Ludivine est une jolie fille. Elle est bonne, elle est méga bonne. C’est une très jolie fille. Ludivine vit dans un petit appartement en centre ville. Elle n’est pas vraiment seule, elle a Mistigri son chat. Mistigri est un gros chat qui fait tomber les plantes, arrache les sacs poubelles, pisse sur le sol. Mais Ludivine l’aime quand même. Elle a quelqu’un sur qui passer ses nerfs, quelqu’un à chérir. Mistigri lui permet de se sentir humaine. Mais Ludivine a besoin d’un homme. Son chat est plutôt ingrat. Elle le gronde en lui faisant des bisous, et lui se casse en la griffant au passage. Ludivine a besoin de savoir qu’elle est belle, elle a besoin d’entendre que l’on a besoin d’elle. Ludivine veut se sentir nécessaire.
Comme par enchantement frappe alors Romain, garçon aussi perdu qu’elle.
« Excusez-moi. Quand je fais ma vaisselle je suis devant ma fenêtre. Et à force de vous voir fumer votre clope sur le balcon, je me suis dit que ce soir je ferrais ma vaisselle plus tard et que d’abord je viendrais fumer ma clope avec vous. Vous voudriez ? »
Ludivine est sciée, Ludivine est dans un roman.
Romain est venu comme ça, comme il l’a dit, parce qu’il y a pensé. Et Ludivine rêve « Love Story », « Roméo et Juliette » et « 37°2 le matin ». Elle les a d’ailleurs dépassé les 37°2. Ludivine est chaude, Ludivine veut vivre la passion.
Ils font l’amour. Romain est étonné de tant de précipitation mais il a accepté, il sait que certaines choses ne se refusent pas.
Et Ludivine lui dit : « Nous étions fait pour nous assembler. Quel temps fou nous avons perdu l’un sans l’autre. » Dans la tête de Romain ça fait : « Mais nous nous sommes trouvés. » Mais il ne veut pas le dire. Il refuse à baratiner s’il n’a pas vérifié.
Comme il n’a rien dit Ludivine fait maintenant la moue. Il ne peut pas louper ça.
« Ben Ludivine qu’est-ce que tu as ? C’est quoi cette tête toute moue que tu me fais là ?
- J’ai perdu mon enthousiasme. »
Bam. Quand l’une des personnes au lit ou dans une relation dit ça, c’est qu’elle compte sur l’autre pour la remotiver. Elle lance un défi.
Romain se demande s’il va le relever. Jusque là tout est venu sans qu’il ai eu a demander, ni même à désirer, donc, il se demande si accepter de jouer ce jeu là.
Il pense qu’il va lui ramener des fleurs, qu’elle va lui dire, ou tout au moins se dire, qu’il n’a rien trouvé de plus original. Il sait que s’il ne lui en ramène pas elle le lui reprochera, à voix haute ou basse, peu importe. Il a déjà mal à la tête. Il pense qu’il y a des relations qui ne sont pas bonnes à penser.
Romain se lève. Romain s’habille. Ludivine lui demande ce qu’il fait. Comme ça se voit qu’il s’habille et que ça se devine qu’il va se casser, il dit juste : « Puisque je ne mérite ou ne vaut plus ton enthousiasme. », lui fait une révérence et part.
Sur le chemin du retour Romain rit plutôt en lui, enivré. Son salut lui a plu.
Sur son lit Ludivine se croit laide tout à coup. Ludivine veut se trouver belle. Il faut qu’elle lui plaise. Elle le veut. Elle veut sa passion. Elle veut devenir son icône.
Le lendemain, en sortant de son travail Ludivine passe chez Romain. Munie de son sourire et de son entrain de bonne commerçante, elle se sent irrésistible. Aujourd’hui neufs mecs lui ont foutu une main au cul, six ou sept lui ont fait un clin d’œil et ou une petite apparition de langue, onze lui ont demandé son numéro de téléphone. Ce n’est pas ce petit gars qui manquerait de tomber sous son charme !
Ludivine sait très bien faire celle qui se donne à désirer. Elle remonte ses stigmates, les petits muscles à gauche et à droite du nez au dessus de la bouche, ceux qui remonte le petit bout de joue qu’elle aimait bien pincer à son chat, à défaut de n’avoir un enfant à qui le faire. Elle fait aussi briller ses yeux au jus de citron et se recourbe les cils pour agrandir son regard. Ludivine est attractive, juste à être consommée. Et ses lèvres sont brillantes comme si une eau fine s’y éperlait.
Ludivine vient se vendre. Ludivine veut l’envoûter. Ludivine va le faire bander. Ludivine veut lui faire payer le prix fort.
L’interphone grésille chez Romain. Il est devant « Mauvais genre » et ça l’emmerde. Il appuie sur pause, se lève péniblement. Comme il se sert de ses deux mains pour se dévautrer de son canapé, il met sa cigarette à la bouche et la fumée lui pique le nez et les yeux. Il ouvre la porte comme ça, grimaçant du nez en remuant les yeux.
Ludivine se tiens là, toute pétillante.
« Tiens t’es redevenue enthousiaste ? », lâche Romain qui, ne sachant que dire, joue la rancune du lendemain.
Le sourire de Ludivine ne se décroche pas. Il ne doit pas se défaire ; elle doit se vendre. Elle doit y arriver.
Alors elle dit : « Oui. J’ai encore envie de me fumer une ou plusieurs cigarettes avec toi. Et puis ça n’engage à rien. »
En disant ça elle entre.
Ce n’ai pas très éclairé. Romain aime bien se barricader. Ca l’aide à mieux s’envoler.
Dans la pénombre ne sont éclairé que le mur et le porte manteau et qu’un court instant. Ludivine y dépose son veston et son sac et allume.
Ludivine sort son paquet de cigarette pour en tendre une à Romain. Comme son paquet est très fort serré dans la poche arrière de son jean moulé, Romain a eu envie d’y mettre sa main à la place. Alors il refuse la cigarette, dit à Ludivine qu’il a bien envie d’elle plutôt. Ludivine est heureuse. Elle pense au feu de l’amour. Ludivine ravive sa flambe.
Tous deux aiment à se consumer. Consommation. Passion.
Ils se sentent exister.
Mais Romain aime comme on fume, par habitude.
Au début Ludivine s’en conforte. Quand elle sent comme un décrochage elle rentre avec des nems et un nouveau porte jartelle et ça redémarre, mais bien tôt rien ne lui va plus. Ludivine attend un retour. Elle est maintenant sûr de mériter d’être aimé, elle n’est pas si sûr que lui l’aime comme elle le mérite. Romain ne voit pas quoi de plus lui donner. Il lui donne son temps, son oreille, son épaule, sa queue. Romain dit ne pas comprendre.
« Je voudrais que tu me rapporte des fleurs dit Ludivine. Que tu m’offres des petits hauts ou des culottes sexies.
- Je t’ai offert des chocolats la dernière fois.
- C’est toi qui les a tous mangés !
- Tu m’as dit que ça te ferrai grossir ! »
Ludivine a perdu son sourire depuis un sacré bout de temps.
La frustration est trop forte, elle lui dit : « J’ai besoin de faire une pause. »
Ludivine pense qu’il suffira de quelques secondes pour que Julien se languisse d’elle et accours réclamant suppliant tête basse queue haute. Elle boue déjà devant l’opportunité de lui faire remarquer quelle chance il a d’avoir une copine indulgente comme elle.
Elle sort, ferme la porte, descend à peine quelques marches de l’escalier. Il va bientôt venir. Il va bientôt accourir la rattraper.
Romain fume une clope.
Ludivine remonte les marches, rouvre la porte, va sur Romain en lui sourit très fort genre effet « Vous avez gagné le gros lot ». Elle va pour l’embrasser. Romain la pousse : elle a failli se cramer sur sa cigarette. Il la regarde fixement et la mitraille : « Si ta pause est finie la mienne a encore besoin de temps, de bien plus de temps.
- Tu rigoles bien sûr !? dit Ludivine avec un gros effort pour ne pas perdre la tête du gros lot. »
Mais non, Romain ne rigole pas quand il pense aux réclamations et exigences matérielles qui lui ont été faites. Romain ne sait pas trop ce qu’est « Aimer » mais il refuse la définition qui provoque ce genre d’attitudes là.
Si Romain est calme, Ludivine carbure à la vittel. Le soir même, elle appelle donc Romain.
« Voilà. Ben toi et moi en fin de compte c’est fini. J’ai un peu bu ce soir, je suis sorti avec un garçon et je ne te trouve plus aucun plus qui fasse que je sorte avec toi plutôt qu’avec un autre.
- Parce qu’avant t’en trouvait un ?
- Mais bien sûr imbécile ! Ca fait mille fois que je te dis que je n’aime que toi ! Tu serais pas un peu sourd d’oreille !? » Elle raccroche violemment.
Ludivine attend que Romain rappelle.
Romain pense.
Ludivine rappelle : « Je te dis que c’est fini et c’es tout l’effet que ça te fait !? Je te dis quand même que je t’aime et tu ne cherches pas à me rattraper ! »
Romain ne répond rien. Il se demande si « Aimer » voudrait dire se donner le droit de faire chier l’autre. Il se reprend. S’il ne s’était pas donner à aimer elle n’aurait pas pris toutes ces dispositions. Romain ne sait plus trop ce qu’on gagne à être aimé. Il pense pas grand chose.
De son côté Ludivine, frustrée par le grand blanc, a raccroché.
Elle jette le téléphone sur son chat. Puis, prise de remord, elle le prend dans ses bras et lui fait des petits bisous.
Le chat se casse.
Ludivine reprend le téléphone. Elle doit se rattraper. Elle va être très tendre.
La ligne est occupée.
Un second chat qui s ‘échappe. Ludivine s’y refuse. Elle refuse l’échec. Elle rappelle toutes les trente secondes.
Romain est toujours à penser. Que son téléphone n’est pas raccroché, il ne l’a même pas remarqué. Romain pense les relations pas bonnes à penser.
Son téléphone portable sonne. La nouvelle technologie a ce plus qu’il peut être joignable, dérangé, même occupé. Romain se lève.
Le portable est caché sous « Le Monde » dans la cuisine. Le temps d’y arriver il ne sonne plus. Romain décide de prendre son téléphone dans la poche. Il n’aime pas se lever pour rien. Mais en faisant ce geste il est interrompu par une autre sonnerie. Romain a un télé message de Ludivine.
« Avec qui tu parles depuis des heures ?! Tu n’as pas couru appeler ta sœur pour lui raconter tes petits malheurs quand même !? »
Ludivine est très énervée. Son coup de tendresse a complètement foiré.
Romain, tout de même bienséant, veut rappeler. Comme le portable ça coûte cher il appelle avec la ligne. Il voit juste qu’il a oublié de raccroché. Il n’en pense rien. La ligne de Ludivine est occupée.
Romain lui envoie juste ce message : « Message bien reçu mais ligne occupée. »
Il éteint son portable, décroche la ligne, cette fois bien volontairement.
Romain ne veut plus être dérangé.
Ludivine qui a de suite voulu le rappeler est désappointée.
Ludivine décide de prendre sa revanche. Elle l’ignore une journée et le soir met son petit haut et son ras-de-cul sexis, se grandit et affine ses jambes sur hauts talons. Ludivine a décidé d’aller draguer en boîte.
Ludivine a besoin que Romain le sache.
Coup de portable, elle dit : « Devine comment je suis habillée ! J’ai une petite brassière rouge qui me remontent les seins et un petit short qui me fait les fesses à point. Et tout ça ce n’est pas pour toi. »
Romain est blasé. Il dit tout simplement : « Ne va pas te prostituer quand même. T’es belle ne t’inquiète pas. »
Ludivine jubile. Elle croit avoir entendu un compliment.
De ce fait elle se sent encore mieux. Elle va faire tourner la tête à plus d’un ce soir.
Ludivine se prend quelques mains au cul, des bisous anodins.
Ludivine est surexcitée. Elle se plaît tant.
Maintenant elle va rentrer.
En sortant un mec bourré arrive sur elle. Il la trouve belle, il lui dit. Il lui effleure un peu la joue, passe sa main sur sa poitrine et l’autre à l’entre deux-jambes.
Ludivine se sent agressée. Elle crie et elle fuit.
Elle rentre en pleurant. Les mecs sont tous des salauds, ils n’ont que le cul en tête. Ludivine jure ne jamais être qu’un morceau de viande. Elle est un jeune cœur fragile.
Ludivine appelle Romain.
Comme elle pleure et dit qu’elle vient juste de se faire violer, il va la chercher.
Il la trouve sur le bord de la route, toute recroquevillée à fumer une clope. Comme elle a les genoux ramenés à la poitrine il voit sur le bord de son short sa culotte et quelques poils qui dépassent. Il évite tout de même de lui faire remarquer. Il prend Ludivine contre lui et la console.
« Pardon, renifle Ludivine, de t’avoir dérangé. Mais je n’avais que toi que je pouvais appeler. Y a que sur toi que je peux compter. »
Comme elle tremble comme une feuille Romain se sent responsable de ce tout petit oiseau fragile. Il dit ce qu’elle attend : « Mais t’es folle ! Tu ne me dérange pas. Après ce qui t’es arrivé ! » Ludivine n’aurait pas craché sur un « C’est moi qui suis honoré que tu aie composé mon numéro plutôt qu’un autre. » mais elle est tout de même satisfaite.
Il la protège. Elle se blottit et remet quelques larmes.
Romain se sent vivre. Il ne s’est jamais senti aussi nécessaire.
Ludivine est la jeune princesse sans défense. Elle se trouve bien dans les bras de son chevalier. Le scénario et les rôles décidément lui plaisent.
Ludivine l’embrasse très fort, le conjure de la ramener chez lui. Seule, elle n’est pas sûr de pouvoir survivre.
Romain lui passe son pull et ils se lèvent. Comme Ludivine n’arrive plus vraiment à bien marcher avec ses trop hauts talons, Romain la porte.
A l’entrée de l’appartement le héros n’en peut plus. Il voudrait la poser à terre mais Ludivine se serait endormie.
Romain a monté cinq étage, ouvert trois serrures et a toujours Ludivine dans ses bras. Romain est vanné. Il pose sa belle dans le canapé et elle se serait réveillée.
Ludivine veut dormir auprès de lui.
Puis Ludivine a trop chaud. Elle retire son tee-shirt et sa culotte. Elle caresse le ventre de Romain, lui léchouille les oreilles. Romain l’embrasse et elle écarte un peu les jambes. Ludivine a la peau sucrée. Romain ballade ses lèvres et ses mains. Ludivine enlève son caleçon pour mieux le saisir. Romain va et vient de sa main. Ludivine ronronne. Romain se hisse sur elle.
« Là s’en est trop.» Ludivine n’est pas d’accord. « Je viens tout juste de me faire violer et toi tu veux me faire l’amour. Tu veux me baiser, comme tous ces gros porcs. Tu ne me respecte vraiment pas. » Ludivine se lève et se rhabille. « Je ne suis vraiment qu’un trou pour toi. » Du couloir elle crie encore. « Tous les mecs vous êtes bien les mêmes. Tous des obsédés. Rien qu’une bitte, pas de cœur. » Elle claque la porte.
Romain est exaspéré. Il est bien soulagé aussi. Dans cette étreinte il avait zappé l’idée de la capote et il ne sait pas quel mec vient de pénétrer sa Ludivine. Il est inquiet aussi du coup. Il imagine comme un viol est conséquent.
Il est trop inquiet, il veut aller chez elle.
Romain n’a pas à aller trop loin pour la voir : Ludivine est dans le hall devant sa boîte au lettre en train d’écrire un mot.
Romain lui demande ce qu’elle fait là et Ludivine se jette contre lui et le serre en pleurant.
« Je suis si seule. Je ne sais pas quoi faire. Je me sens sale. »
Romain la remonte et fait couler un bain. Il lui pose sur le petit tabouret des vêtements larges : « Comme ça, de tes morceaux de peaux, aucun ne pourra en voler. » Ludivine ça ne la contente pas excessivement.
Ludivine entre dans l’eau, se plaint un peu de la chaleur et se tait enfin.
Ludivine n’a pas fermé la porte de la salle de bain. Romain le fait pour elle : « Excuse-moi mais si tu me donnes à voir mes yeux vont être intéressés alors je préfère fermer. » Ludivine en a les joues rougies.
Ludivine est bien contente de s’être faite agressée. Elle y aurait pensé plus tôt si elle avait su qu’en découleraient de si jolies phrases.
Romain se fume un joint. Il voit le mot qu’écrivais Ludivine dépasser de son petit sac. Il tire le papier, le déplie : « Cher Romain, je pense que nous aurions pu être de bons amis. Nous aurions même pu être de bons amant. Mais tu ne me mérites pas. Tu ne fais attention ni à moi ni à rien d’autre. Tu n’aimes que toi. Tu es un égoïste. Et moi qui t’aies toujours tout donné et rien reçu, je te dis aujourd’hui adieu, attristée. Bisous quand même. Ludivine. P.S.: Si tu passes demain évite le matin car je vais aller au commissariat pour porter plainte. »
Romain a besoin de lire une seconde fois, une troisième même.
De la salle de bain Ludivine l’appelle : « Mon amour viens me voir me dire de jolis mots. Je m’ennuie toute seule. »
Romain va la voir. Il s’assied sur le tabouret à la place des vêtements qu’il pose alors sur ses genoux.
Ludivine se sent toute puissante. Elle croit ce chapitre gagné.
« Tu es drôlement mignon » lui dit-elle. Elle est euphorique, l’éclabousse un peu.
Romain est hors-jeu. Il a encore les mots qu’il vient de lire dans la tête.
Ludivine lui caresse les cheveux, sort du bain, vire les vêtements posés sur les genoux de Romain et s’y assied à la place. Elle l’embrasse, gigote. Romain s’humidifie.
« Tu sais je t’aime dit-elle. Si tu me fais l’amour tu ne pourras jamais me faire penser à ce violeur. On s’aime trop pour se laisser abattre pour ça. » Elle fait glisser l’une de ses mains dans le short de Romain.
Comme elle sait y faire Romain oublie la lettre.
Ludivine lui enlève tous ses vêtements. Ludivine trouve ça terrible de faire l’amour sur le tabouret de la salle de bain. Dans le bain aussi c’est bien.
Ludivine est très heureuse. Sa réalité est aussi belle qu’une fiction. Il y a des drames, des déchirements de cœur et surtout il y a le « Tout est bien qui finit bien ». Ludivine se régale de déclencher les réconciliations.