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mise en page par Génie

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Sarah épongeant mon front, soignant ma cheville meurtrie

Au loin, là. Là bas. Il a l’impression qu’ils sont seuls au monde. Les deux amoureux. Elle joue la câline, rigole et penche sa tête, elle est la grâce, elle est l’intelligence, elle est la littérature, elle est la poésie, également la poésie qu’elle n’a pas lu, celle qu’elle invente, celles des livres qu’elle n’a pas encore ouvert, si jeune, la poésie que je n’ai pas cherché en haut des étagère de la bibliothécaire.

 

Loin, je fixe mon horizon, il file vers le lointain, je le vois noir, je le sens qui peut devenir brillant. Là, lisse, pur et serein. Un temple. De vivants piliers… Correspondances. Charles Baudelaire.

 

Il lui déclare qu’il l’aime. Il lui murmure qu’elle est la plus belle. Il tremble, et elle aussi. Ils disent de confuses paroles. Ils ont une profonde et ténébreuse unité. Celle que je désirerais ne pas voir. Et pourtant…

 

Pourtant la clé. Cette clé. La clé qui illumine, la clé qui rend lisible, la clé qui rend à la nuit son immense et tendre clarté, sa douceur, son amour, sa langueur, sa saveur… Je m’agenouille et je prie au pied de la cathédrale. Je n’y entrerai pas, je demeurerai sous la pluie. Alanguie par tant de preuves.

 

Là, encore, le bruit d’un passant. Là, celui du vent. Là, le souffle d’une femme que j’aime et qui m’aime. Là Sarah essuyant mon front blême, épongeant mon réveil, comme au levé d’un enfant auquel elle sensibilise l'oreille.

 

Je vis avec des morsures.

 

« Où es-tu allé me demande-t-elle ? Qu’as-tu fait ? Quelles falaises as-tu encore tenté de monter ? ». Son parfum m’envahie, je n’ai pas la force de lui mentir, j’aime sa couleur. La force de son émoi. La douceur de son sourire. La vulnérabilité de son bonheur. Le timbre de sa voix. Ses mensonges et ses vérités. Sa simplicité. Ses lectures. Son amitié. Ses blessures.

 

Blessé sur le bord d’un trottoir, je maudis la création.

 

Elle répare ma cheville meurtrie. Mon cœur, le soigne, guéri mon visage et mon âme, décrit la beauté qu’elle trouve en mon torse, défait, comme une amorce, le premier bouton de mon pantalon. Change et rechange mille fois de pages. En vole, me fredonne une chanson.

 

Je tombe dans son sillage, sombre dans l’infinie, touche sa peau fraîche comme la chair d’une enfant, le vert colombe des prairies.

 

Elle transporte mon esprit et mes sens vers des cimes où, véritablement, je pourrais, à raison, enfin me sentir petit.

 

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Ecrit par Wandess, le Mardi 9 Septembre 2003, 03:41 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".