Il m’a fallu avoir vingt-cinq ans pour tout réaliser je crois. Le titre de ce texte ne pousse pas à la lecture, mai tant pis, je n’imagine pas d’autre titre non plus.
Mon père. Ma mère. Voilà, c’est con, mais à quinze ans quelle importance avaient-ils ? Aucune. Du moins je ne leur en donnais pas. Contrairement à ma sœur, révolté strictement contre l’ordre de mon père, ma révolte allait plus loin. Moi j’en voulais au libéralisme, au capitalisme… Marx, aux programmes de la filière ES était passé par là. Et puis je n’étais pas dans n’importe quel lycée non plus. J’étais en ZEP, à Trappes, lycée de secteur. Bien que venant de banlieue pavillonnaire, j’allais là-bas. Voilà comment je me suis retrouvé à coller les affiches du PCF et de Jamel Debouze, un de ses tout premier spectacle, son cousin nous filait ça, en échange il nous faisait la promo du journal du lycée… Qui a le mieux marché des deux, je n’ose le dire… Trappes, la ville où j’ai tant galéré comme on dit, entre la médiathèque Anatole France, la gare, l’Intermarché près du lycée, le stade machin et le stade bidule… A Trappes, les rues, les squares, les stades portaient les noms d’anciennes stars de l’Union Soviétique (genre Youri Gagarine…), ou de militants célèbres de la cause des travailleurs, du Parti (on disait Parti, pour dire Parti Communiste). Comment ne pas être gagné par cela, je savais que mon père venait de la classe ouvrière, celle de la banlieue de Caen, des ouvriers de la SMN (Société Métallurgique Normande). Mon grand-père, après un expérience d’électricien commencée très jeune durant la guerre, qui le mena à électrifier la cathédrale de Chartres, à 40 m au dessus du sol, se retrouva en Normandie à la SMN comme cheminot, sur les réseau de cette compagnie nationale. Mon grand-père eu six enfants. Huit si on compte ceux qui n’arrivèrent pas à terme. Ma grand-mère, militante socialiste, passa toute sa vie à aider son prochain, ne se souciant pas, alors que les années passèrent, de la nationalité d’origine de ceux qu’elle aidait… C’était la glorieuse époque, on y croyait, Mitterrand n’était pas encore le traître, il était le nom en majuscule de l’espoir d’un avenir meilleur…
Moi j’ai atterri, jeune passionné d’histoire (il n’y a pas d’âge pour cela !) au milieu de cela. Si j’ai le temps un jour je raconterai comment j’ai vu le mur de Berlin tomber presque sous mes yeux. A Trappes la lutte des classes n’était alors pas encore finie. Entre les fumeurs de pétards, les résignés, les jeunes immigrés stressés, j’ai vite choisi mon camps. Plutôt que les vantards, j’aimais mes camarades communistes, souvent des enfants de militants, mais pas toujours, on aidait comme on pouvait notre prochain pour tel ou tel cours, on tentait de servir d’exemple. J’allais aux fêtes de l’Humanité avec eux… Moi l’ancien collégien désespéré par la bêtise maladive de mes camarades de classes (c’était l’époque NKOTB New Kids On The Block, il fallait écouter cela sous peine d’être un ringard, Renaud c’était pour les blaireaux, Goldman perdait des cheveux, U2 c’était de la pop, le rap et ces conneries là commençaient déjà à faire croire qu’eux seuls portaient la révolte… déjà…. avant même d’être récupéré… ignorant que Brassens était passé avant eux !), je trouvais enfin des personnes intéressées par d’autres choses que le futile. J’ai aimé le PCF au point de manqué d’y adhérer… Comme mon grand-père avant, et tant d’autres avant lui… Mais j’étais trop attaché à un certain nombre de chose pour le faire. Le PCF me semblait trop attaché à la destruction des choses, sans rien proposer en échange. J’avais lu Marx, vu la chute de l’Empire soviétique, visité les décombres de la RDA (pas encore devenue ex-RDA), je demandais de la clarté, mais rien ne semblait vouloir sortir. Déjà j’étais de gauche et sans parti. Mais tout occupé à vouloir faire respecter, déjà, le droit, la liberté des travailleurs, je ne voyais pas du tout que le monde changeait, que le communisme, même réformé, n’avait plus son mot à dire. Je me foutais bien du communisme d’ailleurs, seul la trop grande puissance des capitalistes me posait réelleme,t problème. Alors que je rejoignais la gauche, je ne voyais pas qu’une nouvelle gauche extrémiste voyait le jour, que l’ancienne gauche se laissait séduire pas l’extrême droite. A dix-huit ans j’entrais en Fac d’histoire, mais je n’allais pas tarder à voir surgir le pire. La fausse gauche, celle des amphithéâtres, celle qui prétend être réellement à gauche, plus que quiconque, mais qui vient de la haute bourgeoisie, celle qui se masturbe en méprisant la planète entière. L’Union Soviétique était tombée, on croyait à gauche être débarrassés des débiles mentaux, mais non, la génération Besancenot n’était déjà pas loin, se moquant de tout, désirant avant tout faire sa petite « révolution » et se moquant bien d’incarner la révolution. Leur idée « foutre la merde, passer à la télé, plutôt qu’apporter quoi que ce soit aux travailleurs, seul leur importe le pin’s ». Des paires de claques, voilà, c’est tout ce que ces mecs là méritent.
à 20:13