Ecrire sur moi m’est devenu difficile. Voilà la raison pour laquelle je mets six mois entre chaque texte. J’ouvre Word et je ne trouve rien à dire sur ma vie. Sentiment de me répéter, sentiment que d’autres l’ont déjà écrit, je me demande qui ça intéresse, et sûrement pas moi. Pourtant je sais que cela me faisait du bien. Je ne parle pas de cette tendance malheureuse que j’ai pu avoir parfois de confondre ma vie avec mon journal, au point de me demander si le but de ma vie n’était pas tenir ce blog, et l’impossibilité d’écrire autre chose que ma vie. Malgré le plaisir, j’avoue trouver une certaine facilité à raconter sa vie. Peut-être même que je trouve cela impudique. Après la lecture agréable de Rien de grave de Justine Lévy, j’eu une sorte de mépris pour ce genre de la facilité consistant à raconter son existence. Est-ce un travail littéraire un blog ou la narration de ses journées? Pourtant oui. Est-ce l’absence de créativité qui me gêne, l’absence de fiction et d’invention ? Et pourtant, qu’est-ce qui est pire, raconter sa propre vie, au risque de s’y perdre et se donner en spectacle sans avoir le mérite nécessaire à cela, ou bien est-il préférable de parler de personnages inventés, ou encore de personnages inspirés de ses amis ? J’en vois déjà quelques uns qui seraient heurté si je faisais leur journal au lieu du mien. Je pense même que j’aurai beaucoup de mal à pouvoir continuer à en apprendre sur leur existence et que leur porte me serait subitement fermée. Pire, est-ce mieux de raconter ses fantasmes, ses trouilles de fantômes sous l’armoire, la mise en scène de serial killer encore meilleur que ceux inventé par d’autres auteurs ?
Ecrire sur soit et publier sur internet c’est se donner un sens. Donner un sens à sa vie. Trouver une exception dans ses aventures ou mésaventures. Quelque chose qui vaille l’envie de le partager. Se dire : « C’est peut-être arrivé à d’autres », « Peut-être que ça n’arrive qu’à moi ». Moi j’en suis arrivé à me dire ça arrive à tout le monde et les autres ont raison de ne pas en parler. Alors encore écrire ?
Pourtant c’est agréable. Parfois on partage. Parfois en écrivant on se rend compte de ce qu’on avait pas vu soit même. Quelques fois d’autres s’en rendent compte pour moi.Et puis parfois telle douloureuse épreuve devient sujet à me faire rire lorsque je le raconte et le ballon se dégonfle. J’aurai aimé que ce soit plus souvent cela. Mais lorsque j’en ai eu le plus besoin je n’écrivais déjà plus sur mon blog.
Ecrire ma vie comme je l’ai fait sur internet m’a fait croire que ma vie pouvait être mieux. Un peu comme un écrivain qui décide de modifier ses personnages, ou tel passage, je me suis mis à vouloir changer le sens de ma vie, le cours de ma vie. Même y insérer de nouveaux personnages. Créer une histoire. Je me suis trompé en croyant que mon journal était moi et qu’il me fallait vivre des aventures. Celles que je vivais étaient déjà très bien. Je ne me retrouve pas dans mon journal. Il est composé de fragments écrits. Et de lacunes.
A présent j’ai compris. Nous serons deux. Mon journal et moi. Pour aucune raison. Simplement parce que plusieurs fois par jour je ressens de nouveau l’urgence d’écrire, même mal écrire. Le reste, le pourquoi du comment, n’a pas d’importance.
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