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mise en page par Génie

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"Dis papa c'est aussi ça la Liberté?"

Lolita au téléphone. Pas entendue depuis longtemps celle-là. Qu’est-ce qu’elle devient ? Elle part au soleil, et s’éclater à la Rochelle. Où est-elle ? Elle profite d’un ralentissement sur la route, un de ceux qui dure déjà depuis cinq minutes pour m’appeler. Avec son kit main libre me rassure-t-elle. De la part d’une personne qui conduite une fois sur deux en état d’ivresse, j’avoue que je suis rassuré. Je ferme la fenêtre, dehors des animaux crie qu’on vit dans une ville pourrie. Avant eux c’était un type dans une 306 cabriolet jaune, arrêté au feu tricolore, qui écoutait sa merde musicale en en faisant profiter toutes les oreilles. Il a fallu que je me retienne très fort pour ne pas lui balancer de mon balcon situé au troisième étage un de mes pots de Avi grège. Mais le temps que je me rende compte que j’avais fait un mauvais choix, que la peinture glycéro était plus appropriée que la peinture acrylique, car plus difficile à laver, et il était déjà parti avec sa poubelle. Puis je n’ai pas de permis pour repeindre le monde à ma convenance…

Lolita n’a rien à me dire, mais elle est contente de m’appeler.

_ Il te restait du forfait ?

_ Tu es cynique on dirait aujourd’hui !

_ Moi ? Non, penses-tu ! Tu es où ?

_ J’en sais rien je suis sur la nationale, et ces cons l’ont bloqué à cause de marioles avec des trompettes…

_ Il a des majorettes ?

_ J’en sais rien. Mais je crois que je suis dans un bled de boudins…

Deux flics sont devant moi au comptoir. Ils attendent leur kebab que leur préparent trois immigrés. J’espère qu’ils les ont bien contrôlés. Moi si j’étais terroriste j’empoisonnerai les kebabs. Si j’étais terroriste je ferais encore plus peur. Surtout à des gens comme moi qui ne prennent jamais le métro mais mangent des kebabs. Je suis aussi un type qui va à la piscine. Si j’étais terroriste je mettrai dans les piscines des bactéries qui refilent des verrues plantaires. Mais je vais m’arrêter là de peur de donner des idées.

Les mecs dans les kebabs s’inquiète toujours de savoir si tu as bien mangé. Tu paies 4 euros mais les gars font comme s’ils te servaient un grand plat. Ils savent discuter avec le client. C’est la culture kebab, ils te reconnaissent si tu reviens, si tu viens pour la première fois tu es déjà leur ami, c’est comme si tu étais déjà venu. Dans les autres restaurants c’est autre chose. Les restaurateurs qui veulent payer moins de TVA sont plutôt du genre à te faire la tronche si tu choisis le menu le moins cher, celui à 12 euros, au lieu de prendre à la carte. Tu te manges les gros yeux si tu ne prends pas de vin, et que tu as le culot de réclamer de l’eau. Rien de tel dans un kebab, limite tu pourrais ne rien prendre…

Après avoir mangé dans un coin du restaurant et m’être fait offrir un thé bouillant à la menthe je rejoints Laura dans le parc. Il y a des gamins sur les épaules de papa. Des couples qui se bécotent. Pourquoi ne ferais-je pas la même chose ? Un peu de patience, elle me présente d’abord à ses amis. Je suis fort aise de les rencontrer. Lui c’est le genre très en couple. On voit qu’ils sont ensemble depuis longtemps et qu’entre eux c’est du solide. Il porte son pull over noué sur ses épaules. Il tient sans doute à montrer qu’il a atteint un certain statut dans la hiérarchie du couple. Moi j’ai pas de pull. Ca veut dire que je n’ai pas fait de machine depuis longtemps et que ceux qui sont propres sont dans ma cave aux fonds des cartons. J’espère que les amis de Laura n’ont pas ce genre de préjugés sinon je risque de passer pour le con qui ne sait même pas organiser un déménagement. Laura paraît ravie d’enfin me présenter, elle en taperait presque dans ses mains comme les mômes à côtés qui attendent le décollage de la première fusée.

Ensuite c’est le retour. Voilà c’est terminé. Il y a eu les trop petits qui ont pris peur et leurs parents qui en ont eu marre de leurs larmes et les ramène à la voiture. Il  y a les voitures qui se bousculent dans la rue du centre. Un soir de 14 juillet quoi. Puis on trouve ceux qui se rappellent le pourquoi de cette date. Les Révolutionnaires à « Balle-Deux » qui disent à leurs amis qu’ils savent où passe l’argent de leurs impôts. Peut-être n’aiment-ils pas les feux d’artifices…. Mais ils sont venus quand même ! Pas de raison de ne pas venir puisqu’ils ont payé ! Ah ah évidemment ! Logique…

Laura dans mes bras. En silence. Son visage vers le ciel  éteint et qui s’illumine à grand coup de canon ! Paf dans les étoiles ! Rouge ! Vert ! Or ! Argent ! Violet ! Je sens les explosions en moi. A l’intérieur. Et je les sens en elle. Paf le bouquet final ! Direction le bal. Des musiciens bien de chez nous, genre les Musclés, reprennent des standards de la Star Academy avec talent ! (comme on dit Télérama).

 

Nous allons nous allonger dans l’herbe du parc. Les deux autres commentent le feu d’artifice qu’ils ont vu. Ils ne sont pas d’accord. Elle pense que c’était bien. Il a été déçu. Il met enfin son pull. Il ne l’a pas amené pour rien.

Dans la ville ça klaxonne de temps en temps. Certain confondent avec un mariage. Il faudrait proposer à Nicolas Sarkozy qui aime les quotas d’en instaurer sur les « teubés ». Mais bon après par qui serait-il élu ? Et qui écouterait Skyrock ? On se le demande. Enfin du moins moi je me le demande. Et Laura me demande à quoi je pense. A elle bien sûr. Et j’en rajoute une couche en répondant que ce mensonge est vrai. Comme ça c’est complet.

Les Musclés jouent Johnny. « Laura ». Ma Laura à moi adorait cette chanson lorsqu’elle est sortie.

_ Et plus maintenant ?

_ Si… Pas toi ?

_ Si aussi ! Beaucoup en fait.

Rien n’est perdu. Il y a encore des choses à aimer. Même avec un sourire et un peu de honte. Parce qu’on ne peut pas faire autrement.

Des types et des filles chantent la Marseillaise dans un coin en fumant des joints et en buvant des bières. C’est la fête nationale. Et le type qu’on entend se prend vraiment pour Johnny. Tant de personnes dans se monde vivent en se prenant pour d’autres, il aurait tort de se gêner.

" Dis papa, c’est aussi ça la Liberté ? ".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecrit par Wandess, le Samedi 16 Juillet 2005, 15:00 dans la rubrique "Ecrits de la vie...".