Voilà deux jours que je me connecte sur mon joueb. J’y viens dans l’idée d’écrire. Mais au lieu de cela je fais le visiteur. « Ah pas mal ce texte…Qui l’a écrit ? Ah c’est moi… Etonnant ! Et celui là ? Complètement nul… Qui est le nase qui a pondu cette merde ? Oh ben c’est moi aussi ! ». Pour réussir à écrire, et être satisfait de soit, je me pose souvent cette question : quelle est la recette miracle ? Il y a des jours où sans y réfléchir je suis très satisfait de ce que je fais. Je m’auto congratule parfois, si si, ça m’arrive. Mais je l’avoue, je n’ai pas encore trouvé pourquoi il y a des jours avec, et d’autres fois des jours sans.
Il me semble que tout d’abord relire d’anciens textes que j’ai écrit n’est pas forcément quelque chose de très bon. Si je relis un bon texte j’ai le sentiment que je ne pourrai pas être une nouvelle fois à la hauteur. Je me dis « Et si je ne devais jamais atteindre à nouveau ce niveau ? ». Si ce que je relis et nul, inversement je me dis que si c’est pour sortir encore une telle nullité, ça ne sert à rien et qu’il serait préférable de faire la vaisselle. Notez que les jours avec, il se produit le phénomène inverse : le bon texte me semble être un signe d’encouragement, le texte nul me donne la motivation nécessaire à effacer celui-ci.
Ce qui est frustrant lorsque je n’arrive pas à écrire, c’est qu’en général il s’agit de moment où j’en aurai particulièrement besoin. Mais je suis dans un tel état que ça ne sort pas. Je pense au bon livre que je viens de lire, à l’article d’un ou une autre sur son journal, et je me sens à des kilomètres de pouvoir faire cela. Même les textes que je préfère d’habitude me semblent d’une banalité affligeante, décousus, sans une once de réflexion, donnant parfois dans le style pour le style, mais sans grâce.
Il y a quelques mois j’étais à une soirée. Sans raison je ne me sentais pas à ma place. Il me semblait être un nase parmi des gens bien. Et il me semblait que ça se voyait. Une amie, Laurie, m’avait écouté me débiner, faire une liste magnifique de tout ce que je trouvais d’arguments valables pour démontrer le peu d’intérêt que je représente. Elle m’écouta, attentivement, sans dire un mot. Enfin répondit-elle, pour me dire que selon elle j’étais une des personnes les plus intéressante présente ce soir là. Sincère ou non, il m’apparut que cela était de la courtoisie et rien d’autres. Elle s’énerva. Je compris enfin. Ne pas faire confiance aux autres est une maladie. Il ne s’agit pas des gens qui ne m’entourent à qui je ne fais pas confiance, mais à moi-même. Les autres dans l’ensemble ne me débinent pas, rares sont ceux qui pensent du mal de moi, et même s’il en pense, comme le dit Laurie, aucune personne ne réussira à me dépasser. Elle avait raison : à cette soirée celui qui me détestait le plus, me trouvait le plus ridicule, je ne pouvais pas le voir. Car c’était moi. Mon pire ennemi c’est moi.
J’ai beau le savoir, et je le savais déjà avant, même si ce n’était pas encore aussi clair dans ma tête, cela ne dépasse pas le stade de la connaissance. En effet, lorsque survient ce moment où je me déteste tant, où il me semble que tout ce que je fais est sans sens et mal fait, je n’ai encore rien trouvé qui me permette de parer la progression du doute et de l’angoisse. Pire, il me semble qu’au fil du temps lorsque cela survient la descente est plus profonde. Je pare de moins en moins bien à la chute, il me semble alors manquer d’énergie, de force, de caractère. Bref, je n’ai toujours pas trouvé l’antidote. Mes crises de confiance me rongent à petit feu. Plus proches dans le temps, plus longues, plus profondes. Je suis mon propre destructeur.
à 13:15