Il suffit de se promener pour voir que je ne suis pas le seul. Et c’est bien le problème, tout le monde a ses envies à la con, des envies de trucs même pas bandants comme on dit. Moi, j’en ai pas trop je crois, mais merci, ça va, j’ai mon lot.
Bon, les conneries genre loft XVIII, ça va, ces envies là, j’ai passé. En fait je crois que le loft I m’a suffit. Même pas eu besoin de piqûre de rappel depuis. Mais je l’avoue, j’en ai d’ailleurs honte, il m’est arrivé d’enregistrer. Genre comme quand j’étais au lycée et que j’avais acheté un magnétoscope pour ne rater aucune des aventures de Jodie Copper dans Hartley cœur à vif (c’est bien Jodie Cooper, hein, je me trompe pas ?). Mais bon, Hartley, je trouve encore d’ailleurs, il y a largement pire, d’ailleurs même, je trouve ça super bien, encore quand j’en ai revu des épisodes plus récemment. Après, j’ai été « un » qui rate rien de Sous le Soleil. Jessica et Laure, c’est simple, c’était devenu mes meilleures copines du monde. Je détestais qu’on leur fasse du mal ! Je pouvais même m’énerver tout rouge. Là, ce dont je parle, c’est il y a trois ans, donc si vous êtes forts en calcul, c’est quand j’avais vingt-deux ans. Un été où j’ai fait une grosse déprime, je m’explique cela ainsi, c’est pas rigolo de se faire larguer en plein mois de juillet et de ne pas avoir le droit aux vacances. Je me souviens, avant, juste avant Sous le soleil, je regardais Dawson. Mais là c’est déjà moins nul. En fait, c’était des après-midi « pire en pire ». D’abord Dawson. Puis Sous le Soleil, et enfin, cerise sur ce gros gâteau pas trop digeste (TF1 le nom du gâteau) : Le Maillon Faible. J’ai vu les vingt-deux premières éditions (le seul en France qui a vu toute le première saison du Maillon Faible, celui que tout le monde s’est demandé « c’est qui ? », et bien c’était MOI !).
C’était un rituel : durant après la pub de Sous le Soleil j’allais chercher des graines de tournesol en traînant les pieds dans la maison (il faisait chaud, ça sentait bon le sable chaud, je passais mes journées en calçon, m’habiller me fatiguait). Je prenais trois bols et je revenais vers mon amie la Télé. Un bol pour les graines de tournesol « neuves » si j’ose dire, un autre pour les épluchures, le troisième enfin pour les cacahuète que je lançais sur la présentatrice dès qu’elle ouvrait la bouche (on croit que c’est facile, mais pas tant que ça, il faut viser juste et être toujours dynamique : bref, c’est de la télé interactive ça). Quand enfin Laurence Boccolini arrivait, j’étais en condition. Moi j’avais toutes le réponses, normal, je suis un malin, j’ai fait des études, pas comme les candidats quoi. Moi, c’est la Laurence que j’aurai dégagé tellement j’étais bon. Je l’aurai regardé droit dans les yeux et je lui aurait fait : « Té trop grosse, té trop conne, va te faire fouetter par le prince Rainier » (je sais pas pourquoi je voulais que ce soit lui, peut-être pour ajouter du grotesque là où ça n’en manquait pourtant déjà pas).
Bref, vous l’aurez compris, la télé, ça a fait parti longtemps de mes envies nases. De l’ordre de la pulsion. Heureusement à présent je suis soigné, et j’ai envie de vous dire que « je vais bien tout va bien » en dansant sur un pied et en faisant un salto sur la table de votre salon, car youpi, je suis guéri.
En entrant chez vous, je voulais faire un bref tour d’horizon de mes envies à la con. Du genre le camembert fondu au micro-onde, cette envie soudaine qui me saisit parfois, tel un cavalier, qui surgit du fond de la nuit. J’imaginais une longue liste où aurait figuré l’achat pulsionnel (et heureusement occasionnel) d’Auto-Plus, de tongs (j’en ai six paires, comme ça coûte 10F j’ai tendance à beaucoup en acheter au mois de septembre quand les magasins s’en débarrassent), voir même une fois je me souviens j’ai acheté le Figaro pour lire les pages saumon (pas celle qui parlent de la pêche, mais celles qui traitent de l’économie). Bref, des choses honteuse que je ne peux mettre que dans mon journal intime, là où l’anonymat m’est garanti, afin que, tel mes amis qui vont chez leur psy, vous m’écriviez ensuite pour me dire « ce n’est pas grave, ça arrive à tout le monde, cela ne fait pas pour autant de toi un être infréquentable ». Mais avant de m’envoyer ce genre de message, je vous en pris, laisser moi continuer plus tard cette liste noire, afin que je n’arrête pas ma thérapie avant d’avoir franchi le gué.
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