Il fixe avec dégoût toutes les personnes assises dans la rame, puis il soupire. Bien sûr il n’a pas rigolé toute sa vie, bien sûr il aurait aimé être davantage aimé de ses parents, enfin du moins aimé autrement. Moins de religion et plus d’amour dans sa famille, cela lui aurait plu. Il aurait aimé avoir confiance en lui. Il dit toujours cela, ça tourne toujours autour de ce pot dans nos discussions. Du moins assez souvent. Il aimerait s’aimer. Ne pas se dégoutter autant. Porter moins d’angoisses en lui. Moins d’angoisses sur lui.
Il prend la pose. Soupire. Se donne un air supérieur. Agassé même, bousculé qu’il est pas un type qui a sûrement oublié de se laver depuis quelques jours. Du moins lui fait-il comprendre en reniflant. Puis il fixe de nouveau quelques personnes assises sur les banquettes oranges. « Quand je regarde tout cela dit-il, j’ai confiance en moi. Tu as vu à quoi ressemblent ces gens ? Combien ici s’interroge sur ce qu’ils font ? Bien peu ! A ton avis, ils vont regarder quoi à la télévision ce soir ? Y en a-t-il beaucoup qui ne vont pas acheter le CD de la Star Academy ?». J’acquiesce à contrecoeur, je ne dis rien. Je ne veux rien dire. S’il a confiance en lui, je ne veux pas être celui qui le privera de cela. Après tout, s’il en a besoin… Mais je regrette qu’il s’y prenne ainsi. Il doit y avoir d’autres manières.
Pour avoir confiance en soi faut-il nécessairement se mettre à regarder les autres comme des inférieurs ? Oserai-je lui poser la question ?
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à 19:49