Je me réveille dans une petite douceur. Un léger rayon de soleil blafard traverse la chambre par un petit trou dans l’un des volets. De légères poussières dansent au dessus de nous, juste au dessus du lit. Laurie dort encore, sa main posée sur mon ventre. Il y a le murmure doux d’une discussion au rez-de-chaussée. Ses parents sont sans doute déjà debout. Peut-être ont-ils déjà pris leur petit déjeuner. Je le souhaite. Lorsque nous restons dormir ici, c’est ce que je déteste le plus, prendre au levé ce petit déjeuner en famille. Ses parents y semblent très attachés, ce qui n’est ni mon cas, ni celui de Laurie. Pour ma part j’ai du mal, et quel que soit la ou les personnes, à prendre mon premier repas de la journée dans du bruit, des discussions ou des contraintes de tenue. Il n’y a qu’un moment de la journée où j’aime vraiment me retrouver seul, c’est celui-ci. J’aime lire le journal, boire tranquillement un ou deux café, et fumer ma clope sans devoir adresser la parole à qui que ce soit. J’ai besoin de cela.
Laurie se réveille, je le vois avant qu’elle n’ouvre les yeux, sa main bouge sous les draps, contre ma peau, son menton frémit. Le bord de ses yeux brille. J’ai très envi ce matin là que tous les autres matins du monde soient comme celui-là. La chaleur de son corps près de moi, ses jambes venant se glisser près de moi.
Si depuis plus d’une semaine je me sentais descendre et descendre encore dans une morosité de plus en plus glauque, ce matin m’apparaît comme une sorte de repos. J’ai le sentiment que j’ai touché le niveau le plus bas la veille au soir, et que désormais tout va déjà mieux. J’entre peut-être dans une phase maniaque, j’ai confiance en moi, comme si cette nuit de repos m’avait guéri, que l’ensemble de mes plaies s’était refermé à cette occasion. Je ne ressens plus d’angoisse, dans ces conditions je ne crois pas que quoi que ce soit, ni personne ne puisse me résister, ni même me déstabiliser. Je me sens plein de cette douceur ressentie durant mon sommeil. Paisible.
J’embrasse mon ange sur son front. Me voilà revenu aux commandes de mes pensées.
Elle me sourit et passe sa main dans mon cou en soufflant sur ma bouche.
_ J’ai rêvé que nous dormions dans ma chambre, rigole-t-elle en balayant une peluche de laine qui traînait sur mon épaule.
Je passe un doigt sur ses lèvres humides.
à 09:29