Les pins semblent nous encercler. Derrière la maison, sur la terrasse, passées quelques habitations en bois, la forêt court au loin, l’horizon se perd dans un labyrinthe de troncs fous et d’épines vertes. Au matin, sous le soleil, cet horizon brille. Lorsqu’un court orage passe, l’horizon pleure, chaud malgré tout et sûrement. L’humeur devient humide. Nos peaux sont brillantes. Avant que le soleil revienne poudrer tout cela de nouveau de son empreinte de lumière. Je sors sur la terrasse. La pluie a déjà disparu. L’eau avait posée une ombre sur tout. Lentement l’évaporation fait s’envoler cet ombre au dessus de nos têtes. Au dessus de cet terre de notre planète. C’est ce moment que je choisis pour prendre mon café du matin. Les yeux tirés. Je fume. Elle dort encore. Je vais dans le centre chasser de quoi prendre un petit déjeuner, du pain, des croissants… que sais-je encore…
Le petit chat n’est pas rentré. On en parle tous les trois à l’abri du soleil, sur la terrasse. Sous le auvent de carton pâte, rafistolé de partout, je me sens comme un matelot sur le pont d’un navire. Un navire de bois dans un océan de pin. Un navire de bibelot qui attend qu’on vienne le pousser dans l’eau du lac. Le petit chat n’est pas rentré et je n’ai pas trouvé de beurre. On miele.
Je me demande bien que demander de plus. Je me sens comme sur une île au milieu des eaux. Même si au bord du lac c’est en quelque sorte tout l’inverse. Parfum d’île sous les vents tièdes, pluies lourdes effacées dans la seconde, autant d’étés chassés comme tant de chemins parcourus… Des saveurs retrouvées. Le jour s’est levé.
à 12:35