Je n’aime pas rester dormir chez les autres. Adolescent cela me plaisait beaucoup. Lorsque j’étais étudiant aussi. Si jamais j’avais réussi à séduire une fille lors d’une soirée, mon plaisir était d’aller chez elle. Même si elle vivait chez ses parents. Lors de mes venus j’aimais voir la façon dont vivait les autres, comparer par rapport à ma famille, par rapport à ma propre expérience. J’avais alors bien davantage l’esprit d’aventure, partir plusieurs jour en ethnologues me passionnait. J’aimais davantage mon prochain. Je n’avais pas autant de certitudes quant à ce que je voulais, j’aimais aller piocher des idées, des façons d’être, à la manière d’un décorateur j’observais tout des autres afin de m’en inspirer pour réaliser mon intérieur. Mais cela semble m’être passé.
Laurie est un peu plus jeune que moi. J’imagine que cela peut être une raison à sa dissemblance avec ce que je ressens aujourd’hui. Elle est ce que je n’ai pas su garder. Mais je ne pense pas que cela lui passera. Je ne l’espère pas. De mes anciennes passions de contemplation, il ne me reste que celle de la nature, des rues anciennes, des monuments rencontrés au hasard, mais je ne peux plus voir la plupart des gens. Même en peinture. J’aime les toiles qui ne représentent rien. J’ai développé un goût pour les documentaires animaliers ou historiques,tout ce qui me fait oublier l’époque dans laquelle je vis. J’en ai perdu le goût des autres… Il me semble que ce soit une erreur. Mais on ne décide pas de tout. Avant je le croyais. Mais il faut croire que l’on ne choisit pas cela. Au fond de moi j’espère que ce n’est qu’un cap à franchir. Une parenthèse fort longue, mais qui prendra fin tôt ou tard. Je me déteste chaque jour un peu plus. Même avec Laurie j’en suis revenu à parfois devoir faire semblant. Je ne veux pas qu’elle découvre un jour qu’elle aime quelqu’un qui se déteste autant. Au point de haïr autant de personnes que j’aimerais aimer.
