Le chat fait la carpette au bord de la marre aux canards. Edwige ferme les yeux en direction du soleil et je m’amuse à coiffer les brin d’herbes qui se trouvent entre mes pieds. Il n’y a rien à dire, il y a des gazouillis d’oiseaux dans les arbres, on les entend bien. Il y a si peu à dire. Si peu à écrire. Le ravissement d’un pique-nique dans un jardin, ça a sans doute du déjà faire de jolies lignes. Nul besoin d’en rajouter. Cela coule de source comme coulent les heures heureuses. Si simple.
Je marche sur le trottoir, je marche sur le bord, sur le rebord en pavé. Les rues sourient sous le soleil. Les gens ont des lunettes fumées. Les conducteurs de voiture ont abaissé le pare-soleil pour se protéger, certains roulent vitres baissés, ils montrent leur coudent pour leur faire prendre le soleil, peut-être sentir le vent entrer doucement dans la manche de leur T-shrit et se faufiler jusqu’à leur ventre en caressant leurs poils sous les bras. « Un mec sans poils, c’est comme un arbre qui n’a pas de feuille… Au printemps ça fait louche ! » observe malicieusement Edwige. Sa Panda turquoise, une sorte de friandise roulante, disparaît, après cette considération qui nous voit repartir chacun de notre côté avec de larges sourires.
Une bière au comptoir. Angélique a tombé le pull. Son petit haut moulant lui va à ravir. Je la regarde servir, vendre des billets de la Française des Jeux, tendre un paquet de Marlboro, ranger la monnaie dans le tiroir caisse mais je ne la voit pas vraiment. J’ai envi de la déshabiller, mettre ma tête entre ses deux seins et lui téter. Passer tout l’après-midi comme cela. J’en ai rien à foutre, ma bière peut bien se réchauffer. Sous son haut je voit son soutien-gorge qui la sert, et, puisque je suis un bon petit diable, je la soulagerai bien en venant le lui dégrafer.
Je n’ai rien dit. Pourtant elle semble avoir compris.
_ Ils arrivent encore à me surprendre, ai-je pour toute réponse à son regard.
_ Tu veux une autre bière ?
_ J’aurai plutôt envi de passer ma main sous le tissu…
Elle sourit. Part avec mon verre vide. Me le ramène rempli de liquide doré. Elle se penche sur le comptoir et murmure à mon oreille :
_ J’ai une pause d’ici une demi-heure… Attend moi à la terrasse…
Elle s’essuie avec du sopalain pendant que je lui remets son soutien gorge. Je vérifie à sa montre, je la presse un peu tout en lui repassant autour de son poignet. Elle pose sa tête contre mon épaule, soupire qu’elle ne veut pas y retourner, puis considère qu’elle n’est pas à cinq minutes près. Elle est au trois quart nue, mes mains parcourent sa peau. Mes mains glissent sur son corps. Mes doigts soulagent ses muscles. Je la sens prête à s’endormir. Elle s’enferme dans mes bras, sers sa poitrine contre moi, enroulent ses jambes autour des miennes. Elle ressemble à une chatte aux yeux fermés qui ne demandent qu’à s’allonger dans l’herbe au bord de la marre aux canards, et se faire caresser toute entière jusqu’au dernier des rayons du soleil de l’après-midi.
à 17:33