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mise en page par Génie

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Astrologues, journalistes, psychologues... Et quoi d'autre encore?

Dans Charlie du 24 novembre Charb compare le beau métier d’analyste politique avec celui d’astrologue. Quand cette belle profession ne sait rien dire pour occuper nos oreilles, elle brode des scénarios. Exemples. Bush réélu aura fort à laisser une belle image dans l’histoire, du coup le petit père des Américains aura très envi d’être un gentil modéré comme nous en Europe on le voudrait. Résultat de ces prévisions : Colin Powell dehors et la fofolle Condoleeza Rice le remplace pour filer un peu de tonus à une diplomatie américaine qui jusque là ne s’était pas faite assez d’ennemis. En Palestine Arafat est mourant durant des jours. Puis enfin il a le courage de ses opinions et laisse tout le monde plein d’espoir. Surtout les analystes politiques. Que voient-ils dans leur boule ? Sharon n’a plus d’excuse à la création d’un Etat Palestinien puisque jusque là il le refusait parce qu’Arafat était un terroriste. Comme si, écrit Charb, Sharon n’était pas assez grand pour trouver d’autres bonnes excuses pour continuer une guerre qui est son fond de commerce et fait vivre ses amis marchands d’arme. En France, cette fois, ils nous ont expliqué aussi qu’un Chirac élu en 2002 avec les voix de la gauche au second tour ferait une politique de rassemblement national, fort nécessaire après le séisme du FN au second tour. Le résultat on le connaît. Puis après les élections régionales on nous en a sorti de belles aussi, des analystes racontant que là Chirac était vraiment devant une France divisée institutionnellement et qu’il lui faudrait faire ce qu’il n’avait pas fait en 2002. Ils ont vu une preuve à la nomination de Borloo ministre. Alléluia ! Mais depuis quels changement ? Alors pourquoi ces journalistes nous racontent-ils tant de conneries ? Sont-ils incompétents ? Sont-ils seulement des benêts comme l’écrit Charb ? Poussons encore plus loin pour comprendre ce qui se trame!

Qu’elle est la fonction des voyants ? Est-ce de prévenir l’avenir ? Non. La bonne copine qui refile une adresse d’astrologue à sa copine qui vient de se faire larguer par son mec croit-elle aux prévisions qu’on lui a faites et qui ne se sont toujours pas avérées ? Non, c’est la réponse. Alors pourquoi donne-t-elle quand même cette adresse ? Réponse : parce qu’elle lorsqu’elle y est allée ça l’a remise sur les rails. Autrement dit cela lui fit du bien. Un je ne sais quoi y a contribué, quelque chose dans la tête, l’odeur du papier d’Arménie cancérigène, les lumière rouges tamisées par des tentures exotiques et tout le tralala y compris celui de la tasse à café et de la boule de cristal 16/9 écran plat. Voilà la fonction des analystes politiques.

Souvent il y a un type devant un ordinateur portable. Il n’est pas au devant de la scène. Lui son rôle c’est les chiffres. Il lit plein de truc dans ses chiffres, et notamment croit-il lire l’avenir à travers les bouleversements de l’opinion. Dernière nouveauté en date le type qui surfe sur internet et va sur des blogs politiques chercher la tendance. La tendance de quoi ? Des personnes qui écrivent des tas de conneries qui correspondent à ce qu’ils espèrent, à des résultats qu’ils appellent de leurs vœux ? Bien que non crédible, cet analyste surfeur se développe. Il meuble l’antenne et grâce à des sources à la mord-moi-le-nœud réussit l’exploit d’occuper l’antenne et même de faire sourire ses collègues du plateau. Au devant, il y a le journaliste qui occupe le plus l’antenne. Parfois on en a même deux. Vous savez, un peu comme le truc du gentil et du méchant flic. Il y a celui qui dit qu’il faut rester prudent. Puis on a celui qui divague. Il appelle un correspondant : « Alors, est-ce qu’on pourrait espérer que… ». Et en duplex l’autre répond qu’à l’heure actuel on ne serait rien dire », mais qu’ici tout le monde l’espère et que une jeune femme lui a dit que. Retour sur le plateau, tout le monde semble rassuré, on nous dit de rester avec eux et de rester prudent. Simple occupation de l’antenne lorsqu’il n’y a rien à dire ?

Non. Il y a quelque chose d’une messe, quelque chose d’incantatoire. Cet exercice journalistique, en psychanalyse je crois qu’on appelle cela un truc transitoire*. En bref c’est simple. On a des téléspectateurs devant soit qui espèrent un truc qu’il n’y aura pas (par exemple que même si la gauche gagne il y aura des changements le lendemain). Genre que Kerry soit président, que le conflit Palestinien soit réglé et que Sharon cesse d’être un boucher, que Chirac donne au électeur de gauche un peu de l’espoir qu’ils avaient et on gâché en votant tout éparpillés. Pour ces gens la réalité n’est pas acceptable dans l’état. Comme par ailleurs sans doute pour les journalistes politiques du plateau. Déçus les journalistes ne se rendent pas compte de ce qu’ils font dans la meilleure hypothèse. Dans la moins bonnes ils font leur boulot : préparer l’opinion à l’inacceptable pour elle. Car il faut garder le téléspectateur avec « la pêche ».  Si on est sur TF1 on dira qu’il faut qu’il soit encore capable d’avoir assez le moral pour aller acheter du coca quand on le lui ordonnera dans la page de publicité à suivre.

Les journalistes vont donc involontairement ou volontairement préparer le citoyen-consommateur à accepter l’inacceptable, ou bien le faire rêver à un monde meilleur (fin de guerre au Proche-Orient par exemple). Pour cela on va leur proposer un scénario rêvé, un scénario idéale. D’une part comme ils rêvent les téléspectateurs reste. D’autre part ça le prépare à un scénario acceptable. Fait rêver quelqu’un, il en restera toujours quelque chose : un espoir. Or c’est important, un téléspectateur qui n’a plus d’espoir ne tarde pas à se suicider, et ça fait moins d’audience pour Yves Calvi.

Son émission, toute intéressante qu’elle soit, est symptomatique de ce nouveau genre, elle fonctionne souvent sur des scénarios idéal de la situation avec des « mais est-ce qu’on ne pourrait pas ? » qui laisse croire à un monde meilleur. Parce que lorsque le monde meilleur ne vient plus des citoyens, les journalistes se sentent obligés de le porter. Le métier de journaliste n’est plus uniquement d’informer. Ils ont appris à divertir, à faire les couvertures de Paris Match pour nous laisser imaginer qu’on se tape tous Laurence Ferrari ou Claire Chazal. A nous faire rêver. Et maintenant à nous faire accepter la réalité**. Faut-il les en blâmer ? Peut-être pas. Mais on leur demande au moins qu’ils en aient conscience. Qu’ils inventent un nouveau mot pour qualifier leur métier. Journaliste ça ne leur convient plus.

* Si une personne compétente peut nous informer à ce sujet ce serait très intéressant ! Merci d’avance.

** Finalement est-ce si nouveau ? Ne racontaient-ils pas en 1914 que tous les jeunes du contingent étaient heureux d’aller faire la guerre et qu’ils étaient en liesse ? Alors même que l’historiographie a prouvé depuis le contraire.

 

 

 

 

 

 

Ecrit par Wandess, le Mercredi 1 Décembre 2004, 13:19 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".


Commentaires :

  Anonyme
13-01-05
à 16:36

ah bon c'est cancérigéne le papier d'arménie?

  Wandess
04-02-05
à 08:22

Re:

Ah ouais, je l'ai appris moi aussi. Même que c'est très sérieux. Je cache pas que ça m'a flanqué le moral à zéro en l'aprenant. Je croyais bien que c'était le seul truc à pas être toxique. Pas de chance...