Attention il arrive! Veste cintrée au niveau du nombril, ouverte bien sûr, sur un t-shirt griffé comme de bien entendu. Lunettes stylées accrochées au col. Il aimerait être bronzé mais non. Il aimerait que son beau pantalon très cher lui aille bien. Raté! Chaussures-chausson comme on fait maintenant, du genre petites Puma noires à bandes fluo. Sur d'autre ça le fait. Mais sur lui c'est encore raté. Il a tout de la copie originale. Il a bien acheté comme dans le catalogue ambulant qui se balade dans la rue et attire les regards troublés sur son passage. Il a tout comme lui. Copie parfaite. Mais au bureau des vérification on le déclare "Copie certifiée non-conforme". Tout ça pour ça...
Lui non il a choisi un autre modèle. Au grand jeu de "Qui veut gagner un moi tout fait", il a choisi le bobo parisien. Comme beaucoup, Paris est pour lui l'eldorado des célibataires. Il a pas les moyens mais tant pis, il va contribuer à faire flamber les loyers et dégotte l'appart. Il aime pas trop les bobos, mais c'est normal, on déteste souvent ce qu'on admire. Ce qu'on voudrait être et qu'on est pas. Son truc pour être bobo c'est l'art contemporain. Il apprend les trucs par coeur avant d'aller aux "manifestation artistiques". Il regarde sur internet ce que dit ce cela. De cet autre machin. Il apprend la bio des artistes qui seront présent. Pas de tous, parfois il n'a pas le temps. Pas grave, il viendra en faisant celui qui a déjà choisi, qui aime déjà cet artiste. "Non moi R. L. à mon sens manque encore d'oeuvres majeur pour arriver au niveau de ST. D'ailleurs je suis venu pour S. T., sa déconstruction, toute artificielle qu'elle soit, des artificialtiés du monde qui nous entoure et nous opresse, est un thème qui m'est cher dans la création. Je trouve pas ailleurs que cela est trop rare dans de tels manifestation qu'une telle place soit accordé à ces artistes orientaux baigné de culture latino". Diantre! Son interlocutrice s'en fou. Elle avait acheté Libé, elle le savait déjà. Elle s'excuse. Il est repéré. Dire qu'il avait investi dans la panoplie du bobo. Qu'est-ce qui lui manque pour être certifié conforme à lui? Un peu d'authenticité dans sa démarche peut-être...
Jeans assez cher qu'il a troué lui même. Chemise avec un troue de cigarette. Etre accépté nécessite des investissement. Il a détruit sa garde robe pour cela. Il veut être un autre. Comme tout le monde. Il coupe les manches du pull tricoté avec amour pas sa café-grand-mère. Bienvenu dans le monde de ceux qui en ont rien à foutre. Il les reconnait à leurs vêtements. Son ex aimait ce genre de mec un peu grunge genre Curt Cobain, mais propre quand même, et qui font ingénieur sans jamais risque la dépression. Il est content il s'en fait des amis. Mais pas de bol. Ils sont tous comme lui. Il n'y en a pas un vrai. Il a tout fait pour rien. Tout cela ne lui permettra pas de changer. Il ne voulait pas ressembler à ses parents ouvriers qui se prenaient pour des bourgeois. Mais il leur ressemble, lui aussi avec le badge "copie certifiée non-conforme".
Lui sont truc c'est la consommation d'idées politiques depuis qu'il a cru comprendre qu'il fallait en avoir. Il trouve que ça fait bien, que c'est une bonne raison pour rentrer dans le ventre de quelqu'un parce qu'il n'a pas ses idées. En fait parce qu'il ne lui revient pas au premier abord. Lorsqu'il fréquentait des gesn de droite il était le gauchiste de service. Ils disaient "le stal". Ils disaient : "Celui qui veut remonter le mur de Berlin". A froce de les saouler il aurait pu en faire des gens de gauche. Il aurait été bien emmerdé. Mais au lieu de cela ils l'ont perdu de vue comme on dit. Alors il s'est retrouvé à fréquenter des gesn rencontré avec eux. Des gens de gauche. Qui l'ont apprécié pour ses idées. Mais il en avait pas. Comme toutes les copies certifiées non-conformes. Alors il a changé de crèmerie en gardant ces nouveaux amis. Et il est devenu d'extrême droite. Avant il détestait les riches et les capitalistes, il voulait abolir l'argent. Après il aimait plus les pauvres. Ces cons qu'il avait défendu sans coeur et qui ne lui avait jamais rendu, ne s'étaient jamais raliés à son panache blanc. Il ne sera pas Empereur. Il restera copie certifiée non-conforme.
Celui qui voudrait être un autre. Celui qui voudrait faire croire qu'il vaut l'autre qu'il admire. Celui qui n'a rien à dire et dit ce que disent les autres. Celui qui ne pense pas. Celui qui n'est jamais seul mais avec un personnage. Celui qui croit qu'il est une nécessité à tel instant de suivre un courant d'air, se sortir une fille à 15 ans, en baiser une à 17, en chercher une à épouser à partir de 19, en époser une à 23, lui faire un enfant à 26... La paire de Nike, puis le livre de Beigbeider, la voiture, le travail "important", la maison Ikéa... Ou autre chose. Une autre copie certifiée non-conforme. N'importe laquelle fera l'affaire. Ne pas être. Ressembler. Et tout cela en se répétant comme dans la dernière pub : "Innover!".