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mise en page par Génie

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Elle conduisait sa bagnole depuis déjà un bon moment, j’avais un moment admiré le paysage comme elle me l’avait cent fois répété, mais je ne réussissait pas à me sentir en vacances comme elle. Pourtant, je me rappelle lorsque nous étions encore ensemble, au tout début, il y a bien de cela sept ans, j’étais celui qui répétait sans arrêt « un week end c’est des vacances, il y a largement le temps qu’il faut pour décrocher les étoiles ». J’ai toujours été fort en prière. Une fois de plus je pouvais, en souriant, observer le talent que j’avais à donner des bouts de soleil autour de moi, et à m’en garder que les miettes. Ses lunettes de soleil sur son joli nez, elle était comme une starlette en vacance, et moi j’étais à trente centimètre d’elle, mais j’étais qu’un fonctionnaire avec ces deux  malheureux jours, et incapable de faire le vide, de mettre mon boulot à des kilomètres de moi. A des kilomètres de nous. Epuisé par tant d’agacement, d’exaspération pour pour ma persnne, j’ai fini par m’endormir. Il n’y avait pas d’autre solution, je n’e connaissais pas d’autres. J’étais en train de m’assoupir lorsqu’elle avait dit « dors si tu es fatigué ». Voilà exactement ce que j’ai fait. J’ai dormi jusqu’à la fin du voyage.

 

« Tu as dormi comme un bébé » a dit  Jessica lorsque je me suis réveillé, alors qu’elle garait la voiture dans la cours défoncé d’une sorte de château fin XIXème siècle. De la main, tentant de recouvrer la vue, j’ai fait un geste qui ne voulait rien dire. « Tu le sais très bien, a-t-elle souri, c’est pas quand tu fais le mec que tu es le plus charmant, c’est pour ça que tu fais aussi bien craquer Lolita que Sophie ou Marlène… ». J’ai fait celui qui s’en moquait, il arrive souvent qu’on fasse ainsi des erreurs de personnes. De la part de Jessica ça me chagrinait un peu, mais nous en étions à nous revoir que depuis quelques semaines. Je ne voulais pas déjà la contredire. Je n’ai pas relevé, je ne voulais aucun accroc. En discuter ne m’intéressait pas, elle pouvait bien me dire que telle ou telle s’intéressait à moi, qu’est-ce que ça pouvait me faire, j’en avais vu d’autres se précipiter pour ensuite déchanter, n’était-elle pas bien placée pour en parler ?

 

Notre histoire était palpitante. Elle le fut. Elle le fut jusqu’à ce qu’elle parte. Elle le fut ensuite lorsque, après un passage sur la table d’opération, elle disparut tout à fait. Elle le fut par toutes le nuits blanches qu’elle laissa derrière elle. Elle le fut par toutes ces lignes qu’elle fit sortir de mon stylo, elle le fut aussi par ma voix qui ne trouva plus d’écho, mes songes éveillés dans l’obscurité, mon sexe qui devint orphelin. Les deux années passées avec elle m’avait offert le luxe de partager la vie d’une autre. Tant d’instants à braver la solitude où je me suis toujours senti. Avec elle je ne me suis jamais senti seul durant tous ces jours ensemble. Avant elle, comme après elle, ce ne fut jamais pareil. De son retour j’espérais tout, je n’espérais rien. Je n’avais pas grandi, j’avais passé des années, je n’avais pas vieilli non plus, je n’étais pas mécontent du résultat, je n’attendais plus personne jusqu’à ce qu’elle revienne. Dans le fond si j’y réfléchissais, aucun de mes gestes ne pouvais gâcher quoi que ce soit. J’avais déjà connu toutes les offenses, j’avais fini par en rigoler ou bien partir. Tout n’est qu’une question d’angle, de point de vu, et même de volonté. Car tout passe.

 

Je n’ai pas répondu. Je n’ai pas même posé une question. Mes paupières étaient encore collées, elle avait joint ses mains sur le volant, elle semblait regardé le château, faire comme moi. On était loin des relais et des châteaux. L’endroit semblait dormir. Le lierre courait sur les murs, la vigne vierge s’entraînait à l’escalade. Certaines vitres étaient brisées. D’autres n’attendait qu’un courant d’air, ou peut-être qu’on tente d’ouvrir leur fenêtre, afin de prendre congé, de tomber sur le sol, et de ne jamais être réparées, comme tout ce qui respirait devant mes yeux. J’étais ému. M’expliquer ne servirait à rien. Une personne ressent ces choses là ou ne les ressent pas. Je vibrais. J’étais au spectacle, le sentiment au fond de moi que j’étais ici, que c’était ma place, qu’il y avait un ordre à toutes ces choses là, jusqu’à ma présence. On m’avait attendu. Dans ce soleil éblouissant, le château paraissait assoupi, lassé, brisé. Mais en posant son nez sur les murs, l’œil s’apercevait que l’endroit était solide, ça tenait bon, et un paquet de gratte ciels, de logement verticaux en béton armés, fabriqués à la va vite, risquaient bien d’y passer avant qu’un jet de pierre mettre à bas ce monstre de pierre et de briques rouges.

 

_ Bien sûr ça a un peu souffert, a-t-elle observé.

_ On est où là ? ai-je demandé.

_ On est chez moi…

 

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Ecrit par Wandess, le Jeudi 25 Septembre 2003, 00:24 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".