Je n'ai pas les mots...
J’avais fini par couper l’auto-radio. Tout simplement. Par ce geste je lui ai envoyé un signe. Mais je n’en eu pas conscience immédiatement. Notre discussion ne créait pas d’angoisse en moi jusque là. D’une certaine manière, elle était même très joyeuse. Elle fixait la route en souriant. Je la regardais conduire, plutôt attendri par sa proposition, son enthousiasme. Mais je me sentais moins serein soudainement. Même angoissé. Au tout début de l’angoisse.
Elle dû s’en rendre compte. Une lueur particulière a traversé son visage un instant, avant qu’elle ne reprenne un air tout à fait dégagé. Nous sommes entrée dans la cour, elle a garé la voiture là où elle la garait chaque fois, à côté de celle de son père. La lumière automatique de cette vieille ferme très chic s’était allumée comme pour nous souhaiter la bienvenue. Nous sommes resté un moment dans la voiture. Peut-être trente secondes, à nous demander si nous devions continuer cette discussion tout de suite, ou si ça pouvait attendre. Mais sa mère était déjà sortie pour nous accueillir, en chausson dans le froid, dans son état ce n’était pas très sérieux. Surtout avec seulement un gilet sur les épaules. Laurie m’a embrassé furtivement, dans un geste qui semblait vouloir me rassurer à tout prix, m’empêcher de sombrer dans une de ces angoisses dont avec le temps elle a fini par comprendre que je ne n’y pouvais tout simplement rien. « Tu réfléchis, a-t-elle dit, je ne te mets pas le couteau sous la gorge… Je sais que de toute façon tu prendras la bonne décision ».
à 21:52