Lorsque j’ai écrit parfois des nouvelles, j’ai souvent eu du mal à lâcher ensuite mes personnages à la fin de l’histoire. J’avoue que certain me hante toujours. Quelques uns de ceux que j’ai utilisé sont réels au départ, emprûntés à mon entourage, et lorsque je les revois il est normal que je repense à l’endroit où je les ai laissé dans l’histoire que je leur ai inventé. Souvent il me prend l’envie de leur offrir une suite, en partant d’ailleurs souvent des dernières choses qu’ils ont vécues. Mes amis je les ai choisis. On me le dit souvent, mes amis sont des gens atypiques. Quelques fois on me fait remarquer qu’il est étrange que malgré telle mésaventure, ou engueulade avec eux, je sois resté proche d’eux, que je les aime toujours autant. Mais ils sont ma vie. Ma vie est faite de personnes que j’aime pour ce qu’ils sont. Je les connais. Mon psy avait raison, oui je ne suis pas un fan des gens normaux. J’aime autant chez les autres leurs erreurs que leurs réussites. Sans doute parce que je suis très exigeant envers moi-même. Et qu’eux aussi sans doute. Et que ça fait du bien de parler avec d’autres de ce qui ne tourne pas rond. De ce qui nous ronge et nous interroge.
Pour écrire je m’inspire des gens que je connais. Alors oui cela fait des personnages atypiques, qui semblent tout droit tirés d’une bande dessinée. Ou d’un asile de fous. Mais ils existent comme tel. Et si vous les croisiez, sans doute ne vous appercevriez-vous de rien. Et j’aime les raconter, les garder avec moi. A la manière d’un photographe.
A côté de cela j’aime inventer des personnages. Même si au départ ils partent d’une rencontre. Un type rencontré au détour d’une soirée, suivi d’une longue discussion. Ou une personne dont quelqu’un me parle et que j’aimerai rencontrer. Enfin des personnages croisés dans des films, des lectures, un voisin, un collègue dont j’imagine l’existence à partir de petits bouts de rien. J'aime la broderie.
Oui j’aime cela dans la fiction, pouvoir tirer sur une ficelle et voir ensuite ce qui va venir. Créer à coup de mots et de phrases des lieux, des ambiances, des personnages qui finiront par acquérir leur propre autonomie. J’aime créer mes mondes et mes univers. Sans doute que cela me rassure davantage que ce monde réel qui m’entoure et que je ne contrôle pas. Mais il y a aussi le plaisir de raconter des histoires, comme un enfant qui ment pour ne pas dire qu’il a perdu son K-Way et invente des péripéties extravagantes.
Mon grand-père est un conteur merveilleux, il aime raconter ses souvenirs, et depuis que je suis tout petit je l’écoute avec un plaisir qui ne s’est jamais démenti. Il peut raconter plusieurs fois la même histoire et ajouter des anecdotes nouvelles et croustillantes. J’aime les histoires des autres. Depuis toujours. Et j’aime en raconter. Or écrire, avant le style, avant le travail d'écriture, c’est raconter une histoire qui me plait. Ensuite comme pour raconter une hsitoire à un ami, la méthode est très importante. Je voyage, je m’amuse comme un gosse avec ses briques Légo. Je m’amuse comme un enfant qui ment et fait croire à ses histoires. De la même manière que j’aime suivre d’autres personnes qui me racontent leurs histoires, en me moquant bien souvent que ce soit réel ou non, j’aime raconter. Je prends plaisir à emmener d’autres personnes voyager avec moi. Leurs faire rencontrer des personnages que j’aime bien.
