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 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

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Lili en juin - Profil bas

Elle se regarde les fesses. Non, je ne veux pas l'empêcher d'être femme. Ado d'abord. Puis femme un jour, un jour où très certainement je ne serai plus là. Je ne veux pas la bloquer, ni lui mettre des tabous. Mais je ne veux pas qu'à douze ans elle se laisse abuser par un mec auquel elle voudra plaire, auquel elle donnera son corps pour s'assurer de son amour. Je ne suis pas fou. Non je ne deviens pas posséssif comme un père. Je tiens à elle c'est tout. Et je ne veux pas qu'elle soit comme toutes ses filles qui se donnent, mal d'ailleurs, pour se faire aimer. Je connais assez Lili pour savoir le besoin d'affection qu'elle a. J'espère qu'elle comprend. Qu'elle sera se défendre comme elle a su se défendre jusque là.

Elle repart dans le magasin chercher les bonnes tailles et remettre ce qui ne lui convient pas. Je prends un moment pour m'assoir sur un super pouffe orange fluo. Elle revient avec encore je ne sais combien de ceintres. Une femme et sa fille arrivent à leur tour. Je me retrouve avec une joli blonde de trente-cinq ans assise à même pas un mètre de moi. Je souris de l'idée qui vient de me traverser la tête : "on va essayer les cabines?". Mais ce n'est pas à moi que revient la première phrase. "Votre fille est charmante!" m'apprend-elle. Je ne vois pas ce qui lui fait dire cela, mais je souris, pour une fois que j'y arrive, je ne m'e prive pas. Je m'en fouts assez pour ne pas être angoissé. Phénomène plus étrange que j'ai remarqué depuis peu : avec Lili je suis en confiance. Pas d'angoisse, pas de peur, pas de stress. Avec Lili je suis quelqu'un, je ne sais pas qui, pas son père de toute évidence, mais je suis quelqu'un. Je m'assume bien. Je me sens socialement existant. J'ai des responsabilité et une fonction. Ensuite je suis entouré d'une personne qui compte sur moi, pour qui j'ai de l'importance. Avec Lili je ne me soucis pas du sens de ma vie. Lorsqu'elle débarque chez moi avec ses affaires pour y passer plusieurs jours je sais, dès l'instant où son doigt reste coincé sur la sonnette jusqu'à ce que je vienne ouvrir, que jusqu'à son départ je me poserai mille questions, mais aucune concernant l'intérêt de ma vie ou les causes de mon existence. A travers Lili je le sais, je découvre le syndrôme "jeune papa", ce syndrôme du jeune homme sans enfant et qui trouve en voyant une enfant en face de lui la fille qu'il aimerait avoir.

 

La blonde me parle des dernières tendances de la mode ado. Son ado doit avoir à peu de chose près l'âge de celle qui n'est pas la mienne mais pourrait l'être si je m'y étais mis dès l'âge de quinze ans. J'écoutes cette mère avec intérêt, imaginant la mère de ma fille l'emmenant acheter ses fringues. Voilà Lili sur cela qui bondit de sa cabine. Elle fait un tour sur elle même. "Tu en panses quoi Papa?".

_ Euh très bien ma fille... dis-je en me retenant de rire.

_ On le prend?

_ Ce n'est pas un peu trop? Enfin comment dire?

_ C'est ce qu'elles aiment porter! dit la blonde.

_ Je trouve ça un brin provoquant, dis-je.

Lili fait la moue et passe ses bras autour du cou :

_ Aller Papa, dit moi oui!!!

_ On n'y peut rien dit la blonde... Moi aussi je suis de votre avis... Mais c'est la mode... Elles ont passé l'âge que l'on choisisse ce qu'elles portent...

Je fais un geste de la main, j'abandonne la partie sur ce haut :

_ Bon, ça va pour une fois!

Lili se frotte les mains en faisant de petits saut pour retoourner à sa cabine. Je ne donne pas mon avis à la blonde sur ses principes d'éducation, même si j'ai très envi de lui demander si à son avis passé quatre ans elle pense que l'enfant peut porter tout et n'importe quoi. Mais je n'aime pas les esclandes. J'ai tort, car la voilà qui me narre sa conversion au port du string. "Au début moi je disais non. Même pour moi! Puis j'en ai mis. Et c'est très conforabtle à porter! alors quand ma fille a voulu en porter j'ai d'abord refusé... Je trouvais que c'était quelque chose de connoté sexuellement. Mais ça en fait c'est une vision d'homme. Un string en réalité ça n'est pas seulement sexy... C'est aussi très confortable à porter..."

_ Oui et puis c'est moins lourd vu qu'il n'y a pas autant de tissu!

_ Non c'est surtout le confort qui prime... me répond-elle très sérieusement.

Cette discussion aurait pu s'éterniser. D'ailleurs j'aurai été intéressé d'en apprendre plus, surtout visuellement, sur les strings de ma voisine de pouffe. Mais Lili semblait en avoir fini de ses essayages, et je choisis se prétexte pour m'eclipser. Non sans avoir profité pour récupérer le numéro de téléphone de cette femme pleine de principes d'éducation, très certainement active et jouissant d'une position sociale enviable liées à de très forts revenus. Bref, tout ce que j'aime! Lili était revenu de son crochet par les rayonnages pour y redéposer ce qui ne lui convenait pas, et entre temps la working-girl avait eu le temps de m'apprendre qu'elle était divorcée.

Nous aurions pu simplement payer et sortir avec les vêtements après cet agréable épisode. Mais c'était sans compter sur le talent de Lili pour rajouter sans cesse de nouvelles scène impromptues dans ma vie. Je venais de régler tous nos achats pour sortir du magasin lorsque derrière nous une voix grogna "Monsieur!". J'ai regardé le mec, un black pas très costaud, mais pas non plus très rigolo ni très souriant. J'ai vérifié d'un coup d'oeil pour m'en assurer. Il portait bien en effet un badge avec écrit "sécurité". Là j'ai su que ma première impression était la bonne. "Voulez-vous nous suivre Monsieur!".

Dans ce magasin, j'y avais déjà pas mal mis les pieds pour moi dans le passé. Je doute à présent que j'y retourne souvent. Mais pour cette dernière visite j'ai eu la chance, avec Lili, qu'on nous fasse visiter les coulisses. "Veuillez entrer Monsieur". Et nous sommes entrés. Un bureau comme u autre, un bureau à la con, avec un mobilier spartiate, gris, et des étagère métaliques. Le type est resté debout, bras croisés. Même après nous avoir prié de nous assoir. Lili se mordait les lèvres. Elle était décomposée. Elle n'osait même plus me regarder. Elle avait ses coudes serrés contre son corps et ses mains emmêlées sur sa poitrine. Pour un peu elle aurait sucé son pouce. Je lui ai pris sa main. J'ai passé quelques doigts sur sa joue. Le type était toujours là, du coup je n'osais rien dire, mais je voulais lui faire comprendre que c'était un mauvais moment à passer. Qu'on allait s'en sortir. A vrai dire l'éducateur que je suis aurait pu lui frotter les oreilles, lui dmeander ce qu'elle avait encore fait, mais ça arrive à beaucoup d'enfant de voler dans les magasins, mais ça ne fait pas pour autant d'eux des voleurs, ni des criminels. Plus tard je savais que je la gronderai pour marquer le coup. Mais là ça ne servait rien. Elle avait très bien compris toute seule. Elle se punissait déjà.

Une sorte de blonde est entrée dans le bureau. Une sorte d'excitée pour tout dire. Le genre responsable qui supporte pas qu'un mouche puisse voler dans son entourage. A son visage ça se voyait. Le genre de femme qui doit faire beaucoup d'efforts pour avoir l'air symptahique. Pas laide non, mais le genre frutrée de bosser dans un magasin, qui rêvait sa vie autrement, qui se voulait peut-être chanteuse ou comédienne. Peut-être artiste peintre ou encore dans la publicité. Elle a peut-être écrit elle aussi, même très bien, je ne sais pas pourquoi mais j'en suis sûr, elle voulait vivre dans le sud ou près de la mer, dans les îles peut-être, mais elle avait attéri à Maurepas. J'ai pas compris ce qui lui a pris. D'un geste de mépris elle a renvoyé le vigile dehors. Comme un garde chiourme. Comme au temps des colonies. Elle a attendu que la porte se referme et elle est parti dans un discours très sec, en parlant fort. Elle ne m'a rien dit. Non, tout était pour Lili. La blonde toute grise postillonnait, et pour un peu elle aurait soulevé les cheveux de Lili comme dans une tempête. "On l'a vu ton petit manège!" hurla-t-elle encore une fois. Là ça en étai trop. Profil bas me dis-je. Mais je me premis de l'interrompre. "Bien, si elle a volé des choses elle va les retirer et nous allons les payer... Je suis certain que vu la somme que nous avons dépensé dans votre magasin vous pouvez faire cela".

Elle me regarda sans répondre. Puis elle dit d'un ton désagréable : "Vous êtes son père?". Dire que ses amis lorsuqu'ils buvaient un verre avec elle le vendredi soir la crot sympathique ne puis-je m'empêher de songer.

_ Non je la garde lorsque sa mère travaille, répondis-je poliment.

_ Eh bien bravo, c'est plutôt réussi on dirait! D'ailleurs qui me dit que ça n'est pas vous qui lui avez dit de faire cela?

Elle nous regarda circulairement. Je sentais Lili sur le point d'exploser. Pour l'avoir pratiquer je savais que ça n'allait pas tarder.

_ Non c'est moi toute seule, dit-elle en se retenant encore.

_ Bien, fit la responsable. Je pense qu'on va pouvoir s'arranger. Tu vas retirer tout ce que tu as volé et ton baby-sitter va payer...

A ce moment là on a senti une odeur bizarre. L'odeur de l'autre possibilité que je n'avais pas envisagé jusque là. En quelques seconde le pantalon de Lili s'était trempé. La blonde s'est appuyé par dessus son bureau pour regarder. Elle a ouvert de grands yeux. A mon avis elle devait avoir râté le concours d'entrée à l'école de Beaux-Arts de Vienne. On l'a vu partir dans une fureur noire, nous accusant d'avoir tout manigancé pour lui faire predre son temps. "Mais c'est quoi cette petite fille mal élevée!".

_ C'est l'angoisse, fis-je toujours profil bas. Lorsqu'ellle est angoissée..

_ Et quand elle est heureuse elle vomit aussi?!!!!!! a hurlé la responsable de fer.

_ Elle en peut pas contrôler. Elle est énurétique...

_ De quoi.

_ Enurétique.

Là je ne sais pas ce qui s'est passé. L'hystérique s'est laissée tombée dans son fauteuille et a mis sa main devant ses yeux. Elle a appelé le vigile sans plus nous regarder. "Sors les moi s'il te plait " a-t-elle gémi en balayant l'air de son autre main.

Lili n'en revenait pas et moi non plus. Je lui ai fait mettre son sweat sur le siège de la voiture. Puis lentement j'ai vu son visage se relâcher tandis que ses yeux se remplissaient d'eau. Je lui ai sorti des kleenex. "Je suis désolée" a-t-elle murmuré avant de se moucher. "Je ne recommencerai plus" a-t-elle ajouté.

_ J'espère.

En réalité j'avais envi de la prendre dans mes bras. La consoler. Mais je savais que je ne devais pas. J'étais sensé lui en vouloir.

En arrivant on a mis ses fringues à la machines. Ainsi que les trois ensembles string et soutien-gorge pour minette de dix ans. Après avoir retiré les étiquettes.

_ Il n'y avait pas d'alarme dessus? fis-je

_ Non pas sur ceux-là...

Décidément ils cherchaient vraiment à nous créer des emmerdes ces gens là ne puis-je m'empêcher de penser. A croire qu'ils ne pouvaient pas nous laisser en paix. J'ai regardé ça de nouveau en les mettant à secher. Elle avait chouré de la lingerie rien qu'en dentelle, Angélique aurait pu porter ça.

 

 
Ecrit par Wandess, le Jeudi 24 Juin 2004, 19:10 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".