>
Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
 Ecrits de la vie...   Fiction   Les aventures de Paul-Henri   Nouvelles   Z 

mise en page par Génie

Précédent - Suivant
Il faut tout le temps écouter mon grand-père.

Publié pour la première fois le 17 février 2004 sur La puissance de la révolte d'un enfant dans un corps d'adulte

« Il ne faut pas m’en vouloir ». Je courrais après elle à travers l’appartement. Pourquoi avais-je pris un appartement si grand. Enfin elle s’arrête, me regarde. Si on peut appeler ça regarder. J’imagine qu’à ce moment elle me verrait bien entre quatre planches.

 

J’en ai marre. La voila en train de me faire une crise pour deux assiettes mal rangée. Si je l’avais trompé, si j’avais critiqué sa maman, si j’avais fait pipi sur le bord de la cuvette, je comprendrais. Mais non, je me fais engueulé parce qu’il faut mettre les assiettes bleues en dessous des jaunes dans le placard de gauche de la cuisine. Est-ce ma faute si je préfère les assiettes bleues ? Les jaunes, je ne les aime pas, malgré « qu’elles aillent mieux avec la nappe turquoise ». Vous trouvez pas vous que les assiettes bleues sont mieux pour la nappe turquoise ?

Et c’est reparti. Elle sort la valise. En général, toute personne normalement constituée ferait sa valise. Mais elle non. C’est une fille. Alors elle fait ma valise. Je la vois ouvrir les tiroirs, mettre mes caleçons, mes chaussettes… déjà plus de place. Faut dire que moi, je vis ici. C’est pas comme dans les films. J’ai des fringues, un paquet de fringues. Malgré tout, elle insiste. Sort un autre sac (le terme valise au début du paragraphe, c’était pour faire joli, je n’ai que des sacs, c’est plus confortable pour voyager que la valise). Je sens que cette histoire d’assiettes va rester dans les annales. La voilà qui emballe le quatrième sac.

Elle fait cela avec tant de rigueur. On croirait qu’elle veut ranger l’appartement de ma présence. Elle a fini avec mes vêtements. Je lui fait remarqué ma chaîne hi-fi, installé au milieu du salon. Quand à me faire virer, autant que ce soit elle qui range mes affaires. Je la vois ouvrir le placard, sortir un sac Ikea bleu. Je lui fais non de la tête. Elle sort de l’appart. C’est bon, elle s’est calmée. Elle va prendre l’air je pense.

Huit minutes après, la revoilà. Elle a dans les bras un tas de carton. Au-dessus, celui d’origine de ma chaîne hi-fi. Je ne pensais pas qu’elle accumulait tant de chose dans la cave. Avec une facilité déconcertante, loin de tout habitude féminine, elle emballe tout ce qui faisait de ce lieu mon chez moi. Elle arrive même à emballer mon téléviseur 110 cm de 35 kgs et mon ordinateur. Assis dans ce que l’on peut maintenant appeler son canapé, je la regarde, je profite les bras étendus, écoutant Joseph Haydn sur son petit poste laser. Je voulais me casser d’ici depuis longtemps. De toutes les façons Paris et cette fille n’étaient pas pour moi. Mais me faire virer ainsi au bout de 3 ans…

 

Elle s’approche de moi. Je me dis que c’est bon, qu’elle va revenir. Je n’ai plus besoin de m’inquiéter pour savoir où dormir ce soir. Elle descend sa main le long de mon torse, frôle ma ceinture. Je commence à bander, près à lui attraper le cul. Elle glisse sa main dans ma poche, en sort les clefs de ma voiture, et se barre.

Je vais me chercher une bière. Je fouille au fond de ma glacière de camping. Elle y a partagé équitablement le frigo. J’ai un demi morceaux de gruyère, trois tranches de jambon, cinq tomates. Faut dire que le frigo est souvent vide. Je balance tout ça par terre au milieu du salon, et saisit une bière au fond de la glacière. Je vais m’appuyer au rebord de la fenêtre. Profitant de ma Guiness à température idéal, je la regarde s’essouffler à remplir mon break. Heureusement que je me suis acheté un break, c’est pas dans ma Clio qu’elle aurait mis tout ça.

 

C’est fout ce qu’on accumule en si peu de temps. Je vois mes classeurs de cours de lycée et d’IUT au milieu du couloir, attendant le prochain de ses voyages en ascenseur. Je ne savais même pas qu’ils étaient là. Pourtant, elle, elle les a retrouvé. Il faut dire que quand je me suis installé avec elle, je n’ai pas réfléchi au jour où il faudrait remuer tout ce bordel. Elle remonte. Me tend ma clef. Me demande celles de l’appart. Je lui file le trousseau, sans oublier d’en retirer mon porte-clef de Virginie Ledoyen en sous-vêtements.

 

Ma voiture est pleine à craquer. Je me mets au volant. Sort mon téléphone portable. Je scanne le répertoire. Arrivé à Fred, j’appuie sur le bouton vert. Il a pas de copain en ce moment, je ne le dérangerai pas. Il est tout de suite ok, super enthousiaste. J’accepte sa proposition de soirée, pour me changer les idées dit-il. Avant de démarrer, je redescends de la voiture. J’ouvre le coffre. J’en sors la moitié des choses inutiles qui le remplissent, et les mets sur le trottoir près du tas de poubelles. Je choppe les bières restantes, retourne à l’avant et les poses  sur le siège passager. Il risque d’être souvent vide dorénavant celui-la. Plus de long voyage à aller voir sa con de mère dans la Creuse.

Mon grand-père ma souvent répété « telle mère, telle fille. ». Rompre pour une histoire d’assiettes mal rangées, ça c’est bien du genre sa mère. Putain, je devrais plus souvent écouter les vieux.

 

La haine monte en moi. Elle semble oublier que c’est moi qui lui permets de vivre ainsi à Paris dans un F3. Enfin, lui permettait… Je passe à la banque. Je bloque tous les comptes communs. Je supprime tous les prélèvements automatiques. Tu vas voir ma belle quand tu vas devoir payer ta facture de téléphone de 3000 balles. Je passe à l’agence, modifie le bail. En 2 heures, j’ai réglé 3 ans de ma vie. Ca a été plus facile que ce que j’aurais pensé. Je regrette maintenant de ne pas l’avoir fait plus tôt.

Je quitte le périphérique, direction l’A6. Fred habite Nantes. Je sens que ça va me faire du bien un peu d’air, loin de la grande capitale. Je tapote le numéro de ma secrétaire sur le tableau de bord. Deux minutes après, sa douce voix retentit dans les haut-parleurs de la voiture. « Elsa, je pars une dizaine de jours en vacances. Y’a pas besoin de moi au bureau ? ». J’attends sa réponse et lui propose de passer quelques jours à Nantes. C’est convenu, elle m’y rejoindra le lendemain. Pendant 2 ans, j’ai vu cette petite allumeuse trémousser devant moi ses sous-vêtements tous plus exotiques les uns que les autres. J’ai pu l’entendre raconter à des collaboratrices le contenu torride de ses nuits. Je m’imaginais la faire jouir alors que je faisais l’amour à Bénédicte.

C’est bizarre de tout reprendre à zéro. Avec Bénédicte, ça parlait enfant, mariage, retraite. C’était pas parler, c’était nous faire flipper. Et puis soudainement, elle a commencé à devenir ma mère. A m’emmerder quand je regardais un film parce que j’avais pas enlevé mes pompes. A me couper quand je parlais, pour me rappeler tel ou tel rendez-vous.

A 28 ans pourtant, j’avais tout réussi. Ma boîte d’informatique était leader en Poitou-Charentes et Pays de la Loire. En la revendant aujourd’hui, je pourrai vivre tranquille jusque mes 60 ans au rythme d’une Jaguar neuve tous les ans.

Je ne comprenais plus. Pourquoi avais-je quitté Angoulême pour retourner en région parisienne ? Pourquoi avais-je suivi cette fille, au point de m’engueuler avec tout mes potes et associés ? Je faisais le calcul : si je voulais trois enfants, il faudrait que je rencontre ma prochaine copine aujourd’hui, que je lui fasse le premier gamin dans moins de deux ans, et qu’elle ait moins de 25 ans. Histoire de ne pas avoir 60 ans quand le dernier quitterait la maison. Je me disais qu’à ce rythme, il fallait mieux que je rencontre une conne, lui fasse un gosse et en obtienne la garde. Je me voyais déjà rédigeant les petites annonces : « Entrepreneur recherche femme de prestige pour reproduction sociale ».

 

Je me réveillais au milieu du salon de Fred. Une fille était dans le lit, plutôt mignonne, plutôt nue. Je ne me souvenais plus de ma soirée, j’avais assez mal à la tête. Je regardai le réveil : 6 h 18. Trop tôt pour se lever. J’avais plus envi de dormir. Je glissai mes doigts entre les jambes de ma belle partenaire qui bientôt se frotta longuement dessus.

 

 

 

Découvrez le monde de pix sur... 

La puissance de la révolte d'un enfant dans un corps d'adulte.

 

 

Ecrit par Genie, le Mercredi 18 Février 2004, 17:28 dans la rubrique "Nouvelles".


Commentaires :

  guizmoune
04-03-04
à 16:36

mmmm

Bin didonc, ça c'est de l'histoire (vécu ?). J'aime surtout la chute, toujours le sexe... mmm mmm

Bises, Guizmounette


  Pix
05-03-04
à 00:00

Re: mmmm

Merci, ca fait plaisir de voir un peu de personne passer ici et en plus faire l'effort de mettre un commentaire.
Ce n'est pas de l'histoire vécue, je n'ai que 18 ans, mais ma vie est tout de même un beau bordel. C'est inspiré donc d'une certaine manière de la complexité actuelle de mon existence.

Quelqu'un qui apprécie le sexe, et mes chutes. Ca fait plaisir, et c'est rare.

Bises, @+ jespere.
Pix.


  guizmoune
05-03-04
à 09:19

Re: Re: mmmm

Pix,

Merci, et c'est vrai que j'avoue aimer le sexe, je suis régulièrement ton joueb, j'aime tes histoires, elles me font sourire ou même parfois rire, ce qui distrait un peu mon existence pâle.

Passe à l'occasion !

A bientôt, Guizmoune


  Pix
06-03-04
à 00:42

Re: Re: Re: mmmm

Je suis content que mes histoire face rire ou sourire, sortir de l'existence pâle, comme le plaisir de voir les commentaires gens qui apprécient.
Encore merci.