Il ne suffit pas d'avoir une boucle à l'oreille, une veste en cuir, ou encore laisser émaner un parfum que les plus de 19 ans ne peuvent pas porter, pour être taxé de clone de Bertrand Cantat.
Il faut avoir en soi, une boule de vie qui vous anime chaque seconde et qui vous porte au sommet d'un syst'aime dont il faut être capable de retomber, s'écrasant le visage et le coeur sur le plus dur des bitumes, sans l'avoir une seule seconde imaginer.
Je ne peux rester muette au texte que je viens de lire. Je ne peux plus contenir les mots qui m'animent et que le clavier emporte vers cet écran blanc capable de traverser terres et océans en moins d'une fraction de seconde.
L'insoutenable fragilité de l'être a été jeté en pâture aux hommes et femmes de cette drôle de planète qui continue à tourner, comme un derviche tourneur, sachant inéluctablement qu'il ne s'arrêtera que quand son corps sombrera dans un épuisement physique et que sa tête chavirera dans un enivrement proche du chaos.
Le monde a envahi nos êtres, portant jusqu'à nos plus petites cellules l'idée que la vie terrestre n'était faite que de cette misérable ritournelle : marche et crève.
Ne voyez-vous pas qu'au-dessus de nos têtes planent tous les corbeaux en proie à satisfaire leurs vils instincts de suffisance, d'opulence et de défiance ? Qu'au-dessous de nos pieds ne sont enterrés que des hommes morts. Qu'à côté de nous, n'avancent que des zombis fliqués, tracés, conditionnés.
Ne voyez-vous pas que quelques-uns ont pris la place du joueur de flûte entraînant tous les rats de la ville vers la rivière ?
Et que les rats, c'est nous ?
Ne souriez plus mais regardez ! demain sera pire qu'hier.
Non, ce jeune homme-là n'était pas un clone. Refusez cette idée. Elle contient en elle tous les maux de l'humanité et vient nourrir ce que nos joueurs de flûte visent dans leur ligne de mire comme des rouleaux compresseurs, sans âme ni coeur, morts-vivants du pouvoir sur humains.
Quand l'homme parfait sera enfin conçu, taille fine et cervelle étranglée, il sera cloné et distribué dans toutes les rues pour effacer d'un seul coup d'oeil toutes nos individualités.
Alors, vous sentirez couler en vous ce qu'il chantait : quand on n'a pas le choix, il nous reste le coeur. Mais il ne battra déjà plus.
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Anonyme
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Bonsoir,
Je me permets ( tout, je le sais ), après en avoir accusé lecture, de répondre ne partie et sans parti pris à votre texte de ce jour.
Je ne jetais pas l'opprobre sur l'homme publique qu'est Bertrand Cantat ( notez au passage, la date d'édition de ce texte avant cette désolante affaire ) qui avait le droit de pratiquer son art comme tout un chacun et que l'on pouvait priser ou non.
Je dois donc vous faire remarquer à regret que, malgré l'indéniable parfum de poésie presque suave qui émane de votre texte, vous vous trompez de lutte en chargeant mon pauvre laius peut-être innocent.
Toutefois, je ne m'avance pas trop en vous répondant que, à tant pouvoir nous parler de cet homme publique, vous en connaissez forcémment la facette privée. Si cela n'était pas le cas, vous tireriez des hypothèses à partir de faits publiques ( donc accessibles à tous ), faits qui, rappelons-le, doivent être sujets à caution, ne vous permettant pas ainsi de nous parler de cet homme que vous ne connaîtriez pas plus que moi.
Ceci étant évidemment conjugé au conditionnel ( assez mal je dois l'avouer, je m'essouffle ) vous n'y verrez ainsi aucune offense.
Mon humble texte avait ainsi pour but de mettre en exergue cette manie que tout un chacun à de parodier les attitudes des personnes publiques.
X. était un clone pour la simple et exaspérante raison que son apparence vestimentaire, son répertoire gestuel et sémantique ont déjà changés ( je l'ai croisé récemment à "la Villa", avenue de Friedland ) pour se vendre lui et son âme. Entendons nous bien Mademoiselle ( Mes excuses les plus véhémentes si il s'agit de Madame ), je ne critique pas ad hominem ce jeune homme duquel, après tout je ne partage pas le cercle de connaissance ( néanmoins, nous nous croisons de tant à autre ) et sûrement l'intimité, j'émettais la juste remarque que cet homme jeune se fourvoyait en reniant son apparence propre, ses idées, son individualité ( chose que vous aussi défendez avec vigueur ). A quoi sert de vouloir être un autre ?
Quant à votre métaphore filée qui fait référence au célèbre joueur de flûte de Hamelin ( in les comptes de Grimm ), il me semble y voir les reflets de vos noirs désirs et d'une insondable tristesse.
Je vous souhaite une bonne soirée et souhaite ne pas vous avoir blessée car telle n'était pas mon intention.
Serviteur,
Perceval
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à 17:52