mise en page par Génie

Solenne a fait psycho. Et elle est devenue psychologue. Elle aime Ikéa, les légumes, la tolérance, les parfums pour les salons, les chats, les animaux dans leur ensemble à l’exception des insectes, les décorations exotiques, Jack Lang et Jacques Chirac qui est un grand chef d’Etat. Elle déteste la fumée de cigarette, les personnes qui fument près d’elle, l’hypocrisie, le jus de raisin qui ressemble trop au vin, les mecs qui ne sont pas des hommes, les personnes qui attendent trop avant d’aller voir un psy, l’odeur qu’il y a chez les gens, les poils sur les hommes, les gens qui se croient dans le vent, les noctambules qui se la jouent, François Hollande, la politique, les gens qui parlent de politique. Elle se méfie des gens qui lisent les journaux, qui lisent des livres qui ne traitent pas de psychologie ou ne sont pas écrits pas Mary Higgins Clark, les mecs qui n’assument pas leur problème, les mecs qui veulent faire croire qu’ils ne sont pas machos.

Elle m’explique que le bonheur c’est simple, qu’il suffit de s’en persuader. Elle vient de le découvrir, il ne faut pas rester tourné vers le passé, la mémoire rend parfois l’existence difficile, il faut travailler à faire ses deuils pour aller de l’avant. Choisir des idées positives pour aller de l’avant, plutôt que de rester obnubilé par ses échecs. « Le bonheur c’est avant tout la force de persuasion d’un individu que l’on mesure… Avec ton regard triste tu fais peur. Je suis désolée, mais ce n’est rassurant pour aucune fille. Tu es fort, persuade toi que tu es heureux, tu verras ça ira mieux ! ». Je me permets un bémol : « Tu dis cela à tes patients ? ». « Non, me répond-elle, à eux je ne peux pas dire cela… ». Autant d’étude pour un tel résultat. Loïc approuve. Il raconte qu’il avait un pote comme moi à l’université. Je pourrais lui demander ce qui lui permet cette affirmation. Mais je ne veux pas rater la suite, je ne contredit pas son axiome puéril. Ses théories m’intéressent, même si je sais qu’elle vont me coûter, que lorsque je traverserai Paris en métro, aux alentours de minuit, et encore lorsque je sauterai dans mon TER, je regretterai de ne pas l’avoir remis à sa place une bonne fois pour toute. « Mon pote était bien plus sexy que moi. Bien mieux physiquement que moi. Mais il a jamais su s’occuper de lui. Il n’a jamais compris qu’il fallait se dissimuler, ne pas apparaître ce qu’on est réellement… Il ne touchait pas une fille. Alors que de mon côté je pouvais toucher tout ce qu’il désirait ». Je me retiens de lui demander si son pote est à présent plus heureux que lui. Surtout s’il est plus intéressant, plus profond. Et moins de mauvaise foi. Je ne demande pas. Il y a des gens qui aiment se raconter l’histoire d’un pote de fac qui était ainsi, cela leur permet de croire que leur choix de la bêtise, leur choix de se mentir à eux même quant à ce qu’ils sont, depuis des années, est le bon. Je ne veux pas démolir les croyance du futur époux d’une amie.  Même si celle-ci ne me connaît pas. « Vous vous êtes trouvés » dis-je. Rester à la surface des choses, se contenter de stéréotypes et d’axiomes bidons semblant tellement les réjouir…

« Tu es sexy, si tu y mettais du tien tu te trouverai une nana sans problème ! » ajoute Machin, qui décidemment me considère aujourd’hui comme un vrai copain. Trouver les mecs sexy, chez les types aujourd’hui c’est le dernier truc très chic. Peut-être cela fait-il « je n’ai pas de complexe avec les homosexuels, je suis un peu comme eux ». Dire que Machin a longtemps cru que j’étais « pédé ». Solenne me l’avait un jour raconté en gloussant : « Ouais, il ne comprend pas que tu ne m’ai jamais sauté dessus… ». « Toi tu en penses quoi ? » avais-je dit. « C’est vrai que c’est étrange… » avait-elle murmuré. Moi je n’ai jamais trouvé cela étrange voyez-vous. Et c’est cela qui explique que la relation homme femme à mon sens peut très bien rester purement amicale. J’ai une bite oui c’est vrai. Suis-je pour autant obligé d’en faire n’importe quoi ?