On ne vous l’a jamais sorti celle là ? Alors c’est que vous n’avez pas d’amis qui consultent ! En effet, l’ami(e) qui consulte est souvent prêt( e) à écouter vos histoires. Il/Elle vous y encourage même. Il/Elle redresse doucement son menton, et fait de petit cercle dans l’air en vous détaillant. Sans doute que, le plaisir de se retrouver de l’autre côté à vous analyser, n’est pas étranger à cette manière qu’il/elle a de replier ses jambes sous ses fesses (ou les croiser, c’est selon) et de joindre ses mains en vous regardant. On peut en effet aller chez un psy comme on va en fac de psycho : l’avantage du psy en comparaison à l’université, est le même que celui des cours particuliers de mathématiques (par exemple, et au hasard). Forcément vous apprenez plus vite, et en plus on ne vous emmerde pas avec la vie des autres, on ne parle que de la vôtre.
Après tout, qui aujourd’hui en a encore quelque chose à faire de ses congénères ? L’avantage du psy, par rapport à un ami, c’est qu’on est sûr qu’il nous écoute ! Il est obligé ! C’est son travail ! L’ami on ne peut pas le payer pour nous supporter, c’est là qu’il est le problème… Faudrait être aveugle pour par s’en rendre compte !!!
L’ami psychanalysé, grâce à ses cours particuliers chez le psy, détient donc un savoir. Il se connaît bien. Du moins le croit-il. Qui se connaît bien, connaîtrait mieux les autres, on vous le dit partout*. L’ami psychanalysé le croit, d’ailleurs il ne serait pas impossible qu’il ne rende visite à son psy qu’à cette fin. En partant de ce principe l’ami psychanalysé, vous conseille donc d’entrer comme lui dans ce jeu. Il vous conseil de bon cœur. Jamais méchamment. Il a le cœur sur la main, c’est pour votre bien.
Cela vous fait-il penser à quelque chose ? Moi oui. L’ami psychanalysé me fait songer à ces emmerdeurs qui ressassent que leur religion est « vraiment bien pour toi », que Dieu est un allié en lequel il faut croire pour sortir de ses problèmes. Le psychanalysé prêche pour sa chapelle. Il fait du prosélytisme. D’ailleurs réfléchissons un peu, où se confesse-t-on aujourd’hui ? Où se confessait-on avant ? Il y un siècle, c’était le confessionnal (rien à voir avec le Loft, même si vous remarquerez comme moi que les psy professionnels de la télé analyse ce que justement les abrutis racontent au confessionnal). Le croyant disait « j’ai eu des pensée impures ». Le psychanalysé aujourd’hui avoue son fantasme, espérant ainsi une rédemption que lui apporte la voix blasée du psy : « Non ton fantasme n’est pas grave ! » (imaginez la voix de feu le Doc de Fun Radio, faites un effort pour vous remémorer cet homme, s’il vous plait, un petit effort !**).
Eric m’écoute. Je lui parle d’une ancienne engueulade entre ma mère et moi. J’ignore d’ailleurs comment nous en sommes arrivés là. Il me semble que nous sommes partis de sa génitrice, et que par lassitude de son auto-analyse, j’ai sorti ma propre mère du placard.
_ Va chez un psy ! me conseille-t-il gravement au bout d’un moment.
_ Je n’en n’ai pas besoin…. dis-je en rigolant.
_ Tout le monde dit cela… Mais toi, c’est évident, tu as des problèmes avec ta mère… C’est cela qui explique ton instabilité avec les filles….
_ Je ne suis pas instable avec les filles… Je ne suis pas un jouisseur ! ( je me sens obligé de lui rappeler puisqu’il paraît l’oublier). Je ne butine pas, mes histoires ne marchent pas… C’est tout… (Et c’est très différent).
_ Tu restes à la surface des choses ! La cause est bien plus profonde ! assène-t-il
J’avais une amie en maîtrise de psychanalyse. Elle-même analysée d’ailleurs (la psycho c’était son dada comme l’aurait dit feu Guy Lux s’il avait eu le même centre d’intérêt). Elle me tint à peu près ce discours : « Règle tes problèmes avant de trop t’investir dans ta relation avec Véronique ». Eric est donc conforme avec la ligne. Ou comment refuser d’écouter l’autre en l’envoyant chez le psy ! Le confort total ! Alors si demain, quelqu’un vous gonfle, vous raconte sa vie, et que décidément c’est rasoir… interrompez le immédiatement ! Regardez le droit dans les yeux, massez vous le menton, croisez les jambes, joignez vos mains, et avec sincérité dites : « Va chez le psy ! ». Et ajoutez « AMEN ! ».
PS : Mon discours ne vise pas les personnes pour qui la psychanalyse peut être nécessaire (genre vitimes de chutes d’arbres). Il est ici question uniquement du psychanalysé qui dit « Va chez un psy ». Nul autre. J’espère que vous m’avez compris (comme dirait le Général).
* La mode c’est de bien se connaître, regarder la poutre dans notre œil avant de fixer la paille dans celui du voisin en quelque sorte… Seulement souvent ça devient du trippotage de nombril ! (Pour briller en société : trippotage vient du latin tri qui veut dire trois, et potage qui signifie potage. Le trippotage de nombril est donc un potage fait avec trois potages que l’on se met sur le nombril, et le problème n’est pas lié à la prise de poids éventuel, mais au fait que ça salit le nombril, et plus grave, le fait de le gonfler horriblement au point de ne plus pouvoir se concentrer sur quelqu’un d’autre que sa personne, je sais, j’ai essayé !)
** Pour ce qui ont en tête cette fabuleuse émission, rappelons-nous encore que le Doc aimait inviter Monseigneur Gaillot sur l’antenne….
à 15:39