Fumer. Déjà un comportement à risque... Boire le quatrième café de la journée. Attention monsieur, vous commencez à dépasser les doses! Pensez à vous modérer. Un téléphone cellulaire qui sonne... second risque de cancer? Et de trois comportement à risque. Hésiter à répondre à son ex. Tenté pour une quatrième façon de malmener sa santé? Jusque là je n'avais jamais répondu. Je regardais son prénom s'afficher "Appelle d'Angélique". Paresse de décrocher. Refus d'affronter cela, des banalités à échanger. "Et toi ça va? - Merci ça va - Et le travail?". Pas envi pas osé. Pas osé pas envi. J'écoutais la sonnerie sonner et je ne répondais pas. Des bip-bips dans la minute qui suit. Un tour sur la messagerie, je ne prenais pas la peine d'écouter. Touche 3. "Gling!! Message supprimé - Merci ma vieille!". Mais aujourd'hui je n'en suis plus à un risque près. Je décroche.
Elle a une voix mal assurée. "J'ai du mal à t'avoir" dit-elle. J'explique que mon téléphone a des problèmes, que je ne reprendrai plus cette marque. "En tout cas je suis contente de te parler". Je ne réponds pas. Qu'ai-je à dire? "Tu m'a quitté c'est fini, je préfère ne plus te parler." Avant elle je gardais souvent mes ex comme amies. La plupart de mes amies sont d'ailleurs aujourd'hui des ex petites amies. Il n'y a qu'une règle à respecter : ne jamais le dire à une nouvelle petite amie, sinon c'est fini pour sortir. Et ne parlons pas des risques qu'elles se parlent. Donc, ne jamais le dire. Angélique aussi j'aimerais que nous puissions un jour nous voir en bons camarades. Non, ce genre de choses ne me fait pas souffrir. Mais là je préfère ne plus lui parler durant un temps. Je ne veux pas entendre parler de son nouveau copain. Elle avait dit : "Appelle si ça ne va pas". Mais passé quarante-huit heures un peu dur sans appeler, la suite coula comme de l'eau de source. J'allais très bien. Nul besoin de décrocher le téléphone. Et j'aurai dit quoi? "Non c'est bon en deux jours tout s'est arrangé, j'ai retrouvé mes repères..." et puis quoi? Avouer que des comme elles j'en ai connu avant, des qui savaient pas ce qu'elle voulaient, que je m'y suis habitué et que pour ce genre de coups durs j'ai au fond de mon placard bien repassé une putain d'armure que je sors dès que le temps devient mauvais? Angélique je ne t'ai pas remplacée. Je ne t'ai pas oubliée. J'ai toujours envi de toi et ta charmante compagnie me manque. Mais je sais ne pas y penser. Ne surtout pas l'imaginer avec cet autre. Faire quatre-cent mètre de plus pour me rendre au tabac acheter mes clopes.
Angélique tu vois je t'ai pas appelé, je n'en avais pas envi, je n'en avais même pas l'envie. Est-ce parce que cela te fait chier que je puisse me passer de toi que tu me rappelles?
_ Tu ne viens même plus acheter tes clopes... Tu as arrêté de fumer?
_ Non.
_ Tu m'évites?
_ Oui.
_ Alors tu fais un trait comme ça?
_ Pourquoi pas?
Elle murmure un truc dans le combinet. Je crois avoir très bien compris, mais je lui demande de répéter.
_ Tu me manques, dit-elle un peu plus fort.
_ Qui est-ce qui te manque?
_ Toi.
_ Moi avant qu'on soit ensemble ou après?
_ Toi. Et nous.
_ Tu es où là?
_ Chez moi...
_ Et lui?
_ C'est fini.
_ Il t'a quitté?
_ Non c'est moi. Je me suis rendu compte que je ne l'aimais pas. C'est un con...
_ Dommage pour moi que tu ne t'en sois pas rendue compte avant.
_ Je sais. Surtout que c'est toi que j'aime...
Je me mords les lèvres. Je ne me suis pas trompé pour une fois. Décrocher ce téléphone était en effet dangereux pour ma santé.
_ Tu sais que tu ne me l'as jamais dit même lorsque nous étions ensemble?
_ Je sais. Mais je ne le savais pas.
J'allume une autre clope. "Ecoute je sais pas Angélique, rappelle demain".
_ J'aimerai qu'on reprenne comme avant...
_ Je ne sais pas... Je suis surpris... Je ne sais pas si c'est une super idée... Rappelle demain...
_ J'attendrai le temps qu'il faut... Je t'aime. Je te rappelle demain. Mais avant je te jure que ça n'arrivera plus.
_ Angélique j'aimerai te croire mais je n'y arrive pas.
_ Alors j'essayerai de te convaincre. Je passe demain soir après le travail. Tu me diras. Je te laisse je reprends le boulot. J'aurai aimé te voir ce soir...
_ Non ce n'est pas possible.
_ D'accord. Mais pour demain c'est d'accord?
_ Oui.
_ Je te l'aisse. Je t'embrasse.
_ Moi aussi.
_ Tu me manques. J'ai hâte d'être à demain... Je t'aime.
Joie immense au début. De savoir qu'elle n'est plus avec lui. Qu'elle veut revenir. Puis descente vertigineuse. Je ne crois pas que je pourrai recommencer comme si de rien n'était. Dois-je croire son "je t'aime"?. Je m'emporte dans une putain de colère. Je la maudis d'avoir fait cela.
à 17:41