Un nouveau lieu. Prendre des habitudes entre les murs pour ne pas se sentir perdu… Et ce besoin sans cesse d’être chez soit. Incapable de rester bien longtemps assis. Tant de choses que mes yeux veulent voir à leur place. Trouver la bonne place pour la télévision. Trouver l’accord parfait entre la table sur laquelle prendre les repas, le canapé, la banquette. Où mettre la plante verte ? Quel tapis ira le mieux sous la table basse et ne fera pas trop truffe sur le carrelage couleur terre cuite ? Aspect pratique. Ne pas coincer la prise téléphonique derrière un meuble. Pouvoir toujours ouvrir la fenêtre. Et où se trouve la paire de ciseaux, quel carton l’a avalé et ne l’a pas rendu. Déménagé est fatiguant pour le dos. Fatiguant pour l’entourage. Déménager, même une fois la camionnette rendue, même lorsque tout est posé dans la maison, ce n’est qu’à ce moment là qu’on se rend compte ce que cela signifie. Retour en arrière impossible vers les habitudes du passé. Il va falloir tout remettre en place. J’étais comme un poisson dans un aquarium. Un poisson dans un aquarium où toutes les pierres, toutes les plantes ont été déplacées. Jusqu’à la couloir du sable au fond.
Le matin je fumais dans le soleil en regardant sans trop y croire ce paysage nouveau devant moi, de l’autre côté de la fenêtre. Et dans trois mois est-ce que je n’en serai pas lassé ? Devrais-je mettre des rideaux aux vitres, ces sortes de papiers cadeaux pour fenêtre, afin que les gens dans la rue ne puissent pas me voir. Le jour je suis presque invisible. Mais lorsque le ciel est gris, que le jour décline, depuis la rue je ressemble à un poisson paumé dans un aquarium éclairé. J’ai mangé pas mal de Flandy’s avec une cuillère à soupe avant de remettre la main sur les petites cuillères.
J’aurai aimé connaître une solution pour déménager sans avoir cette impression de repartir à zéro et ne pas ressentir ce sentiment de vivre chez moi comme chez un étranger. Oui, je ne savais plus où était mon home sweet home. Mon chez moi.