On a souvent l'impression d'être heureux lorsque tout semble aller dans notre sens, on est heureux satisfaits de ce que l 'on a mais encore plus malheureux a l'idée de perdre un jour ce qui nous rend heureux.
Comment vivre heureux bercé par la perspective d'être malheureux un jour?
Ne vaut-il mieux pas éviter d'être heureux et être alors tout simplement satisfait ?
Je suis heureuse mais je pleure, je pleure un malheur imposant et inévitable. Je pleure ce jour où il me dira qu'il ne m'aime plus, ce jour où mes amies s'en iront et ce jour où moi-même je devrais partir.
Je tente désespérément de croire en un bonheur instantané, celui qui nous fait vibrer, sourire et avancer mais je recule encore. Malgrè cela je suis satisfaite, j'accepte chaque moment avec plaisir et engouement sans toutefois plonger dans cet état second ou rien ne manque, car en réalité il me manque une chose : la certitude d'un bonheur irréversible. Ce bonheur parfait, cette euphorie qui participe à la maturité mentale, physique et spirituelle et qui jamais ne régresse…
Je voudrais être heureuse car je devrais l'être. Pouvez vous imaginer la frustration causée par un bonheur perpétuellement dénaturé par l'idée que ce même bonheur n'est pas réel puisque voué à disparaître.
L'idée même d'échouer dans mon avancée vers le bonheur est redoutable, je puise chaque jour la force d'y croire.
Je commence à comprendre ces personnes qui, effrayés par le malheur s'y réfugient.
Ceux là même qui plutôt que d'expérimenter un bonheur éphémère préfèrent être malheureux.
N'est il pas préférable de ne pas connaître le bonheur plutôt que d'y goûter et de craindre perpétuellement qu'il disparaisse.
Je vis ma part de bonheur, insatisfaite, dubitative et effrayée.
Je recherche la plénitude, cet attrait parfait que peuvent prendre les choses, cette fluidité constante et tellement appréciable, ces moments éternels et irrévocables.
Je cherche une jouissance spirituelle et quotidienne, un battement de cœur inébranlable, une éternelle satisfaction.
Néanmoins je suis consciente et ma quête bien que vaine n'est que la conséquence d'un inconscient insatisfait.
Persuadée de la non-existence de la perfection j'ose tout de même la côtoyer, je joue à croire en l'incroyable et tombe dans ma propre duperie.
Au risque de paraître contradictoire , j'aime la vie que je mène et je me complait à vivre de manière imparfaite.L'homme par nature ne peut être parfait au risque de se noyer dans un océan d'ennui.
L'excitation causée par le manque , le désir et la frustration constitue un substitut presque aussi nourrissant que la plénitude elle-même. Je ne conçoit guère une vie parfaite dont les moindres volontés seraient assouvies , je joue encore , je crée ma propre frustration et j'ose défier l'imperfection, celle qui ne peut que me satisfaire
à 12:52