Pourquoi suis-je en train d’accepter de perdre autant de ce temps si précieux ? Je me le demande. Je sais pourtant où je veux aller. A Agua Amargua. Ma métaphore à moi. Mon absolu. Agua Amargua. Peu importante la destination, c’est la façon d’y aller qui compte, l’état d’esprit. Le sens que je mets derrière cet acte. Agua Amargua comme Lourde ou la Mecque… Mon pèlerinage à moi.
Une part de moi veut aller vers cette destination. Une autre perd son temps. Loin d’une école buissonnière, ce détour me fait mal. Il est des minutes précieuses qui partent en fumée de cigarette, et je ne regarde pas les feuilles mortes tomber des arbres. Je suis virtuel. Je suis ailleurs. Je ne suis pas.
Tout ce que je fais, une grande partie au moins, n’est pas. Je me demande quelle partie de moi perd son temps en des débats sans intérêt, sur des sujets comme Jacques Chirac ou la RDJ. Certes cela peut être intéressant, une personne en moi y voit de l’intérêt. Mais la plus grande part de moi-même s’y perd. Elle a descendu ses manches, elle l’accepte. Pourquoi l’accepte-t-elle ? Elle hurle en moi, me blâme. Mais pourtant elle ne reprend pas les commandes. Alors le temps file. Alors je fume. Alors je me détruis à petites gouttes.
Je me sens pris entre des multitudes de murs. Alors que je retrouvais un sens aux choses, pourquoi en suis-je de nouveau à accepter de faire des choses sans intérêt à mes yeux ? Au moment même où je pourrai justement en sortir ? Au moment même où la porte est grande ouverte pour fuir tout cela et rejoindre mes aspirations profondes ?
La fatigue, l’épuisement me plantent là. Je vois tout ce qu’il y a à faire, je vois ce qui s’offre à moi. Mais je reste tout liquide, comme une flaque, je stagne. J’attends le sauveur. Le sauveur c’est moi. C’est rare que ça en soit le cas. Je me demande ce que j’attends pour me tendre la main.
Il s’agit d’une lutte d’influence en moi-même. Je sens venir l’explosion. Pourtant je regarde tout cela jour après jour se profiler, je ne fais rien pour agir sur ce qui se déroule en moi. J’attends la chute. J’attends de voir qui l’emportera des individualités qui interagissent en moi. Je me contente de prier pour que le meilleur l’emporte, je ne donne aucun coup de main.
Pourtant je sais au fond de moi que je veux aller à Agua Amargua.
à 02:08