J’ai trop bu pour prendre le volant. Nous suivons sa mère qui nous amène à la chambre d’amis et nous nous y installons. Celle qu’avait Laurie avant de parti de chez ses parents sert aujourd’hui de buanderie. Je la connais assez pour savoir que si à chaque fois elle demande si nous pouvons dormir dans sa chambre, c’est qu’elle regrette l’aménagement décidé par ses parents. Je me permets de lui en faire la remarque.
_ Ah mon avis si tu espères dormir dans ta chambre la prochaine fois, il faudra que tu leur demandes.
_ Ils le savent très bien. Mais ils s’en foutent...
_ Je suis peut-être bien d’accord... Mais je ne crois pas qu’ils ont compris que tu préfèrerai ta chambre lorsque tu viens ici… S’il l’avait compris je suis certain qu’ils se seraient pliés en quatre pour que tu y sois déjà…
_ Tu as une estime de mes parents qui me fait bien plaisir… Mais je ne crois pas qu’ils soient prêts à tout pour moi.
Je lui souris. En me levant pour la rejoindre à la fenêtre je prends sur le lit un clope dans son paquet. Je passe mes bras autour de sa taille.
_ Si tu leur demande, je suis sûr et certain que d’ici moins de trois mois on dort ici lorsqu’on vient.
_ Pas si sûr… Mais imagine un peu que je leur demande cela mon chéri, on va devoir rester dormir ici à chaque fois qu’on viendra. Tu voudrais ça ?
_ C’est ce qui se passe à chaque fois. Alors de toute façon…
_ … quant à ce que je me fasse chier, autant que toi Laurie tu sois contente… ... C’est cela que tu voulais dire ?
_ Non... je n’avais aucune idée de ce que j’allais dire, ai-je plaisanté. Mais tu as très bien trouvé pour moi !
J'ai de plus en plus souvent du mal à terminer mes phrases. Heureusement qu'elle a appris à lire en pointillé entre mes paroles.
Elle pose sa tête contre mon épaule. Elle me fixe sans dire un mot. Un ange passe, sublime envolée silencieuse comme un battement de paupière, souffle apaisant durant lequel tout l'admiration que je puis donner est pour son visage si paisible, la douceur de ses joues, la vue de ses yeux mi-clos, ses cheveux tombant sur le pull qui enserre son cou, et ses lèvres corail, délicieuses, que je viens embrasser délicatement.
