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mise en page par Génie

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Rester sur la route

Le garagiste m’a regardé comme si j’étais le plus grand criminel contre l’humanité. Je n’ai rien dit, mais il aurait au moins pu reconnaître que ça n’étais pas une voiture du tout solide. « Elles tiennent toujours aussi mal la route ? » ai-je demandé. Il a grogné, il devait se dire que je me foutais de lui. « La presse automobile salue unanimement sa tenue de route » s’est-il contenté de répondre. J’ai constaté que les journalistes devaient avoir reçu des dessous de table, à moins que nous ne soyons tombé sur un mauvais modèle. Il m’a semblé que mon garagiste ait préféré ne pas me répondre.

_ Si tout le monde était comme vous, a-t-il ironisé un peu plus tard, les garagistes seraient plus riches que les médecins.

_ Dans ce cas là je ferai garagiste, ai-je répondu.

_ Vous ?

_ Oui moi.

_ Remarquez pourquoi pas. Il n’est pas nécessaire de savoir conduire pour réparer des voitures…

_ J’ai quand même mon permis…

_ Vous savez quoi ? Vous devriez faire comme tous ces jeunes qui collent des ailerons et des pneus large sur leur automobile.

Je me suis gratté le menton.

_ Elle ne quitterait plus la route comme cela ?

_ On peut l’espérer…

Je n’avais pas trop envi de passer pour un blaireau sur la route. Déjà que je me faisais assez remarqué, il ne me paraissait pas nécessaire d’en rajouter. Dans la vie je suis plutôt du genre Maxwell Qualité Filtre. Je suis rentré à pied donc. A pattes il n’y en avait pas pour très longtemps. Malgré le froid je me sentais bien. Certes un peu ennuyé pour la voiture. Mais il fallait voir le bon côté des choses, la semaine précédente en venant rechercher la voiture le garagiste ne connaissait même pas mon nom. Désormais nous avions franchi ce cap. Nous arrivions même à bien discuter ensemble.

 

A sa manière de claquer la porte derrière elle, je me doute qu’elle est plutôt contente de sa journée. Elle m’appelle. « Tu n’as pas garé la voiture sur le parking ? » me demande-t-elle. A son sourire je devine qu’elle ne se doute de rien. Mais après lui avoir brièvement expliqué elle demande seulement quand on la récupérera. Je hausse les épaules.

_ A part ça tu as fait quoi ?

Il me semble être d’une très grande originalité lorsque je raconte mes journées. Les jours se ressemblent. Mais je ne m’en plaints pas. J’aime bien mes journées. Même si je rêve de faire autre chose assez souvent.

Je passe ma main dans sa chevelure brune. Elle est passée chez le coiffeur, et ça lui va vraiment bien. J’ai une femme en or avec moi, j’évite que ça se sache trop, histoire d’écarter les malins. Mais il est difficile de cacher qu’elle a un cœur énorme, une tête super bien faite. Elle est souriante, vivante, tendre. Lorsqu’elle me regarde je suis comme face au soleil. Elle brille comme une étoile. Sa peau est très douce et elle a un des plus beau visage de la création. Elle me prend par la taille et m’embrasse.

 

Elle remet sa culotte en me souriant. Je trouve que c’est petit chez nous. Je me laisse retomber dans le lit. Je lui dit que je m’occuperai de faire à manger. J’observe le plafond. « Il commence à m’énerver ce studio, j’ai l’impression de me cogner sans arrêt contre les murs » dis-je. Elle m’embrasse un pied en me disant que non. Lorsqu’on voit le nombre de journalistes qui font leur boulot n’importe comment, je n’arrive pas à comprendre que Sandrine ne trouve rien. Là je l’avoue ça m’excède. Certes je suis un peu subjectif en disant cela, mais j’ai la certitude qu’elle est une des toutes meilleure journaliste.

_ La meilleure journaliste pour enquêter, ou la meilleure journaliste au lit ? demande-t-elle en rigolant.

J’ai préféré ne rien répondre, je ne l’avais jamais vue enquêter. Elle s’est relevée, toute habillée, elle a embrassé mon ventre, puis est allée s’installer sur le canapé, prenant sur la table le journal sur la table basse. Elles lui vont bien ses lunettes. On s’est emmerdé pour qu’elle en soit contente, mais je trouve qu’elles la rendent tout à fait charmante. Sandrine quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle porte, est la face lumineuse de mon existence.

Je fouille. Je finis par mettre la main sur une boîte de haricots verts. La dernière. Le congélateur abrite encore quelques steaks hachés surgelés. Je souris. Sans raison particulière.

_ J’ai peut-être trouvé quelque chose, finit-elle par me dire.

_ Ah c’est quoi ?

Elle a reposé son journal. Elle se colle à moi, je sens son bassin tout contre moi. Elle glisse une de ses mains dans une poche arrière de mon pantalon. Elle caresse mon cou. Tire mon pull pour m’embrasser en haut du dos. « Tu resterais quand même fier de moi si je faisais de la télévision ? » murmure-t-elle. Il n’y a qu’elle pour se poser ce genre de question.

_ On t’a proposé quelque chose ?

_ Au hasard je suis allée à un casting. Ils m’ont dit que je leur convenais tout à fait… Ils doivent me rappeler dans les prochains jours.

_ Ils disent souvent ça non ?

_ Oui. Mais là ils m’ont eu l’air sérieux.

_ C’est quelle chaîne ?

_ Une petite chaîne du câble.

_ Et tu ferais quoi ?

_ Pas du journalisme. Ils cherchent quelqu’un pour présenter un magasine féminin. Ils ont dit que je correspondais tout à fait à ce qu’ils cherchaient.

Je suis resté assez décontenancé. Manger des haricots frais m’aurait bien botté, comme pouvoir changer d’air, partir en vacances, et pourquoi pas avoir une maison plus grande. Elle a tiré sur ma clope. « Tout cela si ça marche on pourrait l’avoir » a-t-elle soupiré.

Nous avons croisé quatre de nos doigts. J’avais du mal à y croire. De façon générale je me refusais à rêver sur ce genre de sujet. Pourtant, ce soir là, je m’endormis à côté d’elle en imaginant une vie où nous réussissions enfin à joindre les deux bouts.

Ecrit par Wandess, le Mercredi 17 Décembre 2003, 22:49 dans la rubrique "Nouvelles".


Commentaires :

  Jild
20-12-03
à 12:52

Très beau début

Certaines pages de tes nouvelles donnent vraiment envi de pourvoir lire un jour quelque chose de plus long. Un roman ou quelque chose comme cela. Si je ne m'abuse je crois que c'est ce que tu espère, et bien j'espère que cela se produira un jour et que je pourrai être le premier de tes lecteurs à me rendre dans une libraire pour acheter cela.

Je trouve que ce texte ferrait un formidable début à quelque chose de plus long.

Bonne continutation et accroche toi!

Jild

  Wandess
20-12-03
à 13:13

Re: Très beau début

Merci de tes encouragements mon cher!

Bonnes fêtes de fin d'année à toi aussi.

Wandess