Lettre au magasine Capital afin de faire suivre à Monsieur Pébereau (PDG de BNP Paribas)
--> Quand donc ces hommes là cesseront de vouloir dicter la politique de ce pays et retourner à leur petite vie de boutiquiers?
Ayant été passablement énervé par des propos tenus par Monsieur Pébereau, et reportés dans le magasine Capital, complètement énervé j'ai décidé d'écrire à ce journal en espérant avoir le droit de m'exprimer tout autant que cet homme. En espérant être retenu par le magasine pour cela, quoi qu'en en doutant fortement (texte trop long... ça fait perdre des pages de pub...), je me permets de profiter du site pour reproduire mon courier... Qui sait, peut-être que Monsieur Pébereau passera pas ici...
« Dans Capital de juillet 2003, vous reportez en page 10 une affirmation de Monsieur Pébereau qui m’a passablement énervée. Ce cher monsieur se permet d’affirmer que les enseignants en économie devraient suivre quasi systématiquement des stages en entreprises pour qu’ils sachent de quoi ils parlent. Je vais donc me permettre de répondre au patron de la banque dont je suis client si vous me le permettez en participant au courrier de vos lecteurs :
1/ Contrairement à ce que Monsieur Pébereau semble ignorer, la filière ES s’appelle ainsi car cela veut dire économique et sociale. Par conséquent il ne s’agit pas uniquement de cours d’économie, mais aussi de sociologie. Enfin s’il jetait un œil au programmes officiels (mais l’a-t-il seulement fait avant d’ouvrir sa bouche ?), il verrait que cet enseignement est une initiation visant à ce que les élèves puissent appréhender les enjeux soulevés dans notre société concernant ces domaines d’études.
2/ Il n’est pas question d’enseigner l’économie, mais les science économique (et aussi sociales). Le scientifique par conséquent est un individu qui étudie un sujet, or dans aucun domaine scientifique la proximité avec le champ d’étude n’est considérée comme scientifique. Il existe aujourd’hui c’est vrai de très bon historiens de la Révolution Française qui ont vécu cette période et ont même participé aux événements de 1789 et 1792, mais bien d’autres sont nés après et leurs ouvrages n’en sont pas moins remarquable. Encore faut-il entrer dans une librairie pour s’en rendre compte.
3/ Les enseignants de SES (sciences économiques et sociales) contrairement à ce que pense Monsieur Péberau ne sont pas des intellectuels (ce qui serait un gros mot par les temps qui courent) ne connaissant rien à leur sujet d’étude. Pour avoir passé un bac ES en 1996, je peux témoigner que les trois enseignants de SES que j’ai eu de la seconde à la terminale savaient de quoi ils parlaient, puisqu’ils venaient tous de d’autres horizon. La première enseignante avait dirigé durant plus de quinze ans un hôpital public. Vous me direz que ce n’est pas une entreprise privée, cela dit un hôpital est nettement plus important pour la santé des gens de ce pays que la banque de Monsieur Pébereau pour ses clients, même si ce type d’établissement n’est pas soumis à la loi des marchés. Mais nous avons dit SES, et la dimension sociale n’est pas une chose à négliger donc. Mon second enseignant quant à lui venait de la BNP (tient donc !), et le troisième avait créé sa PME avant de la revendre et de passer dans l’enseignement. Monsieur Pébereau semble donc ignorer de quoi il parle, je ne pense pas que ces enseignants maîtrisant leur sujet soient une exception.
Malgré ces trois points je tiens à préciser certaines choses qui pourraient intéresser les lecteurs et aider Monsieur Pébereau à être moins dogmatique lors de sa prochaine intervention publique (car lors des dîner chez lui nous nous en moquons). Certes les programmes de SES mettent l’accent sur les théories économiques, la lecture de textes d’auteurs. Certes Karl Marx a une place très dérangeante dans ces programmes, place que beaucoup de libéraux voudraient voir disparaître en totalité (cela corromprait la jeunesse…). Seulement je me permets de rappeler qu’il est question de présenter les sciences économiques et non préparer à travailler dans le monde de l’entreprise. Le bac général prépare des esprits, il prépare également à l’université, il forme des lecteurs, des gens sachant avoir un discours théorique, réfléchi, argumenté, en vu d’une réflexion pratique. L’étude de la pensée marxiste, ne serait-ce que pour la place historique qu’elle a jouée, a toute sa place, tout comme d’autres théories non libérales qui ont participé au progrès social. Il me semble qu’en réalité ce qui puisse gêner Monsieur Pébereau se trouve là.
Quant à vouloir plier des enseignants de SES à des stages obligatoires, je trouve que c’est là bien mal dissimuler un désir de profiter d’une main d’œuvre forcée (STO ?) à moindre coût. En tant qu’enseignant dans le primaire, je me demande pourquoi Monsieur Pébereau ne propose pas qu’il nous soit obligé d’adopter un enfant en difficulté de lecture…
Monsieur Pébereau, comme bien d’autres patrons de vôtre genre, vous utiliser votre statut de patron de grande entreprise afin de dire tout et n’importe quoi à tout bout de champs, lisez par exemple, ce serait déjà un bon début. Réfléchissez avant de prendre la parole, ou alors contentez-vous de vos petit marchandages pour rendre l’usage des chèques payant et ne venez plus nous cassez les oreilles avec vôtre philosophie de comptoir qui témoigne d’une ignorance insupportable. »
à 22:38