>
Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

Précédent - Suivant
Chasser ma peine, pur malt dans les veines

 Elle souffle dans mon oreille en rigolant. Durant un instant le bourdonnement s’apaise. Je m’accroche à ses mots, comme à un grappin lancé contre les parois pour sortir d’un ravin.

_ Ma mère a l’air en forme, murmure-t-elle pour n’être entendu que de moi. Tu vois, tu t’es inquiété pour rien…

Mon trou noir a le confort d’une bulle. C’est le paradoxe. Je suis comme tout le monde, s’il avait le confort d’un cachot féroce, je ne m’y laisserai pas aussi facilement emporter.

Reprendre la parole. Sortir de terre. C'est tout ce que je puis faire. Mais c'est au prix d'un effort bien réel.

_ Tant mieux. Tant mieux, dis-je. Tu as raison, je m’inquiète de trop parfois.

Elle me prend la main. Elle m’emmène dans le salon où son père vient à ma rencontre. Il m’échange une poignée de main. Il tente de ma parler. C’est assez terrible sur le moment. Je réponds simplement que je vais très bien. En esquissant un sourire. Il prend un air sombre, soucieux même. Mais il n’est pas de ces personnes impudiques qui ont dans ce genre de moment l’outrecuidance de répondre gravement : « On ne dirait pas ». Il fait mine de croire, il dit « tant mieux tant mieux ». Il parle d'autre chose. Je le bénis.

Nous nous comprenons assez bien dans l’ensemble lui et moi. Il y a même probablement quelque chose de semblable en nous. Sans doute que pour le savoir je devrais demander à Laurie. Il s’agit de son père, il s’agit de moi après tout. Qui nous connait mieux qu'elle?

Il me sert un whisky bien serré. De la main je réponds que j’accepte deux glaçons. Nous trinquons tous les quatre, installés autour de la table basse. La mère de Laurie nous regarde avec cet air protecteur qu’elle a souvent. Elle nous observe aussi. Elle semble chercher si tout va bien pour nous. J’essaie de paraître sinon heureux, au moins toujours aussi proche de Laurie. Je cherche sa main à tâtons. Je caresse ses phalanges sur le cuir beige du canapé. Elle saisit mes doigts à son tour. Nous reposons nos deux mains enlacées entre nous deux. Le pur malt me monte au cerveau. Il me réchauffe. Lors de mes crises je ne connais pas de meilleur remède. Je vais mieux. Il me semble reprendre des couleurs. Il me semble que mon visage se détache enfin de la couleur de la banquette.

 

 

 
Ecrit par Dangenne, le Jeudi 10 Juin 2004, 09:53 dans la rubrique "Nouvelles".