleurer un sourire attendri, écrire un blog relève de la même démarche qu' une relation sexuelle. J’en vois déjà me jeter la pierre (me ramenant à ma frigidité récurrente étalée sur le net?). Toutefois, ne me croyez nullement adepte de ces théories qui ramènent à tout va tout thème de discussion au point central qu’est le sexe. Faux. Plus clairement: bloguer n’est pas " sexer" (parait-il selon certains lecteurs que je suis réac' alors je m’emploie à notre vocabulaire néo-libéralisme) mais c' est tout comme. Il faut être dans le "ton". Porter les sous-vêtements du moment, la couleur de l' été et pratiquer la position en top 3 des magasines. Or, en rester là serait totalement abject de ma part. Car il y a des (et heureusement) exceptions à la règle. Plus positivement ( car bloguer = se dévoiler = métaphore de la mise à nue = voyeurisme = métaphore du copulage / et comme toute comparaison au sexe est souvent lorgné comme dégradante- il vaut mieux en rester là), écrire et s' adresser, entreprendre la démarche "à...", le rapport à l' autre, égoïsme profond et ô combien recommandé de le cultiver, c' est alimenter le fantasme.
Exactement. Nous FANTASMONS les uns sur les autres. Fantasme pouvant tout aussi si bien se décliner en plusieurs palettes. Fantasme pas seulement sur les adeptes "filles" du journal virtuel mais sur tout type d’écriture. On a besoin de ressentir " avec" l’autre. Sa vie, son oeuvre, sa merde, sa baise, ses soucis. Qu’importe.
Du moment que nous tissons de légers fils entre nous. Des fils moches, des provocants, des attendrissants. On a perdu le contact tactile. On retricote avec des mots. Et des images.
Mais que le blogeur satisfait se lève. Le mien ne me satisfait pas totalement. Oh dans les grands pourcentages, si bien sûre. Mais il y a toujours cette frustration, ce léger goût, amer. Teintée de jalousie? Parfaitement. Non, pas que j’en culpabilise. Mais simplement et purement: égoïstement. Je ne suis jamais parvenue à écrire qu’un seul texte me correspond. A vrai dire, contenant tout la vérité. J' y parsème quelques onces de vécu, mais il est tant disparate, éclaté, jusqu' au nihilisme absolu de toute vérité, que tout cela ne veut à vrai dire plus signifier quelque chose. Je ne me suis jamais retrouvée dans l’écriture. Perdue souvent. Jusqu' au goulement d’eau en trop, jusqu' à la boulimie verbale, la diarrhée infâme.
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