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mise en page par Génie

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Menace sur les digues

Sa mère nous fait comprendre que ce n’est pas raisonnable. Laurie n’a pas trop bu, mais elle baille sans discontinuer. Elle me rend toujours sensible dans ces moments là, elle a une façon de bailler qui n’est absolument pas discrète, ni sensuelle. Je retrouve alors celle qui me plait aussi par ses grands yeux étonnés, ses expressions ébahies, ses mimiques de personnage de bande dessiné, celle qui lorsque je la vois parfois sur les planches me fait retrouver mes agréables souvenirs de minot dévorant des Haribo le nez scotché devant des Tex Avery.

 

J’aurais aimé rentrer ce soir. Dormir chez Laurie. Ou chez moi. Ensemble. Je me sens bien chez Laurie à présent. Il m’a fallu du temps. Au début de notre relation j’inventais toujours des prétextes plus ou moins bien sentis pour l’inciter à nous rendre chez moi plutôt que chez elle. Il m’est même arrivé d’inventer des choses, de la laisser en plan seule dans son studio, simplement afin de rentrer à mon appart, sentant que je ne pourrais pas m’endormir ailleurs que dans mon lit. Elle avait fini par se rendre compte de mon petit manège. Elle ne l’avait pas dit immédiatement. Elle m’avait laissé le temps, patiente, m’aidant sans que je m’en rende compte à me sentir chez elle comme chez moi. Je n’ai jamais compris comment m’est tombé un jour sur les épaules cette difficulté à m’adapter aux environnements se présentent à moi. Il y a tout un ensemble de chose qui sont en moi, que je n’accepte pas comme pouvant être constitutifs de mon caractères, et qui pourtant semblent aujourd’hui être devenus partie intégrante de ma personne au point d’influencer dans son ensemble mon comportement. Il m’arrive de me demander si je dois continuer à refuser cela, ou si au contraire il serait préférable que je renonce à lutter. Que j’accepte. Dans cette hypothèse peut-être finirais-je un jour par revenir à ce que je désire, mais je craints pour m’engager dans cette voie que ce ne soit qu’un début, que j’ouvre la porte aux démons, à un cercle vicieux. Oui, je ne crois absolument plus aujourd’hui qu’il soit si facile que cela de décider de la personne que l’on est. J’en suis arrivé là, simplement parce que je ne suis plus assez solide pour continuer à choisir comme par le passé. Des années de lutte pour pouvoir choisir ma vie m’ont épuisées, et j’arrive à vingt-cinq ans sur les genoux, mes épaules ne sont pas assez larges pour gérer le présent dans son ensemble, et mes choix du passé me reviennent, démontrant que je ne les avait qu’endigués. Le constat est grave, je n’ai pas réussi à faire de ma vie l’enchantement que je voulais, cela malgré tous mes efforts, et la quantité énorme de concessions que j’ai déjà pu faire.

 

 

 
Ecrit par Dangenne, le Vendredi 18 Juin 2004, 14:46 dans la rubrique "Nouvelles".