Elle me regarde...
Elle me regarde. En traversant le hall du lycée, je sens ses yeux glisser sur moi. Elle utilise une méthode que tant de fois j’ai utilisé, et je ressens ce que toutes les filles que je fixais ont dû éprouvé. A cette seule différence que cela, à moi me plait, tout comme (à) cette fille.
Voila deux mois qu’elle joue à chat. Je te croise, tu me croises. Tu me regardes parfois. Pas toujours, tu aimes te sentir désirée. Alors, on continue ce jeu. Le chemin le plus cours n’étant jamais le meilleur, tu trouves toujours moyen à me croiser là où tu n’as rien à y faire, ou bien est-ce moi qui ne suis pas à ma place ? Au début je voulais venir te voir, te parler, te rencontrer, sûrement t’aimer, peut-être te baiser. Maintenant, je ne désire plus tout cela. Je veux jouer à ce jeu encore bien longtemps.
Malgré tout, j’attends. J’imagine que notre mauvaise foie va bien un jour être dépassée. Qu’agacé, l’un de nous deux fera un geste. Sache que j’attends ce moment avec impatience. Mais pourquoi viendrais-tu ? Me demanderas-tu l’heure, me demanderas-tu une cigarette, me demanderas-tu un baisé… Je me suis acheté une montre, j’ai toujours des cigarettes même si je ne fume pas et mes lèvres sont prêtes à accueillir les tiennes. Je suis prêt, je t’attends.
Une fois de plus tu me croises. Tu t’es encore trompé de couloir (pour me voir ?). Tu m’as vu, tu t’approches, tu lèves les yeux sur moi. Tu vois que je te regarde et ta paupière se rabaisse. Tes yeux s’intéressent maintenant à l’horrible lino gris du sol. Une fois encore je t’ai croisé, ton corps est passé à moins de 15 centimètres du miens. Et pourtant rien ne s’est passé.
Je te croise deux, trois, quatre ou même cinq fois par jour. Et toujours cette gêne réciproque, ce plaisir, comme interdits.
Je me renseigne sur toi. Tu es plutôt connue. Tu as un petit ami depuis plusieurs années déjà. Je ne comprends plus rien. Pourquoi alors tenter de me voir, m’observer tout le temps ?
Je t’ai encore vu jeudi. Je parlais à une copine au premier. Du second, pensant que je ne faisais pas attention à toi, tu me regardais de la mezzanine. Quand je te croise, qu’il y a tes amies, elles m’observent, me relookent, me jugent, tu rougies, tu baisses les yeux.
Enfin. Tu es venue me voir. Tu ne m’as pas demandé de cigarette. C’est la fin de quelque chose d’important, mais le début d’autre chose, encore plus grand, encore plus merveilleux.
Nous sommes partis boire un verre. J’ai fais ta connaissance. J’ai découvert la personne merveilleuse que tu étais.
Merci pour ce magnifique moment. Merci pour ce baisé. Je tiens à toi.