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mise en page par Génie

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Cécité et l’Antique

    Au milieu de nulle-part, environné d’horizon, Cécité joue. Il danse et il court, les yeux fermés, et chacun de ses gestes esquisse de nouvelles vies et de nouveaux jouets, qui s’achèvent seuls dans l’élan de création, bordés d’éclairs et de musique.

L’Antique arrive, d’une marche sûre et légère ; on distingue le reflet de son ombre dans le coin de son œil.

Cécité danse, toujours insouciant, au milieu de ses créatures. « Tu n’as encore jamais parlé » lance Cécité, de la même manière que ses autres créatures.

L’antique stoppe sa marche : « Ça fait sept ans que j’attendais cela ».

Cécité ralentit sa danse surnaturelle, et l’achève sur un pause de combat. Accroupi avec une jambe d’attaque, les bras disposés en figure de proue, il se retourne vers l’antique, et dévoile à vitesse constante ses yeux fous au fond desquels se meut l’inquiétant chaos des forces pures. Le visage nu et souriant, innocent jusqu’à la provocation, il reçoit l’Antique.

 

 

Cécité : Sais-tu ce que c’est que jouer ? Jouer, c’est s’enfoncer un couteau dans la plaie dentée et la remuer dans tout le corps pour faire parler les boyaux, le genou, le sexe ! Ce repli charnel qui passe parle pour tous mes attributs.

 

L’Antique : Ont-ils besoin de parler dans la douleur ?

 

Cécité : Tu sais bien ce que je veux dire ! Il te suffit de fermer les yeux...

 

L’Antique : Oui, fermer les yeux pour jouer avec les couleurs.

 

Cécité : Jouer... Je pourrais tout aussi bien dire jouir !

 

L’Antique : Jouer provoque la joie tout aussi bien que la souffrance.

 

Cécité : Mais il ne s’agit pas de vivre... Seulement de VIVRE PLUS !

 

L’Antique : As-tu déjà seulement vécu ? Coïncider avec soi-même, refluer à fleur de peau, être enfin à la surface...

 

Cécité : Et toi, dans ta recherche de l’équilibre absolu, as-tu seulement touché une fois toutes tes limites ? As-tu seulement trouvé la syntaxe à l’origine de tout ?

 

L’Antique : J’y suis presque, chaque jour je parcours la moitié du chemin. Un rien m’en sépare...

 

Cécité : Il t’en séparera toujours. Ce néant menacera ton équilibre à perpétuité.

 

L’Antique : C’est aussi une tâche noble que de réduire la blessure à presque rien.

 

Cécité : Il en sortira toujours une note.

 

L’Antique : Elle sera si fine qu’elle n’aura rien à envier au silence.

 

Cécité : Je veux une symphonie de la destruction !

 

L’Antique :  La peau qui s’étire pour recouvrir ses béances devient orgiaque.

Je veux, comme toi, une philosophie de la joie.

 

 

 

 

 

Ecrit par Orianne, le Vendredi 26 Mars 2004, 18:45 dans la rubrique "Nouvelles".