Lolita est apparu dans ma vie il y a de cela plus de quinze ans. Elle a commencé en fait à apparaître dans ma rue pour commencer. Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle est partie pour une autre rue, plus proche de la forêt cette fois, avant, encore plus tard de prendre un joli studio plein d’humidité dans une troisième rue. Entre la première rue, et la troisième, du temps est passé, nous nous sommes parfois perdus de vu, nous nous sommes aimés, détesté, il y eu des malentendu, des fous rires… Alors qu’une fois je lui disais que je ne voyais pas mon avenir sans elle (entendez par là un avenir où nous ne nous fréquenterions plus…), elle me répondit cette phrase qui est restée dans ma tête : « C’est sûr, si un jour je me marie tu seras là, et quand nous aurons des enfants, ils grandiront ensemble ». Seul et unique fois où j’ai entendu Lolita envisager de se marier un jour et d’avoir des enfants…
Lolita je l’ai vu la première fois à côté d’un camion de déménagement. C’était fin août alors, je me souviens, il faisait chaud, la rentrée des classes approchait. Mon père, toujours prêt à aller filler un coup de main à son prochain était allé prêter un escarbot au père de Lolita qui en cherchait un. Ainsi j’appris dès ce jour, que la jolie demoiselle aux grands yeux verts et aux cheveux châtain serait dans ma classe. Et qu’elle s’appelait Lolita. Bien avant la lecture de Nabokov, inutile de préciser que déjà ce prénom me faisait rêver et m’inspirait incroyablement. Finalement, deux jours plus tard nous étions déjà devenus amis, et le jour de la rentrée, nous nous présentions côte à côte à la grille de l’école. L’instituteur nous laissant nous installer librement, Lolita légèrement apeurée de ne connaître personne dit « on se met à côté ? » et ainsi cela fut fait. Devant nous deux copains, derrière deux autres… Mes meilleurs copains… Lolita entra dans le groupe ce jour, la première fille en quelque sorte, bientôt rejointe par d’autres… Des années collèges en dents de scies étaient déjà à l’horizon, le groupe qui se formera après ce jour là durera jusqu’en troisième, non sans conflits, jalousies, querelles d’ados, flirts, ruptures, une tentative de suicide, un voyage en Allemagne, un accident de mobylette, quelques redoublements.
Dès la sixième je fus amoureux de Lolita, qui l’était aussi, mais n’étant pas d’un naturel très doué je me contentais de cette révélation de sa part et ne fit rien (pour connaître mes autres exploits de la même veine, je vous renvoie aux deux textes où il est question de doigts à mordre…). S’en suivit engueulades, brouilles, nous restions avec le même groupe d’ami sans nous parler, elle me trouvait « gamin ». Elle sortit avec deux de mes copains, les laissa sur les genoux (dont un en nous apprenant ensuite qu’il avait un trop gros nez, que c’était chiant pour embrasser, et que d’ailleurs il embrassait mal…). Enfin, vers la fin de la quatrième, la grande réconciliation avec Lolita! J’ai le droit au titre de « mec le mieux », ce qui est toujours bon à prendre même si j’en voulais un peu plus… A la fin de cette année de quatrième je pars en camping avec ma famille, j’en reviens sans doute transformé (on s’imagine cela sur l’instant), je suis sorti avec ma première fille (Anne-Marie from Amsterdam !), puis celle-ci une fois partie, une seconde, puis une troisième (toujours aussi peu francophones, mais qu’importe j’en profite pour relever mon médiocre niveau en allemand !). Mois d’août dans le Sud, toujours pas Française, mais francophone, je me mets à trouver le Belgique vachement bien… L’année de troisième me voit m’éloigner de tout mon groupe précédent d’amis, je redeviens par contre très proche de Percy (un autre voisin), Lolita reste avec les autres au collège, dans la même classe, mais nous nous voyons de plus en plus en dehors de l’établissement. Si jusqu’en quatrième nous étions tous dans la même classe, ce n’est effectivement plus le cas… Lors des quinze premiers jours de juillet, nous partons tous, nous les anciens amis, puis les nouveaux, passer quelques jours en camping (les parents d’un copain avec leur caravane font office de chaperons)… Tout le monde a bien pris ses affaires, bien tout préparé, moi aussi, seulement je suis le seul con qui oublie sa tente… Lolita, âme charitable, me propose de partager la sienne (sans en avertir les chaperon évidemment)… Il arriva ce qu’il devait arriver, notre premier baiser, nos première caresses, et je me souviens de ma main caressant sa poitrine sous son T-shirt, qu’elle me proposa finalement de retirer… Le début des plus beaux jours de ma vie, l’attente m’avait rendu fou d’elle… Echange de promesse et de mots d’amour. Lolita.
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